Freud , l'homme et les animaux: une longue citation qui en dit...long.
Freud et son chowchow( chow signifie manger en chinois! helas.)
Puisque nous avons Freud comme inventeur de la psychanalyse, pourquoi ne pas en profiter pour le citer là où nous ne ferions que le parapharaser ?
Ainsi, dans un article, qu’il reprendra dans ses nouvelles conférences sur la psychanalyse, Sigmund Freud, “ Une difficulté de la psychanalyse ” (1917)[1] :
« b) L'homme s'éleva, au cours de son évolution culturelle, au rôle de seigneur sur
ses semblables de race animale. Mais, non content de cette prédominance, il se mit à
creuser un abîme entre eux et lui-même. Il leur refusa la raison et s'octroya une âme
immortelle, se targua d'une descendance divine qui lui permettait de déchirer tout lien
de solidarité avec le monde animal. Cette présomption, ce qui est curieux, reste enco-
re étrangère au petit enfant comme à l'homme primitif. Elle est le résultat d'une
évolution ultérieure, à visées plus ambitieuses. L'homme primitif, au stade du toté-
misme, ne trouvait nullement choquant de faire descendre son clan d'un ancêtre
animal. Le mythe, qui contient le résidu de cette antique façon de penser, fait prendre
aux dieux des corps d'animaux, et l'art des temps primitifs donne aux dieux des têtes
d'animaux. L'enfant ne ressent aucune différence entre son propre être et celui de
l'animal ; c'est sans étonnement qu'il trouve dans les contes des animaux pensants,
parlants ; il déplace un affect de peur inspiré par son père sur le chien ou sur le
cheval, sans avoir en cela l'intention de ravaler son père. C'est seulement après avoir
grandi qu'il se sera suffisamment éloigné de l'animal pour pouvoir injurier l'homme
en lui donnant des noms de bêtes.
Nous savons tous que les travaux de Charles Darwin, de ses collaborateurs et de
ses prédécesseurs, ont mis fin à cette prétention de l'homme voici à peine un peu plus
d'un demi-siècle. L'homme n'est rien d'autre, n'est rien de mieux que l'animal, il est
lui-même issu de la série animale, il est apparenté de plus près à certaines espèces, à
d'autres de plus loin. Ses conquêtes extérieures ne sont pas parvenues à effacer les
témoignages de cette équivalence qui se manifestent tant dans la conformation de son
corps que dans ses dispositions psychiques. C'est là cependant la seconde humiliation
du narcissisme humain : l'humiliation biologique. »
[1] “ Une difficulté de la psychanalyse ”. Texte originalement publié en 1917.
Traduit de l’Allemand par Marie Bonaparte et Mme E. Marty, 1933. L’article
est publié dans l’ouvrage intitulé : Essais de psychanalyse appliquée. Paris :
Éditions Gallimard, 1933. Réimpression, 1971. Collection Idées, nrf, n˚ 263, 254
pages. (pp. 137 à 147).