La violence se transmet par la façon à tort normale dont on traite les animaux. Ecole et apprentissage de la morale.
Dis papa, c’est encore loin la civilisation ?
—Tais toi et tue.
"La vraie bonté de l'homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu'à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l'Humanité, ce sont ses rapports avec ceux qui sont à sa merci : les animaux.
Et c'est ici que s'est produite la faillite fondamentale de l'homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent"....
Tout le problème de l’humanité tient à ce que pour mûrir, il lui faut abandonner de sa jouissance, donc en passer par un sacrifice d'un peu de soi, ce qui se prend pour le maitre du monde. C’est par l’éducation que l’enfant va, peu à peu, y parvenir afin de former un futur adulte civilisé, capable de se plier à la règle suivante et que la Bible reprend pertinemment : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. »
Or l'école avec sa SVT cruelle, ses banalisations de la coercition par les visites au zoo et au cirque fait faire le travail inverse:"tu seras un barbare, mon fils!"
Freud disait que l’éducation était une activité impossible (à accomplir parfaitement), de même d’ailleurs que la psychanalyse ainsi que le métier de gouvernant.
On peut se demander pourquoi. Selon ce qu’il dit dans Analyse finie, analyse infinie [1] , cela tiendrait à l’imperfection de celui qui exerce cette fonction. Il fait appel à un idée qu’il ne nomme pas bien, alors que Lacan le dit ainsi : « il ne faut pas céder sur son désir. », ce qui signifie que l’ethique analytique veut que l’analyste ne jouisse pas mais « OUISSE », entende, quoi ! Il ne faut pas jouir pour présentifier le nom du père.
Dolto exprimait ça en ces termes dans son seminaire à l'Ecole Freudienne de Paris: « Il faut que la castration passe d’abord par l’analyste ». Cette castration est également indispensable aux deux autres activités. Ce qui guerit en analyse, c'est d'advenir en tant que sujet de sa vie ce qui permet de quitter la jouissance du symptôme, cette tyrannique addiction. Jouissance phallique, incastrée, douloureuse ou pas, incestueuse d'essence, et gênante pour vivre et desirer.
Il s’agit là, selon mon interprétation, d’exclure ce que peuvent contenir de perversion les métiers qui exerce un pouvoir sur les autres. Cette perversion étant une dérive « naturelle » des hommes— et c’est sur ce « naturelle » que je vous propose de revenir ici, en y cherchant des causes— ces métiers sont donc impossibles à exercer convenablement.
Mais d’abord, qu’est ce qu’éduquer ?
L’éducation, c’est l’art de faire d’un pervers polymorphe asocial qui se croit tout permis, un être civilisé c’est à dire capable d’ascèse par respect d’autrui, et pour soi, car on ne voudrait pas qu’on nous fasse ce que nous voudrions faire à autrui.
L’éducation est ce par quoi l’enfant intériorise ce qui constitue le savoir moral dont en tout premier, les interdits de nuire à autrui.
[1] Cette affirmation de Freud figure dans le chapitre VII de l’ « analyse finie / infinie » de 1937 et reprend ce qu’il avait déjà dit en 1925 dans la préface à un livre d'Auguste Aïchhorn, sur « la jeunesse dépravée ». Hitler était au pouvoir depuis 1933, et sa tyrannie montrait bien ce qu’il convient d’éviter en matière de jouissance quand on a le pouvoir sur d’autres vivants sensibles à sa merci, et qu’on croit ainsi avoir le phallus, ce pass pour la jouissance interdite et dont il faut se déposséder en se castrant, en civilisant ses pulsions. Ceci demande une ascèse qu’un tyran évitera par définition.
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Enseignons à l'école l'empathie pour les animaux !
Philosophes, chercheurs, juristes, vétérinaires et psychologues se mobilisent pour un enseignement de l'éthique animale. Un excellent support pédagogique pour développer la sensibilité de l'...
http://www.liberation.fr/debats/2017/02/20/enseignons-a-l-ecole-l-empathie-pour-les-animaux_1549784
un texte de JLeqquesne, psychologue:
Philosophes, chercheurs, juristes, vétérinaires et psychologues se mobilisent pour un enseignement de l’éthique animale. Un excellent support pédagogique pour développer la sensibilité de l’élève et le conduire par l’observation au respect de l’autre.
Enseignons à l’école l’empathie pour les animaux !
Les enfants expriment souvent une empathie spontanée à l’égard des animaux. Ils reconnaissent chez eux une volonté individuelle, une curiosité et une inquiétude qui leur sont familières. Qu’il s’agisse d’animaux proches ou lointains, expressifs, vulnérables, inventifs, curieux ou affectueux… les enfants se reconnaissent dans leur subjectivité et les voient pour ce qu’ils sont : les sujets d’une vie.
Programmes scolaires : loup y es-tu ?
En France, les animaux en tant qu’individus sont largement absents des programmes de l’enseignement. Ils y demeurent évoqués sous l’angle de l’espèce - comme des illustrations de la classification - rarement pour eux-mêmes. Par ailleurs, les connaissances acquises en éthologie sur les capacités cognitives, les émotions ou la pensée animales restent absentes des manuels de biologie, qui demeurent largement mécanistes et centrés sur la physiologie. Autre occasion manquée : dans leur chapitre sur la protection des animaux, les nouveaux manuels d’éducation morale et civique (EMC) n’envisagent d’accorder de la considération aux animaux qu’au titre de la biodiversité, des écosystèmes et de la conservation des espèces. Echouant à considérer chaque animal comme un patient moral ils demeurent ainsi, sauf exception, sans pertinence éthique. Alimentant la confusion classique entre espèce et individu, cette tendance culmine dans les cours de philosophie. La question animale y est abordée dans une approche historique - par le biais de ce qu’en ont dit les grands auteurs - plutôt que par les travaux les plus récents en philosophie ou en science qui nous renseignent mieux aujourd’hui sur la mémoire, la pensée, le langage ou la conscience chez les animaux. Il en résulte que les débats sont posés en termes binaires périmés (inné/acquis, nature/culture, intelligence/instinct…) et qu’on invite les élèves à disserter sur des questions que la recherche scientifique a souvent rendues obsolètes. Enfin, au travers des sorties au zoo ou au cirque jusqu’aux initiations à la chasse ou à la corrida, le rapport aux animaux dont l’école se fait parfois le relais actif valide des rapports de force et banalise aux yeux des futurs citoyens des relations de domination.
Des exemples qui inspirent
Comment concevoir des démarches éducatives qui permettent de cultiver une ouverture aux autres formes de vie sensible, de développer l’empathie et la considération pour autrui, et d’encourager une qualité d’attention à l’autre s’étendant aux animaux - les plus «autruis» des autruis - selon la fameuse expression de Claude Lévi-Strauss ?
Il est en effet établi que, dans un contexte éducatif, le thème de l’animal est un support pédagogique permettant de développer la sensibilité de l’élève, et de le conduire par l’observation au respect de l’autre, de celui qui est différent. L’expérience que fait l’élève de la condition animale favorise ainsi chez le futur citoyen le sens des responsabilités et de la coopération, le rejet de la violence et aussi des discriminations arbitraires entre humains. En Belgique, par exemple, les cours de philosophie et de citoyenneté sont proposés dans l’enseignement officiel durant toute la scolarité, du primaire au secondaire. Cet enseignement vise à permettre aux élèves d’aboutir «à des prises de position personnelles et responsables» et à développer sur des questions éthiques et des enjeux moraux une réflexion collective. En invitant à «comprendre et protéger la vie» et à «épargner la souffrance aux animaux» en adoptant une attitude respectueuse «de leur vie et de leur bien-être», plusieurs chapitres du programme ouvrent des perspectives pour s’interroger sur le statut moral des animaux. En outre, le manuel pour le secondaire soulève cette question dans un chapitre entier, intitulé précisément : Les animaux ont-ils des droits ?
A travers différents thèmes adaptés à l’âge des élèves, il s’agit ainsi d’accompagner chaque enfant dans sa capacité à encourager, par ses choix quotidiens, une relation aux animaux empreinte de respect et de responsabilité.
Vivre ensemble et faire société
En France, l’éthique animale a figuré durant quarante ans dans les manuels officiels pour l’école primaire (de 1883 à 1923) au côté de références à la loi Grammont, première loi historique de protection animale dans le droit français. Sans être nostalgiques de cette période, nous constatons aujourd’hui que notre rapport aux animaux alimente un débat social dont l’acuité est croissante, et qui soulève de vastes et passionnantes questions éthiques et philosophiques.
Les animaux ont-ils des droits ? Ont-ils un statut moral ? Notre responsabilité vis-à-vis d’autrui s’arrête-t-elle aux frontières de notre propre espèce ? Jusqu’où tenir compte de tous les individus capables de souffrir ?
Face à ces questions, la reconnaissance des animaux comme des êtres sensibles dans le code rural depuis 1976 en France, dans le droit européen depuis 1992 et depuis le 16 février 2015 dans le code civil français peut constituer un socle solide et légitime pour intégrer la question animale dans une démarche pédagogique concertée. Fondé à la fois sur l’état des connaissances scientifiques et l’état de la législation, un enseignement de l’éthique animale aura à cœur d’engager la réflexion par une approche attentive aux convictions de chacun. Pour l’enseignant, il importera d’accompagner le questionnement éthique et d’intégrer les notions de respect, de justice et d’empathie envers les animaux dans le cours d’éducation morale et civique (EMC) dans son ensemble. Nous, soussigné(e)s, appelons ainsi à ce que l’éthique animale soit mieux intégrée dans l’enseignement, et que les programmes officiels du cours d’éducation morale et civique s’enrichissent de chapitres consacrés au statut moral des animaux, inscrits dans une progression pédagogique globale sur les notions de droits et de libertés.
Signataires : Marie-Claude Bomsel Vétérinaire, professeur honoraire du Museum national d’histoire naturelle Valérie Chansigaud Historienne des sciences et de l’environnement, CNRS Dominique Droz Psychologue clinicienne, formatrice, Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education (ESPE) Hélène Gateau Vétérinaire Martin Gibert Philosophe Dominic Hofbauer Formateur en éthique animale, association GAIA (Belgique) Thomas Lepeltier Historien des sciences Joël Lequesne Psychologue clinicien, ancien psychologue scolaire Jean-Marc Neumann Juriste, chargé d’enseignement en droit animal, Université de Strasbourg Joël Minet Professeur au Museum national d’histoire naturelle Corine Pelluchon Philosophe, professeure, université de Paris-Est Marne-la-Vallée Philippe Reigné Professeur, Conservatoire national des arts et métiers Matthieu Ricard Biologiste, fondateur de Karuna-Shechen Carl Saucier-Bouffard Professeur en éthique au Collège Dawson (Montréal), chercheur associé à Oxford Centre for Animal Ethics Cédric Sueur Ethologue, maître de conférences, université de Strasbourg.