Il est un point etrange de la théorie lacanienne qui peut être le versant côté désir de l'ambivalence affective haine-amour, celui de l’objet a. "Cet obscur objet du desir" dit à juste titre le cinéaste Bunuel. Un aficionado qui devrait essayer de l’éclaircir, son desir monstrueux pour la torture tauromachique.
"L’objet perdu", "l'objet (dont la perte est cause)du désir", nommé par Lacan l'objet petit a, est paradoxalement aussi un déchet. C’est son autre face et ça vire du desir au dégoût relativement facilement, si le ciment de l'amour vient à manquer. oui, vous avez raison, ciment=si ment. L'amour est bâti sur un mensonge, un leurre, celui de croire retrouver en l'Autre cet objet perdu que nous recherchons.
Tant que le désir est là, avec l'amour de l'Autre, le partenaire amoureux n'est "pas assez" là, on en veut encore.
Tout va bien dans ce sentiment parfois pourtant très penible de manque qui a la couleur et la douleur de l'amour, ce doux leurre. Mais les choses peuvent changer, si l'autre vous déçoit au point de le désacraliser, donc de ne plus l'aimer.
Et du coup, on se sent déchu plus que déçu lorsque ce renversement arrive.
Déchu d’avoir désiré ce qui est à présent un déchet , un à jeter hors de sa vue pour se sentir vivre, soi, dans la dignité. C'est une phase où le ressentiment tue le sentiment. Il ne reste que le désir passé, cru, obscène.
L’objet de désir devient repoussoir, phobogène, indigne.
La nausée qui en naît est un sentiment hystérique face à la sexualité à l’état brut, débarrassé de son excuse, l'amour. Mais bcp d'autres peuvent s’en sentir submergés. Faut dire que l’hystérie n'est pas l'apanage des seuls hystériques!
Lacan dit que l’angoisse nait , non du manque comme on le croit, mais du TROP.
Lorsque l'Autre est de trop, que l'amour a déserté, on veut que l'autre disparaisse. Mais ce nest pas si simple de perdre quelqu'un et lorsqu'il est parti, le ressentiment s'estompe, et revient le manque, même si le désir en est absent, disons le manque de quelqu'un qu'au fond on aimait bien.
Faut essayer malgré tout de ne pas jouer au for-da avec les autres. tentation de prendre et jeter sans cesse chez certains qui ont régressé à ce stade où le trop et le pas assez sont très voisins.
En particulier, ce malaise dans le sentiment amoureux se repère dans la phobie. Vous savez, ces gens qui sont à la fois avides d’indépendance ET d’être soutenu par l'Autre pris, puis rejeté, sans que le sujet puisse contrôler cette angoisse d'être comblé.
Nous sommes des êtres compliqués, non? Entre douleur du manque et angoisse du trop...pas facile de faire stable.
Malheureusement, si l'autre est trop manquant ( à ses obligations éthiques envers quelqu'un qui l'aime), s'il ne voit son amour que comme un être non subjectif, son objet sous son contrôle, il doit s'attendre à être un jour lâché. Légitime défense contre la perversion abusive.