Comme les pigeons diffamés par une foule meurtrière, et affamés par une loi inique qui caresse la saloperie humaine dans le sens du poil, celui qui sait contre cette foule ignare rendue imbécile par sa haine névrotique et, du coup, qui croit en ses propres mensonges et délires paranoïaques, souffre. Voyez ici combien cet enfant merveilleux est rassurant. Mais il est une exception. J'ai constaté que plus on est ignorant sur un animal, plus on prête à l'animal méconnu sa propre imbecilité à son sujet. Aussi les gens qui ne connaissent rien aux pigeons les trouvent idiots alors que leur intelligence est absolument clouante . Comme peut etre celle des autres oiseaux car l'intelligence, on le decouvre, ne tient pas au poids du cerveau. Les oiseaux ont un cerveau assymétrique qui décuple leurs facultés.
Le commun des mortels croit qu’un analyste en dehors de son travail doit être aussi neutre et bienveillant qu'il l'est durant ses cures. Je ne vois pas pourquoi je serai neutre devant la connerie et l’horreur que les gens adorent faire en toute innocence du fait d’une part, de leur ignorance volontaire et névrotique. Et d’autre part, de cette sécurité qu’ils trouvent à « apenser » ensemble. Ainsi, on lynche, on massacre, on affame des êtres qui ne méritent en rien ça, on démoralise ceux qui défendent les lynchés, on les méprise, on les tue à leur tour soit en vrai soit en les excluant du socius, et tout ça, bien au chaud dans un « tous ensemble » facile, bâti sur la haine de l’Autre, et du coup, on croit avoir raison, oui, bien au chaud dans une illusion d'être aimé par les autres, ses clones en méchanceté humaine...
Rien de pire qu’un imbécile qui croit avoir raison ? Si, une foule d’imbéciles ( des humains moyens volontairement passifs devant la connerie pousse au jouir, cf. ce qu’en dit Gérard Miller dans le pousse-au-jouir du Marechal Pétain)qui se rallient à ses erreurs pour se laisser entrainer voluptueusement au pire. Relire dans les Essais de psychanalyse ce qu’en dit Freud après Gustave Lebon.
Allons, rassurons nous, il arrive que l’humain moyen ne pense pas de travers.
Oui, il arrive même que cet humain qui ne travaille jamais sur lui, qui croit détenir la vérité du fait que tout le monde pense comme lui, c'est-à-dire, ne pense pas mais se contente de répéter les convictions des autres, il arrive qu’il ne soit pas juste borné. Néanmoins ses convictions sont bien souvent fallacieuses. Et son manque chronique d’humilité fera qu’on pourra stigmatiser comme fou celui qui dira ce qui est juste reflet de la réalité sous prétexte qu’erreur colportée par mille personnes donne raison à la foule qui se trompe. Or la psychanalyse nous apprend que l’on ne se trompe pas par hasard. On se trompe parce que ça nous arrange.
Ce qui fait que la foule haineuse se liguera contre une personne qui serait pourtant dans le vrai si cette vérité empêche cette foule de jouir en rond dans les effets parfois désastreux de ses croyances fallacieuses.
On attend d’un psy qu’il soit la quintessence de la foule. Or, voyez vous, il y a là un malentendu. La bêtise qui fait l’opinion, certes, un psy n’en est pas toujours à l’abri. Mais justement, il est plus logique que cet homme qui a travaillé des années sur lui-même, cet analysant devenu à son tour analyste qui continue cette remise en cause dans la causerie des cures de ses analysants, soit capable de penser par lui-même et pas comme tout le monde.
On entend souvent dire que les psy ne doivent pas montrer leurs sentiments, et devraient dans leur vie trimbaler la même neutralité qu’ils doivent tenir pendant les cures.
Le fait d’avoir fait une analyse donne bien souvent une connaissance sur le réel qui fait que le désir de ne pas savoir soit chez lui moins aigu que cette même passion de l’ignorance qui sévit dans le monde humain moyen. Tout analyste a fait une analyse. On pense donc que les psy ne sont pas des êtres sensibles ? Certains artistes ont même peur de faire une analyse du fait qu’ils considèrent pouvoir y perdre leur art. Et pourquoi pas leur âme, tant qu’ils y sont de cette attitude frileuse ?
Or, il n’en est rien. Une personne qui a fait une analyse, et ensuite devient analyste a, comme tous les gens de notre pauvre planète en proie à la folie majoritaire des hommes, un palpitant dans la poitrine, et un cerveau sous les cheveux. Et devrait être moins bien défendu contre le réel que le commun des mortels, pour cause de lucidité. Je dis bien, devrait, car tous les analystes n’en sont pas là. Mais je vous parle là de l’éthique de l’analyste qui est de dévoiler le réel.
Ceci peut en partie expliquer que les analystes peuvent sembler fous à l’humain moyen et aveugle volontaire.
Figurez vous qu’un homme qui ne va pas dans le sens du discours courant, qui donc a ses idées qui ne sont pas celles de M. Tout le monde, un minoritaire, donc, paraît fou.
C’est normal que celui qui ne se fond pas dans la masse soit mal vu. Car les braves gens n’aiment pas que l’on suivre une autre route qu’eux.
Mais, me direz vous, pourquoi insinuer que tout le monde pense bêtement ?
Parce que c’est le cas.
De même que soigner en analyse n’est en rien rendre normal, si être normal c’est être comme tout le monde, un psy n’a pas à être autre chose que ce pour quoi il est formé : un être sachant appeler un chat un chat et donc un homme subversif si besoin est. En effet, l’analyse rend apte à voir mieux le réel là où les autres ne voient que leurs préjugés. Et le devoir de celui qui sait est de transmettre son savoir si ce savoir a de quoi soulager la misère du monde.
On attend d’un psy qu’il soit la quintessence de la foule. Or, voyez vous, il y a là un malentendu. La bêtise qui fait l’opinion, parfois, un psy n’en est pas à l’abri. Mais justement, il est plus logique que cet homme qui a travaillé des années sur un divan et lui-même, cet analysant devenu à son tour analyste qui continue cette remise en cause dans la causerie de les cures de ses analysants, soit capable de penser juste par lui-même et pas de travers comme tout le monde.
Mais il n’est pas le seul dans ce cas. Et pas le seul à devoir endurer le malheur de ne pas pouvoir prévenir la barbarie née des menteries que se font les hommes. Tout analyste n’en est pas à ce savoir. Nombre d’entre nous ne veulent pas savoir ce réel passé une limite souvent très proche d’eux. Leur narcissisme n’est pas complètement ratiboisé, et ils en restent parfois aux errements sur bien des points de l’humain moyen. Tout cela débouche sur une question desespérante: si la majorité est inapte à connaître la réalité, le monde pourra-t-il jamais être sauvé des méfaits infinis de notre espèce?
Le capitaine Smith, mort sur le Titanic.
Le Titanic a coulé du fait du manque d'humilité d'un commandant trop sûr de lui, qui en fut victime car il a eu le cran de rester sur le navire ensuite. Tout porte à penser que cela n'a pas servi de leçon aux hommes pour éviter de faire du naufrage de leur espèce celui des innocents des autres espèces victimes des hommes.
C'est triste car le seul espoir des autres animaux survivants encore serait notre disparition.
Le fait d'être analyste ne m'évite pas de souffrir de ce savoir-là.
Le fait que je souffre ne me rend pas pour autant folle, mais anormale, oui, car ce savoir est encore trop neuf pour que l'on trouve ça bien normal de le dire.