L' affaire Charlie Hebdo. Un éclairage psychanalytique de la haine de l'autre et du manque d'humour qui va avec.
Je réponds là à une newsletter musulmane* très croyante que j'ai reçu après avoir défendu Charlie Hebdo auprès d'un musulman convaincu (islamiste ou juste musulman??? J'en sais rien) sur la liste VG-fr..
Bonjour,
- 28 septembre 2004 : une séance de dédicace de l'écrivain Alain Soral dans une librairie parisienne est attaquée par un groupe de 20 à 30 personnes, faisant six blessés et des dégâts matériels76. Ces agresseurs appartiendraient à la Ligue de défense juive ou au Betar selon l'Observatoire du communautarisme77. L’agression a été condamnée par le Maire de Paris, Bertrand Delanoë78. La LDJ a démenti toute implication[réf. nécessaire].
7. Le principe de liberté est exercé par Charlie à géométrie variable, chacun ayant en mémoire l’affaire Siné." ...
Ha! Enfin! la bête immonde se dévoile!
et:
"J’admets bien volontiers que les dirigeants de Charlie ne sont pas islamophobes. Mais ce ne sont pas non plus de preux chevaliers de la liberté. Ce sont tout simplement des faux-culs opportunistes, qui ont voulu faire un coup et doper leurs ventes en jouant sur la peur (vas-y coco la menace islamiste c’est vendeur), au moment où le journal était en difficulté(*), sans tenir compte du coût social de leur coup médiatique."
ps: de plus le contexte est important pour un canard d'information, ce qu'est Charlie. et le contexte c'est le printemps arabe porteur de l’espoir de la liberté des peuples de pays arabes, et la réalité qui s’en suit comme les élections en Tunisie, dont les résultats tiennent plus de l’automne de la libération.
« Je veux être libre » disaient déjà des militants de Mai 68, en offrant leurs poignets aux menottes du PC ou des maoïstes.
La peur de la liberté est bien plus forte que son désir.
Peu d'hommes vont jusqu'au bout garder leurs chaînes brisées et changent juste de maître, en troquant un par un autre parfois pire.
Que voulez vous, nul n'est à l'abri de la névrose, de la bêtise, de la frilosité et aussi des partis de la haine. Le seul progrès humain, sa seule libération réside dans la liberté au sens éthique du terme: celle qui n'existe qu'en respectant l'autre, qu’il soit humain ou pas.
Tout le reste n'a aucun impact, et peut au contraire, faire régresser l'esprit humain et le refaire plonger là où une sorte de loi de la pesanteur semble vouloir le ramener à chaque fois qu'il croit se libérer : vers la barbarie des pulsions infantiles. On a vu ça en France quand Robespierre a remplacé Louis XVI.
Pour ma part, je pense que les religions sont pour l'homme souvent une consolation, une sorte d'épaule sur laquelle appuyer sa tête quand tout va mal. Mais peut le plus souvent pousser au crime surtout si on la pousse à l’extrême , là où le mot n'est pas encore un signifiant mais un réel qui mène à la dictature et à la haine de ceux qui ne le prenne pas au mot:
C’est ainsi que je dirais comme les anars de ma jeunesse: "Ni Dieu, ni maître"... donc ni haine des autres, ni passion amoureuse pour les "comme soi" auquel on s'identifie comme on s'identifie tous ensemble à son leader! A bas la colle des entre soi!
Plaidons pour ce qui sauvera le monde et au passage l'humain: l'âge adulte, enfin!...Pour y arriver, pas la circoncision, la castration symbolique, c'est à dire le tout n'est pas permis aux hommes pour leur jouissance.
J’entends à la télé ceci, dans l'émission des chrétiens orientaux: les agressions contre les chrétiens en Egypte existent depuis des lustres mais dont on parle plus à présent semblent se multiplier depuis le printemps égyptien.
Le beau film "Des hommes et des dieux" nous montre de manière poignante la haine de l'autre religion qui mène à l'assassinat par des extrémistes islamistes de gens pacifiques, des moines qui, pourtant , avaient épousé la cause des musulmans algériens dont ils étaient une aide généreuse, tolérante et précieuse. J'ai d'autant plus aimé qu'il y a mon chouchou, le charismatique Michael Lonsdale.
Comme tout cela est triste, déprimant ! Le seul progrès est de se réveiller.
Les religions sont toujours « l'opium des peuples » (Marx). Et sous opium, les hommes peuvent perdre leurs têtes. C'est ce qui semble arriver en Egypte, selon une émission des chrétiens orientaux sur France de musulmans contre des chrétiens qui ont peur. Il y avait déjà eu selon lui une bombe dans une église. C'était sous Moubarak, 21 personnes en sont mortes. Et comme dit ce copte, le droit de choisir sa religion, y compris sa non-croyance, est un droit élémentaire de l'homme. Ceux qui soutiennent l’inverse font régresser notre espèce qui, pourtant , n'a pas besoin de ça pour être plongé dans sa profonde méchanceté .
Le judaïsme a au moins une énorme qualité: il ne veut convertir personne. Le prosélytisme est étranger à cette religion. cette religion n’a pas de raison d’être plus vraie ou fausse que les autres. Mais la Bible a servi aux autres pour créer leurs propres livres, leur doxa. Puis celles-ci ont rejeté cette religion d’origine. Comme les fils ont trahi le père, l’origine, ils se mirent à prétendre avoir, eux la vérité vraie, et même en haïssant cette origine. Ça peut s’expliquer psychanalytiquement par l’assassinat du père de la horde primitive par ses enfants, mythe fondateur de l’humanité qu’évoque Freud dans Totem et Tabou.
Ce père est vécu comme un tyran. Celui qui profite de tous les biens et qui a monopolisé à son seul profit tout, y compris les femmes qu'il veut toutes. Il ne reste rien aux fils que de servir ce père indigne. Du coup, ils l’ont tué mais ensuite se sont identifiés à lui par incorporation. Lorsqu’un peuple veut tuer le père, comme dans l’antisémitisme, on en arrive à voir ce peuple régresser au stade préœdipien où tout est encore à refaire sur le mode barbare.
C’est ça la loi de la pesanteur de l’humain, le retour au stade de la perversion polymorphe contemporaine de l’avant loi de l’Œdipe. Ce temps de jouissance sans entrave agit comme un aimant. Cet aimant est installé au moment d’amour narcissique où le très jeune sujet pense que tout est permis pour sa jouissance. C’est pour cela que c’est en s’aimant trop soi-même qu’on en arrive à haïr la différence et donc la castration qui ouvre à l’âge adulte en tant qu’ère de l’éthique. C’est dans le même qu’on s’aime entre soi et que les autres peuvent avoir peur. Je précise que les enfants n’ont pas d’humour et que rire avec un enfant d’un petit travers de cet enfant est pris comme rire de lui. Nombre d’enfants peu sûrs d’eux ont des parents qui ont beaucoup d’humour. Petit conseil au passage : songez-y avec vos mioches s’ils sont mauvais élèves ou juste parfois inhibés en classe. Le rire peut blesser les petits enfants.
Mais laissons-nous rire à l’âge adulte ou interrogez-vous sur le stade mental où vous avez régressé si vous ne supportez pas le rire lorsque son but n’est pas de railler des victimes en les agressant.
Et demandez-vous aussi pourquoi cette régression. Parfois, une souffrance vous y a mené. Parfois, une jouissance. En tous les cas, c’est un moment où vous avez perdu votre jugeote.
Ce mythe est le début de l’Œdipe qui se conclut enfin sur la loi, celle qui interdit le meurtre, et l’inceste. C’est à dire qui ouvre à l’Autre, à la différence, à l’amour pour celui qui n’est pas de sa tribu, qui n’est pas de sa famille. Cette loi est donc antiraciste, anti-bêtise narcissique.
Mais si arrive un incident quelconque qui incite- à la recherche et à la mise à mal du bouc émissaire, ou en permanence dans le rapport aux animaux, l'homme régresse et redevient lui, un tyran haïssable: le jeune enfant qui se croit tout permis, mais avec le pouvoir de nuisance de l'adulte.
Sur Pascal Boniface, j'ai trouvé ceci qui est intéressant:
http://ripostelaique.com/Pascal-Boniface-ose-comparer-l.html
*Extraits: Le 19 nov. 11 à 20:08, Havre de Savoir a écrit :
Salam 'Alaykum,
Une des plus grandes injustices et preuves d’ignorance consiste à désirer que les gens te respectent et t’estiment alors que ton cœur est vide de tout respect et estime envers Allah. En effet, tu as trop de respect et de considération pour les créatures pour leur permettre de te voir dans une situation (désavantageuse), alors que tu n’éprouves aucune gêne à ce qu’Allah te voie dans cette même situation Lire la suite
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Revue de Presse :Pascal Boniface est Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à l’Institut d’Études européennes de l’Université de Paris 8. Il nous livre ici une analyse de « l’affaire Chebdo-Hebdo » en 12 points :
– L’émotion manifestée à l’occasion de l’attentat contre Charlie Hebdo est bien supérieure à celle ressentie lorsqu’il y a des attentats contre des mosquées ou plus récemment contre un camp de Roms qui pourtant a fait un mort Lire la suite
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