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Psychanalyse et animaux.

Les courses landaises , camarguaises et la corrida au patrimoine de la France.RMC ma réponse à Eric Brunet.

27 Avril 2011, 09:08am

Publié par Jo Benchetrit

 Immonde corrida, affreuses courses landaises et camarguaises: les animaux ne sont pas des joujoux prêts à subir des horreurs pour nous distraire de notre insondable vacuité.
L'émission d'Eric Brunet du 26/4 pose la question de la réaction à la nouvelle de leur admission au patrimoine culturel de la France qui date du 22 avril 2011. 
Ça fait pas très culturel , sauf au sens où les peuplades primitives pourraient revendiquer ce terme pour distinguer les unes des autres leur façon de se nourrir, de se vêtir, d'accoucher par exemple.D'ailleurs, ils y avaient déjà mis l'élevage du boeuf gras! 
Je vous soumets d'abord ces 2 citations afin de vous imprégner de la dualité entre un discours sensible, digne du nom d'humain, et celui assez succinct mais très révélateur d'un aficionado dans toute sa violence et son cynisme grossier (à vomir).

C'est pourtant le dernier que notre ministre de la culture et quelques  autres dont je ne sais rien ont décidé de reconnaître comme culture! Mais laissons les  parler, vous jugerez vous-mêmes: 
1) La classe, l'élévation des sentiments
"Pourquoi la souffrance d'une bête me bouleverse-t-elle ainsi ? Pourquoi ne puis-je supporter l'idée qu'une bête souffre, au point de me relever la nuit, l'hiver, pour m'assurer que mon chat a bien sa tasse d'eau ? 
Pour moi, je crois bien que ma charité pour les bêtes est faite de ce qu'elles ne peuvent parler, expliquer leurs besoins, indiquer leurs maux.
Une créature qui souffre et qui n'a aucune moyen de nous faire entendre comment et pourquoi elle souffre, n'est ce pas affreux, n'est ce pas angoissant ?"(Emile Zola)
Et,
2) la crasse, la bassesse de la position sadique et inculte.
Accrochez vous:
"Un taureau, c'est comme un melon, il faut l'ouvrir pour savoir s'il est bon". (un aficionado interviewé sur France 2 il y a quelques jours.) 
 

Thierry Hely  m'avait offert sa confiance  en donnant mon nom à Eric Brunet pour passer hier sur RMC, dans le cadre d'une émission sur l'inscription de la tauromachie  dans le patrimoine  immatériel de la France.
Ne pouvant me dégager de mes obligations, j'ai recommandé à la journaliste qui m’avait appelée, le Dr Jean Paul Richier. Je ne l’ai pas regretté, c’est   quelqu’un de très connu dans  notre milieu et au delà, pour sa rigueur, son intelligence et la pertinence de nombre de ses remarques parfois acérées.

En peu de mots, il a su trouver suffisamment d’arguments, y compris que tout le monde confondait, Viard en tête, par mensonge évidemment, le patrimoine  immatériel de la France au niveau national(qu’ils ont eu) et celle de l’Unesco,(qu'ils postulent). Ce n’était pas facile, Brunet ne lui ayant pas laissé beaucoup la parole, la laissant à Marie Saura, sous le charme de laquelle  il succombait avec masochisme ( mythe de la femme phallique, la picador toute-puissante, comblant son enfant de son  d’art sadique). et en prime, Richier, que j’imagine perdu dans les couloirs de la radio, prévenu à la dernière  minute et qui avait accepté de rendre ce service à  la cause,  était arrivé en retard. 

Cependant, vous me connaissez, j’ai bien envie de donner mon avis. Aussi... 

 

Je suppose qu'il n'aurait pas fallu laisser Eric Brunet seul avec son (unique ) argument comme quoi le monde s'uniformise et on mange et baise tous pareil!! Du  coup,  selon lui , il faut se poser en s’opposant au monde, se différencier du monde globalisé avec ce qu'il nomme je crois des "délicieuses" choses comme la corrida. Or la corrida, qui se définit comme ce qui réunit tout un monde, nommé le mundillo, s’oppose bien au monde en cela qu’elle est immonde. C’est évidemment inadmissible. Si le monde se globalisait autour de valeurs morales fermes, tout le monde aurait à y gagner.

Que nous dit justement, comme c’est étrange, l’étymologie du terme Monde ?

 

 

Etymologiquement le monde est le propre, l’ordonnancement,  le pur. C’est l'aménagement du chaos dont il est, selon la Bible, issu.

Et  l'immonde, à l'inverse, par extension, c’est l'impur, l'abject, le déchet, donc l’objet a, c'est-à-dire l’objet perdu à jamais et devenu cause du désir. 

Il  y a donc une connotation morale dans cette antinomie. L'art contemporain, avec les actionnistes en tête, se débarrasse  de toute morale et prend l' alibi de l'art pour imposer des performances, des installations, en lieu et place de ce qui définit l’art, à savoir la sublimation. L’art contemporain, en  ce sens, fait comme si, dans l’art, le réel pouvait être atteint en  vrai, ce qui est une erreur, et même une perversion. Car  si l’art existe, c’est pour nous le faire fantasmer, pas pour nous le donner à voir. Ils croient faire de l’art avec du réel, comme des cadavres, ce qui est juste immonde, mais aussi des animaux torturés, ce qui est en  plus immoral donc insupportable.

La corrida est de la même veine. Le mundillo assume l'immonde de sa position et la fait passer pour de l'art, revendiquant la liberté de l'artiste et de la culture au sens noble du terme. 

Si nous devions poser comme différence  culturelle  l'immonde à opposer à ce monde qui n'existe encore  pas si c'est selon cette définition, le bien...alors il faut bien entendu un rappel..à l'ordre.

Or notre société  ne sait plus ce que c'est que le bien ou le mal, d'ailleurs, et confond  liberté et assujettissement  à ses pulsions barbares.

Les  gens  qui ont un sens moral ne sont pas les moins libres des 2. 

il n'est que de parler avec un amateur de produits de torture que ce soit foie gras, de homard brûlé vif,   de corrida,  de cirque  avec animaux ou de tout autre immondice de  l’aculture humaine pour s'en convaincre. leur réponse  UNIVERSELLE ET GLOBALISANTE, ELLE, POUR LE COUP, C'EST CECI:

"MAIS C'EST SI BON!" cette réponse  est exactement la même  que donnera tout drogué. Elle  est selon Lacan  du S1, le signifiant maître , ce  signifiant auquel s’identifie le sujet, au point qu'il est son  maître. Comme disait Lacan, si Napoléon s’était pris pour Napoléon, il aurait été fou. Le "C’est si bon" est le maître de ce sujet qui ne veut rien savoir de ce qui cause son désir barbare, qui ne veut pas du S2 libérateur et donc éthique du savoir. Voilà pourquoi le mundillo est fou, mais le monde aussi, de  se laisser mener par le S1 de ce qui lui fait plaisir quoiqu’il en coûte à ses victimes(S2),   de se livrer pieds et poings liés à la jouissance de l‘immonde, qui en demande toujours encore, par l’aiguillon de ses pulsions insatiables.

Voilà pourquoi le mundillo serait plus honnête de se nommer l’immundillo.

En conclusion, l'argument de la différenciation par l'immonde, en effet, marcherait, si le monde était bien aussi peu immonde que nous le voudrions. Or ce n'est pas le cas, et bien loin de là.

 

 

Vu qu'Eric Brunet veut en France un monde différencié par la culture des
corridas, il faut noter sa bévue car le monde est universellement
immonde. Donc, nous, les défenseurs de l'anti-barbarie, sommes les
plus à même de répondre au voeu de Brunet de nous différencier de ce
monde globalement horrible, sanglant et violent.
de ce fait, nous devrions être nous, proposés au patrimoine
culturel mondiale de l'Unesco.
 En gros, du point de vue de l'incapacité humaine à se tenir à une position morale,  la corrida n'est en rien un critère discriminant d'une culture. La corrida est comme tout ce qui se passe dans le royaume de l'homme, sauf que c'est à ciel ouvert.
Rien de plus généralisée en effet que la cruauté humaine, surtout quand elle s'exerce de manière banale, envers les animaux.
Je ne sais pas si la mondialisation fait qu'on baise pareil, mon expérience est assez limitée géographiquement , sur ce plan.
Mais je pense que le sexe est une bonne manière de jouir, très moral, dans la mesure où on ne nuit à personne et qu'on est des amoureux consentants évidemment. 
Ce qui est certain, c'est que partout on considère pareillement que l'homme a tous les droits sur les autres espèces. Et plus ça va, pire que c'est, avec la globalisation de l'élevage industriel entre autres abominations justement relevées par M. Brunet, qui devrait être végétalien, vue sa lucidité sur ce terrain. Avez-vous remarqué combien les milliers de toros massacrés par an les laissent sans pitié, alors qu'ils n'économisent pas leurs larmes sur le sort funeste des animaux de boucherie?
De sincères amis des animaux, ma foi!
======

Pour ceux qui voudraient écouter l'émission de RMC du 26/4/11 la méthode:
il faut aller sur Eric brunet=
http://www.rmc.fr/grille/emission.php?id=474

clic sur postcast
puis sur celui du  26-4




Commenter cet article
J
<br /> <br /> Oui, c'était la proposition de Paul Bertrand député de la Marne. Je porte la contradiction sur des blogs (La plume du Flamant Rose), à des défenseurs de la corrida. Je ne peux comprendre que l'on<br /> défende l'indéfendable...<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> merci de l'info. c'est terrible, ça.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Bravo. La corrida n'est qu'une barbarie organisée, pour le plaisir d'imbéciles afin de voir un animal torturé. Puisse-t-elle disparaître un jour de notre pays. Pour info, la Chambre des députés<br /> avait votée son abolition (ainsi que celui des combates de coqs, en 1900; malheureusement cette décision ne fut jamais appliquée.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Ha mais oui, Marie, je suis contente qu il yen ait au moins une,  et pas des moindres,  à avoir su lire ce texte.<br /> j'espère que l'immundillo en fera autant, rions;<br /> bises.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Quel merveilleux texte. Il explique si bien aux aficionado et addicto comment se sont-ils fait prendre dans l'erreur.<br /> <br /> <br /> Merci la fée, Josette Benchetrit !<br /> <br /> <br /> Marie-Pierre<br /> <br /> <br /> <br />
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