Un scandale ignoré: les apprentis bouchers. corrida. Un texte de J.P.Richier.
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Nous sommes tous les témoins passifs d'une barbarie sans cesse renouvelée.
[ Günter Grass ]
Extrait du discours In Praise of Yasar Kemal
On ne badine pas avec l'abject, on le met hors d'état de nuire.
Ainsi, Vidal Naquet déconseillait de tenter de convaincre des negationnistes. j'en ai perdu, des jours, à le faire en vain car chaque argument était non l'occasion d'un dialogue mais de faire rebondir le revisionniste Daneel qui continuait à s'en servir comme tremplin à sa manipulation.
PS=L’historien Pierre Vidal-Naquet a été l’un des premiers à considérer que, face aux thèses des négationnistes, exposées à la fin des années 70, il convenait, sans débattre avec eux, d’allumer des contre-feux. Tel était l’objectif assigné aux « Assassins de la mémoire » [1], ouvrage publié en 1987, dans lequel il démontait les thèses des négationnistes de la Shoah.
Ce post a le merite d'allumer un contre-feu. Bravo à celui qui l'a ecrit. Ces séances de torture me révulsent. c'est pire qu'un film d'horreur. Quand je pense que tout ceci se passe en France, en 2010...alors que depuis des siècles à présent on lutte contre ça. Il ya de quoi se décourager de nos batailles limitées à des idées.Nous ne pourrons jamais convaincre un barbare ne plus l'être autrement que par la sanction. -
Notre pays n'est évidemment pas civilisé. Nos politiques sont des aficionados en majorité. Toute torture animale est banalisée, depuis le foie gras, etc. Mais rien n'est égal aux corridas car là, l'horreur n'est pas masquée. Et les gens s'en foutent aussi. D'ailleurs je dis des bêtises, les gens plongent bien des homards et autres animaux vivants dans de l'eau ou huile bouillante, non? ce qui manque à l'humain, c'est au delà de la morale inaccessible à la plupart, la sanction de la honte.
Et ils ont l'air bien gentil avec nous, avec leurs injures condescendantes à la Klein, mais si un jour, on réagit enfin de manière à peine plus voyante, efficace, on se retrouvera dans leurs prisons, comme en Angleterre et en Autriche.
Oui, nous sommes dans un pays occupé. Mais pas occupé par les étrangers, entre les mains de gens soumis à leur indigne jouissance bestiale. il faudrait trouver enfin moyen de dire stop à la cruauté soit-disant legale.Le texte, et le lien:
Apprentis bouchers à l'arène
http://www.lepost.fr/article/2010/12/18/2345449_apprentis-bouchers-a-l-arene.html
(Photo Jérome Lescure)
Le compte-rendu de la finale d'un concours d'apprentis toreros dans la région de Nîmes, en octobre dernier, fait s'interroger sur les pratiques d'entraînement. À condition de décrypter le jargon des aficionados, les passionnés de corrida.
Une corrida "normale" est un spectacle pénible pour quiconque est un tant soit peu attentif au sort des animaux.
De plus, les corridas dont la mise à mort est "réussie", c'est-à-dire où le coup d'épée, l'estocade, entraîne une mort assez rapide de l'animal, constituent l'exception plutôt que la règle.
Mais il y a aussi tous les entraînements des apprentis toreros, où des enfants ou des adolescents (ou d'ailleurs des adultes) s'exercent à manier l'arme blanche sur des taurillons pouvant avoir à peine plus d'un an. Ces entraînements sont en règle strictement privés, on devine pourquoi. En ce qui concerne les enfants et les adolescents, ils ont lieu dans le cadre des écoles taurines.
Cependant, il existe des manifestations publiques permettant de se rendre compte des dégâts. Nous allons prendre ici un exemple très simple : il s'agit de la finale du concours "Graines de toreros", organisé par Nîmes Métropole depuis 2004, de mai à octobre, dans 17 communes de l'agglomération nîmoise. Pour un budget dépassant soit dit en passant 400 000 euros.
Il ne s'agit donc pas d'un entraînement quelconque, mais d'une finale rassemblant les meilleurs élèves des écoles taurines. Cette année, le 9 octobre dernier, il y avait un élève de l'école taurine d'Almeria, en Espagne, et deux élèves de l'école taurine de Nîmes. Malheureusement, allez savoir pourquoi, on ne trouve guère sur le web d'extraits vidéo de cette manifestation. Nous allons donc tout simplement nous fier au compte-rendu d'un chroniqueur amateur sur son blog : http://www.tardesdetoros.com/2010/10/13/saint-gilles-finale-de-graines-de-torero/.
Bien entendu, l'auteur s'exprime dans le jargon hispanisant dont se gargarisent les aficionados, peu compréhensible pour un citoyen normal. Nous allons donc en faire la traduction.
Cette finale était une "novillada sans picador", c'est-à-dire avec banderilles et mise à mort, mais sans préalablement les picadors à cheval. Les taurillons étaient âgés de moins de deux ans ("erales"). Les trois "novilleros", qui devaient tuer chacun deux taurillons, étaient âgés de 17 ou 18 ans.
Accrochez-vous !
Premier finaliste (Carlos Ojeda) :
1er taurillon :
« Catastrophique acier en main en douze tentatives, six essais au verdugo et le troisième avis fatidique renvoya le bicho en chiquero. »
Traduction :
Douze tentatives de mise à mort catastrophiques, six tentatives de mettre le taureau à terre en lui plantant une épée spéciale en haut de la nuque, puis, le temps réglementaire du troisième tercio (quinze minutes) étant dépassé, le taurillon fut replacé dans sa cellule attenante à la piste (avec donc ses banderilles et ses multiples blessures).
2ème taurillon :
« L’animal, suite à un faux mouvement, se rendit inutilisable et fut renvoyé en chiquero. »
Traduction :
Le taurillon était tellement stressé qu'il s'est tordu ou déplacé quelque chose en s'agitant, on a dû le remettre dans sa cellule. On notera le terme "inutilisable" sous la plume de cet amateur de corrida, qui bien entendu protestera à la première occasion de son "respect" du "toro bravo"...
3ème taurillon (en remplacement du 2ème) :
« Passons sur la lame sous-cutanée et les deux coups de rapière bien latéraux. »
Traduction :
Un coup d'épée s'est enfoncé sous la peau, deux autres étaient trop sur le côté.
Deuxième finaliste (Alejandro Rubio)
1er taurillon :
« Bajonazo après deux pinchazos. »
Traduction :
Épée enfoncée trop près du cou, après deux coups d'épée qui n'ont pas pénétré (= ont heurté des os).
2ème taurillon :
«trois entrées a matar, une douzaine de descabellos suivie de deux nouvelles entrées a matar et sonne le troisième avis. Novillo puntillé cette fois depuis la barrière. »
Traduction :
Trois tentatives de mise à mort à l'épée, puis une douzaine de tentatives de mettre le taureau à terre en lui plantant une épée spéciale en haut de la nuque. Puis trois nouvelles tentatives de mise à mort. Puis, les quinze minutes règlementaires du dernier tercio étant dépassées, un assistant a abattu le taurillon par des coups de poignard dans la nuque, à partir de la barrière qui entoure la piste.
Troisième finaliste (Maxime Curto)
1er taurillon :
« Entière contraire après trois pinchazos. »
Traduction :
Estocade après trois coups d'épée n'ayant pas pénétré.
2ème taurillon :
« On aurait aimé que le jeune homme s’engage à la mort pour mettre un point final honorable à sa prestation. Il n’en fut hélas rien. Pinchazo, golletazo, entière tendida, puis demi-lame latérale suivie d’une dizaine de descabellos, l’eral luttant longtemps avant de succomber. »
Traduction :
Mise à mort ratée et laborieuse. Coup d'épée ne pénétrant pas, coup d'épée dans le cou, épée enfoncée trop horizontalement, puis épée enfoncée à moitié sur le côté, puis une dizaine de tentatives de faire tomber le taurillon en plantant une épée spéciale en haut de la nuque, longue agonie du taurillon avant la mort.
Et dans la conclusion :
« La présidence du jour fut très indulgente sur la montre, car au moins quatre des Fernay auraient dû retourner en chiquero après les trois avis. »
Traduction :
Quatre taurillons n'ont pas été tués dans les temps, et auraient dus en principe être ramenés dans leurs cellules attenantes à la piste (avec donc leurs banderilles et leurs blessures).
Nous passerons sur les accidents frôlés par les deux élèves de l'école taurine de Nîmes. Pour Alejandro Rubio (17 ans), le premier taurillon « finit par le cueillir et l’envoyer en l’air » (pas besoin de traduction), puis le deuxième lui fit subir une « voltereta » (c'est-à-dire la même chose). Et Maxime Curto (18 ans) « finit par tomber devant le bicho [le taurillon] qui le chargea au sol, heureusement sans mal. » Un autre chroniqueur souligne : « on a frôlé le drame à plusieurs reprises et même à chaque instant. »
Remercions donc pour cette manifestation édifiante Nîmes (bombardée Ville Amie des Enfants par l'UNICEF), son école taurine ("Centre de Tauromachie de Nîmes") qui accueille les enfants sans limite inférieure d'âge, et son concours "Graines de Torero". Si une finale rassemblant les élèves les plus âgés et les meilleurs ressemble à ça, on a une idée de ce que peut être l'entraînement dans une école taurine !...
Rappelons qu'il existe actuellement en France 4 écoles incluant la tauromachie espagnole : Nîmes (Gard) depuis 1984, Arles (Bouches-du-Rhône) depuis 1988, Béziers (Hérault) depuis 2003, et Cauna (Landes) depuis 2006. Bien entendu dûment subventionnées par les contribuables.