Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Psychanalyse et animaux.

Vive Cavanna contre la fourrure. Pourquoi je l'aime.Charlie hebdo 26.10.2005.

31 Octobre 2005, 23:00pm

Publié par Jo benchetrit

 

  C'est grâce à des gens comme lui que l'on a réussi à faire de la défense des bêtes autre chose  que de l'occupation de mémères à chien chien (dans l'esprit des gens). Encore que c'est pas gagné!
    Cavanna est un mec  génial. Et je l'aime à donf! Une vraie tendresse.
  Je maintiens que ces nanas (et ces mecs, il est vrai) qui portent fourrure méritent toutes les injures du monde.

Je sais qu'il souffre quand il écrit ces mots, parce qu'il ne supporte pas cette violence faite à l'innocent, à l'enfant, au faible, donc à l'animal, comme j'en souffre aussi. Il ne peut admettre que les salauds aient le pouvoir. il ne peut voir ceux qui ont une lèpre de l'âme s'en donner à coeur joie en tabassant, en ecorchant vif...toutes ces images de cauchemar qui nous viennent des pays en dessous de tout pour venir ensuite fournir notre pays guère mieux mais plus hypocrite.

Entre un franc pourri et un Tartuffe dégueu, mon coeur ne balance pas: tous à la mer!

Nous faisons souffrance commune et ça crée des liens très forts.


            " On croyait avoir gagné la bataille. Plus modestement, une bataille.
            Cette
             bataille-là. Celle de la fourrure. Ça remonte à loin. Des années.
            Personne
         n'osait plus en porter. Oh, pas par amour des bêtes au poil
            somptueux, même
              pas par pitié. Par trouille.
              Il y avait eu l'époque des commandos. Qui traquaient la salope en
            renard ou
              en vison. Les filles qui s'enfermaient dans l'ascenseur avec la
            poufiasse
            fière de son chinchilla (j'écris « chinchilla », je ne sais même
            pas si
              c'est une fourrure chère, enfin, mettons) et lui déversaient un
            demi-litre
            d'encre de Chine, ou de Javel, ou carrément d'acide sur
            l'ondulante toison,
              et puis s'esbignaient à l'étage, laissant hurler la rombière. Il y
            avait eu
            les manifs, les boutiques de fourreurs saccagées. Il y avait eu
            nous,
              Charlie Hebdo, Paule l'enragée en tête. Bref, la fourrure avait
            reculé.
              Disparu, pour ainsi dire. On était bien contents.
              
             
              Ça ne pouvait pas durer. Les générations de connes succèdent aux
            générations
             de connes. Et tout est à recommencer. Les couturiers et tous ceux
            qui
           peuvent se faire du fric autour du martyre des bêtes ont fait ce
            qu'il
            fallait. La fourrure est tendance, la fourrure revient en force,
            c'est
             l'invasion massive, irrésistible.
              Ce ne sont plus seulement les toisons prestigieuses, les
            traditionnels
            visons, les zibelines rarissimes, cadeaux de gros cons friqués à
            petites
             connes ambitieuses, qui font le gros du trafic, mais, figurez-
            vous, les
              peaux des chats et des chiens. Très mode, très très.
              En zappant comme je zappe, je tombe l'autre jour -ne me demandez
            pas quelle
          chaîne, j'ai coupé le jus avant la fin et je me suis sauvé- sur
            l'horreur
           des horreurs. Un film pris en douce par un amateur, je suppose. Un
            élevage
             de chats. Plutôt, un endroit où l'on entreposait des chats volés.
            Des
             centaines. Ah, oui : en Chine. Des ouvriers chinois massacraient
            les chats.
             Rationnellement. Les attrapaient par les pattes de derrière, les
            élevaient
            haut en l'air et puis les abattaient, hargne donc, de toutes leurs
            forces
             sur une espèce de billot. De vrais pros. Le chat hurlait, se
            débattait, la
           sale bête, il fallait cogner encore, et encore, il n'en finissait
            pas de
          crever. D'ailleurs, on ne le contrariait pas. Tu ne veux pas
            clamser ? M'en
           fous, pourvu que tu te tiennes peinard. Et en effet, le chat,
            assommé mais
           vivant, gigotant vaguement, était sur-le-champ ouvert du haut en
            bas par le
            spécialiste, un autre, pas le même, débarrassé de sa peau en trois
            coups de
            couteau, la peau mise à sécher et le chat jeté tout palpitant dans
            une
            espèce de poubelle à roulettes où miaulait une masse sanguinolente
            et bien
           tassée de chats sans peau.
              Finalement, ce n'était peut-être pas une prise de vues
            clandestines. Car on
        nous montrait complaisamment toutes les étapes du traitement des
            peaux
            jusqu'à leur finale expédition pour l'Europe. Le massacre n'était
            qu'une des
           étapes de l'opération, présentée avec la même indifférence, le
            même intérêt
          technique que les autres. Les Chinois ont beaucoup à apprendre
            quant à la
          sensiblerie occidentale. Ce film, qui se veut peut-être de
            propagande, leur
        fait du tort. Tant pis pour leurs gueules.
             Je voudrais qu'il soit projeté dans tous les coins pourris où des
            bonnes
       femmes s'affublent de ces peaux volées. Qu'elles touchent du doigt
            ce que
           c'est que la prestigieuse industrie de la fourrure, ce qui se
            passe avant
              que le grand couturier la drape sur les corps de ses déesses.
              Oui, je me bourre le mou. Elles le savent, tout ça, ou s'en
            doutent. Elles
             ne veulent pas le savoir. On leur racontera que ce que j'ai vu là
            est
            exceptionnel, des bandits, des clandestins, qu'en vrai tout se
            passe en
       douceur, le chat s'endort tranquille, on a fait ce qu'il faut, il
            est
           heureux de donner sa peau pour que Paris soit toujours Paris. Et
            elles
         marcheront, elles ont tellement envie. Toutes le copines ont de la
            fourrure
          de chat -on ne dira pas ça comme ça, les gars du marketing auront
            trouvé un
            mot chic, un mot mode- je ne vais pas être la seule à m'en
            passer ! J'aurais
          bonne mine tiens !
            Ah, oui : les chiens. Pareil. En Chine, toujours. Cinq ou six gros
            lascars
            en train d'éclater les crânes sur des billots, sur le pavé, à tour
            de bras,
          cadences infernales, doivent pas être payés gras. Qu'ils crèvent !
              Attendez-vous donc à voir rappliquer, je ne sais trop sous quelle
            forme, une
            marée d'accessoires vestimentaires à base de fourrure de chats et
            de chiens
            dans l'hiver qui vient. Savez-vous quoi ? Ils les font passer pour
            du
             synthétique ! Ce qui tendrait à suggérer qu'en Chine la peau des
            chiens et
            des chats, malgré les manipulations, revient beaucoup moins cher
            que le
            Nylon ou les acryliques !
              Jusqu'ici, les massacreurs de chats, chez nous, étaient des voyous
            ruraux
            qui fournissaient certaines officines fabriquant des sous-
            vêtements en peau
        de matou pour tenir au chaud les rhumatismes des vieux cons à
            rhumatismes.
        Activité d'ailleurs réprimée par la loi. Les Chinois, qui sont un
            grand
     peuple travailleur et industrieux, ont élevé la chose aux
            dimensions d'une
          entreprise nationale.
            > Je retire de tout ça l'impression débilitante que cet incessant
            combat
            > contre la souffrance animale, que ces efforts sans cesse et sans
            cesse
            > recommencés en faveur du respect de la vie, de toute vie, qui sont
            déjà si
            > décevants quand on s'adresse à des peuples dits « évolués », se
            heurtent,
             hors de ce cercle restreint, à un formidable mur d'indifférence,
            pour ne pas
            dire de sadisme. L'Asie est terrifiante. Ne parlons pas de
            l'Afrique.
              Oui, bon. Il y a du boulot. Les filles, à vos bouteilles d'encre !
            Les gars,
            refusez votre coït à toute merdeuse portant fourrure !"
            
François CAVANNA - Charlie Hebdo du mercredi 26 octobre 2005
            

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6