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Psychanalyse et animaux.

livre. Mortifères effets de la jouissance transgressive et donc régressive.

26 Mai 2007, 09:51am

Publié par Jo

Sans la Loi, jouir, se faire du bien de manière régressive, non sublimée, n’a d’autre limite que la mort du sujet du désir. Le paradoxe c’est qu’un trop de liberté est le temps de l’aliénation. Le terme un peu démodé d’aliénation qui désigne la folie est tout ce qu’il y a de plus adapté à ce dont il s’agit lorsque le sujet s’assujettit à la jouissance pulsionnelle d’avant la loi. Ceci est visible chez le psychotique qui n’a pas pu atteindre ce temps du désir, faute d’avoir bénéficié du nom du père qui en est le vecteur.

Si le bien, c’est la vie, si la vie, c’est la liberté, n’est vivant que celui qui est libre, et libre celui qui ne jouit  pas de manière archaïque et anarchique d’avant la Loi, puisque du temps où l’enfant se croit objet de jouissance, phallus de la mère.
J’en  conclus que le barbare est loin de la liberté qu’il représente pour chacun de nous.
Ce que je dis là est conforme à ce que dit Lacan dans Kant avec Sade où il note un énorme paradoxe : le sujet, pour le   sadique, n’est pas lui mais sa victime. Le danger c’est que ce sujet du sadisme est obligé de se plier à la volonté de fer de celui qui lui dit d’être comblé par lui, fait objet a voix pour en gaver l’autre jusqu’à la mort.

Le danger de l’homme réside dans le fait qu’avec l’instinct de vie des animaux, il a fabriqué de l’attirance pour la mort. Lorsque Lacan dit de lui qu’il est un pervers sexuel, c’est de ça qu’il parle aussi, de cette impossibilité apparente de sortir de la problématique gaveuse du pervers qui, s’offrant à la mère pour la compléter, le veut jusqu’à ce que l’autre n’ait plus de désir, donc soit mort.

 

Ce n’est pas un homme, c’est une bête !

La langue, parfois, trahit notre inconscient commun.

Ne pouvant nous identifier au pire chez l’Autre, nous souhaitons que l’autre ne soit plus un alter ego, une image du   soi impossible et nous l’assimilons à ce que nous considérons comme le plus étranger à nous, l’animal.
Cependant, ce recours mérite d’être mis à l’épreuve de la réalité.
Si être une bête, c’est se passer tous ses caprices, même les ires, nous avons inventé un mot, le barbare pour le représenter. Et il est vrai que ce barbare, à l’origine gréco-romaine signifiait l’autre.
Cela aurait pu suffire mais comme il s’agit de l’autre homme…on préfère du coup que cette autre soit encore plus radicalement éloigné de soi…une bête.
Ainsi la bête représente nos pulsions interdites, ce qui est le plus nous. Mais le fait d’avoir opté en tant qu’espèce pour une représentation de nous en tant que non animal, ça nous a donné l’opportunité de ne pas nous identifier aux animaux en ayant l’aval d’un grand philosophe, du moins d’un célèbre philosophe, supposé penseur capable donc de douter de tout, mais qui, dans ce sens a échoué selon moi, comme je vous le montrerai plus tard, à propos de son enfance, reconnu depuis des siècles…et dont   on a fait, à tort selon moi,  le symbole de la rationalité. Ce refus d’indentification a en fait trouvé son apogée dans la philosophie cartésienne, qui voit ainsi en nous une sorte de machine, certes, mais sensible et pensante, à l’inverse de ce qu’il appelait l’animal, machine pure dont le meilleur modèle devait être l’automate dont les 1° exemplaires apparaissaient à l’époque..
IL est évident qu’il s’est fourvoyé.
Mais ce fourvoiement a rencontré chez l’homme un tel besoin de se rassurer sur sa non appartenance au règne animal…Que cela fut pris à la lettre et eut de très graves conséquences éthiques jusque dans notre contemporanéité.

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Barbare en toute innocence, une vocation ou une impasse ?.
 
 
Ce que je préférerais, c’est d’aimer la terre comme l’aime la lune et de n’effleurer sa beauté que des yeux. (Nietzsche)
 
 

Nul ne serait étonné si je disais que réfléchir au rapport du bien au mal en chacun revient à mettre en évidence  une césure qui divise l’homme et le met en conflit avec lui-même,  une frontière entre d’une part ce qu’on appelle les vertus humaines, représentant le bien et d’un autre côté ce que les hommes en général se représentent comme étant une part sombre en eux, étrange, étrangère à eux et qui pour tous évoque l’animalité sauvage, non domestiquée par des limites. Ce n’est pas pour rien que le sens originel du mot barbare, c’était ce qui désignait l’étranger,  pour les gréco-romains. Le barbare est considéré comme ce qui, en chacun, fait irruption et empêche l’homme, vu comme « naturellement  »  bon, de perdurer en tant qu’humain et de ce fait devient une « bête », sans aucun contrôle du sujet, ce que les psychanalystes appellent le ça, lieu des pulsions, que certains irrationnels, surtout au Moyen Age, ont pu appeler la possession. Et de fait, on peut avoir l’impression que le sujet  a perdu   les pédales, et se demander qui est au volant, ou plutôt, comme dit le poète québécois, Sol,  au « violent ». C’est la bête, le diable comme on disait   surtout au Moyen Age, qui a pris  possession du sujet en faisant sa proie. C’est le surmoi archaïque, celui de l’enfant, celui qui dit « Jouis », selon Lacan, surmoi au service du ça, contrairement à son successeur, le nom du père, qui le combat.

 Pour en sortir, il faut en effet que celui qui semble avoir tous les pouvoirs, celui qui peut être tyran implacable, celui qu’on appelle le barbare,  reprenne les commandes.

Ce que Freud disait ainsi : « Là où était le ça, je dois advenir. »

   La bête étant, on le sait, un des noms du diable, on voit bien que l’homme ne veut pas reconnaître son espèce dans le mal, sans doute parce que le sentiment de culpabilité qui découle de cette prise de conscience est douloureux, du fait qu’il est dépréciation de soi, donc blessure narcissique.  Mais aussi du fait que se savoir coupable débouche sur la résolution de ne plus l’être, sur l’obligation de changer, de reprendre les commandes, mais en en payant le prix ;, celui de la jouissance. Donc, par de multiples stratagèmes, l’homme cherche à se cacher son propre réel, et pour ce faire est bien obligé de déplacer le lieu de la faute sur l’Autre. Et l’Autre de l’espèce dite humaine, qui est-ce, sinon celui qu’il ne veut pas être, ce signifiant à quoi le signifiant homme s’oppose et se définit de cette opposition, l’animal ?

D’ailleurs, la nature, représentée par la terrible loi de la Jungle, est imaginée comme le lieu de tous les dangers, le lieu où la seule règle  serait la fameuse loi du plus fort, qui est une loi non conforme à la morale, qui, elle, dicte de protéger le faible.

De là à envisager là une non-loi, qui livre chacun à la sauvagerie, la bestialité aveugle, la férocité  folle, non maîtrisable, d’un plus puissant que soi, il n’y a qu’un pas, vite franchi par l’homme.

Or l’éthologie le montre, ceci ne représente pas de manière adéquate ce qui se passe en général dans la nature, mais bien plutôt ce qui arrive aux hommes dès que, perdant le nord de la civilisation, ils plongent avec délectation dans le mal, laissant libre court à une barbarie que l’on perçoit continuellement envers les animaux dans nombre de ses activités et plus rarement envers d’autres hommes.

  S’il est vrai que la nature n’est pas le paradis terrestre, si les carnivores mangent les autres, si en effet les plus faibles comme les vieux et malades sont des cibles plus faciles et donc plus probables pour les prédateurs, ce qui d’ailleurs sert la sélection naturelle, il n’en reste pas moins qu’il semble régner dans la nature une certaine sagesse. En tous cas, bien plus grande que dans  notre prétendue humanité qui, impitoyable, terrorise les autres espèces, il faut bien le dire en usant à l’envie de cette loi du plus fort tant décriée et stigmatisée comme non humaine par elle.

C’est comme si la vie sur Terre se préservait en ne donnant pas inclination aux animaux à détruire plus que besoin, et je dirais même  plus que de raison. En général, dans la nature, on ne tue pas plus de proies que nécessaire à sa survie. Il y existe donc une intelligence qui fait que cette folie sans limite  que nous y fantasmons n’y existe très majoritairement pas.

Contrairement à ce qui se passe dans notre espèce qui gâche, qui jette, qui est la plus génératrice de pollutions diverses, les autres espèces savent qu’il n’y a pas lieu de se fatiguer pour obtenir quelque chose qui est destinée à être jetée...

 Savez vous que 25% des denrées alimentaires produites sont sacrifiées à une dame vorace qui siège dans vos cuisines, la Poubelle ? De ce fait, on peut supposer qu’1/4 des animaux tués pour la boucherie le sont inutilement ce qui représente quand même près de 300 millions d’individus rien qu’en France.

Et  je ne parle pas de la pêche où les ¾ des prises seraient  rejetées mortes. 

Mais  le fauve repu, lui, laisse vivre les autres possibles proies, et il y a là un bon sens, une probable capacité prédictive, qui permet de se préserver soi-même en ne dévastant pas son garde- manger sur pattes, compte tenu de sa faim ultérieure.

 De même que l’art pour l’art semble en être exclu, l’utilitarisme animal ne faisant semble-t-il du beau qu’aux fins de séduire une partenaire sexuel, comme ce q

qu’on appelle improprement des   berceaux qui sont des nids d’amour que certains oiseaux confectionnent et qui  sont distincts des nids pour couver les enfants, ou comme  les chants d’oiseaux, de baleine ou autres vocalises dont la fonction est de communiquer à distance, la tuerie pour la tuerie n’existe pas chez nos frères aînés, les (autres) animaux.

 Les armes, puis la domestication nous ont donné une abondance que nos ancêtres n’avaient pas et eux étaient soumis à la même conduite économique, donc raisonnable, que les autres animaux...Les capacités techniques des hommes, associée à une capacité de stratégie qui elle, existe chez d’autres espèces comme la chasse en groupe, ont fourni la facilité. Leurs armes les ont rendus très dangereux, et si on en croit une des thèses sur la disparition des mammouths, c’est à nos ancêtres déjà ravageurs qu’on la devrait.

Est-ce de cette facilité relative que naquit la cruauté ?

La  barbarie pour la barbarie n’ est pas plus utilitariste que l’art pour l’art dans la nature. Ainsi, nul  n’y semble assez tordu pour avoir inventé la chasse pour le seul plaisir de tuer, de piéger, ou comme dans les corridas, pour celui de voir mettre en pièce et en musique(Olé !)   de pauvres ruminants fantasmés pour le besoin de la cause comme des fauves. Rappelons au passage que les romains et leurs arènes, bien avant nous, avaient dépeuplé de leurs fauves de nombreux endroits comme le nord de l’Afrique. Nul, depuis, n’a vu de lion en Algérie, alors qu’à Oran se trouve une Montagne des Lions, désertée de tout fauve je pense depuis des millénaires de ce fait.

L’arène est cause de bien des maux et le mal y fut vainqueur, sous la forme  de l’aveugle massacre au profit de ce qui sépare l’homme de son animalité, à savoir sa capacité à commettre ce que Gide avait appelé le crime gratuit. Ceux qui ont vu la Corde d’Hitchcock savent de quoi je parle.

 Qui dit crime gratuit dit jouissance, donc au final, le crime gratuit est au service de la jouissance pure, dégagée de tout besoin.  

Le fait que l’ homme se soit éloigné du réel par son mode de communication, le symbolique, qui est devenu son mode d’être au monde, en généralisant son appréhension de celui-ci par les mots, lui a fait perdre le sens de la réalité  en l’entraînant sur un chemin de traverse, celui où l’on peut confondre ce qui est avec le mirage né de ce qu’on en dit.
Ainsi, le massacre et la torture des animaux sera, selon les circonstances, bien loin de ces accusations, dénommés comme du sport, de l’art, du loisir, de l’éducation, de la recherche, de la gastronomie, voire même de la gestion de la nature, quand ce n’est pas de l’élimination de prétendus gêneurs comme les pigeons qui s’exposent au pire  sur les fenêtres en roucoulant trop fort pour des citadins habitués à leur idéal cimetière très obsessionnel.

Ça me rappelle la phrase de Lacan, généralisant au sujet humain cet idéal :

« Je suis ce d’où se profère : l’univers est un défaut dans la pureté du non-être. »

Quand on sait la force des mots dans le fantasme humain, il se peut qu’il mette en application ce souhait de mort qui suit exactement ce que dit Freud dans « Au-delà du principe du plaisir » où l’on voit que ce qui préside à la pulsion partielle, c’est au final, la mort, l’attirance pour le repos, « la moindre excitation » dit Freud, ce qui milite pour la disparition du désir par une jouissance absolue.

Nous commençons à entrevoir que si le désir est désir de jouissance, y céder, c’est parfois mal, si cela passe par donner la mort, en passant de surcroît par tous les caprices des pulsions non sublimées, La psychanalyse des enfants nous donne une idée de la cruauté de ces pulsions. Mais nous ne voulons pas trop ça-voir, car pour nous, et en fait à juste titre, l'enfance est innocence dans le sens où l’on n’a encore pas trop connaissance de ce qui est bien ou mal.

Ce  qui n'empêche qu’en toute innocence, les enfants sont soumis à des pulsions très destructrices.

Mais tout cela est refoulé pour les besoins de la cause, afin que l’homme, animal social ne s’entredévore pas, et c’est pour cela que nous avons oublié que notre  petite enfance était   secouée de jouissance dévastatrice. Rassurez vous, comme on le constate aisément, tout cela se passe sans qu’il y ait mort réelle, et le plus souvent à l’insu des témoins, dans la petite tête des petits anges qui peuvent accéder à la certitude de leur toute-puissance par le fantasme et l’hallucination. Cette toute-puissance a une fonction première : leur permettre de lutter contre leur désagréable réalité, celle d’être totalement impuissant et dépendant pour tout du bon vouloir de la princesse, sa mère ou celle ou celui qui joue son rôle pour l’enfant. Le désir de ne pas savoir ses manques commence très jeune !

Et la toute-puissance est bien plus confortable. C’est si jouissif de voir ses vœux réalisés en temps et en heure.

Il suffit qu’on dise, pour que cela soit.

C’est comme dans la Genèse : « Dieu dit lumière…et la lumière fut. Et Dieu dit : c’est bon. » 

Mais plus tard, lorsque l’enfant grandit, il aura encore recours à cette toute-puissance de la pensée lorsqu’il ne voudra pas voir que la réalité est moins glorieuse pour lui que ce qu’il voudrait. Tous  ces mots, ces verbiages, ces blablas pour justifier des actes violents   se confondent alors imaginairement avec le réel en barrant au moi du sujet l’accès à ce réel.

Le plus souvent, comme pour noyer le poisson dans les activités du genre de la corrida, de la chasse, mais tout autant dans les actes racistes, comme dans le nazisme, l’homme victime du fantasme de toute- puissance perd le contact avec la réalité, laissant son plaisir primer. C’est pour cela que ses discours justificateurs sont confondants de pauvreté éthique. Et pour cause : ce sont des  … « alibido », puisqu’ils servent d’alibi à une libido qui, débridée, ne veut pas se satisfaire de manière dite « humaine », civilisée, mais sauvage, sans limite. En fait cette satisfaction est celle des pulsions non castrées( terme de Dolto), c'est-à-dire non limitées par la loi. Aussi, que se passe-t-il quand le mot est pris pour la chose comme dans le cas de la corrida où les constructions symboliques sont pléthores ? Il se passe ce qui se passe dans la psychose : le mot se confond avec le réel. Un exemple me fut donné pendant mes études à Vincennes par Mme Montrolay. Elle raconta qu’un jour, on dit à un psychotique : « A bas l’avarice ». Il prit alors un couteau et se fendit une varice.

Ainsi, lorsque l’aficionado ou le torero dit à l’anti-corrida: « Ce n’est pas un massacre, c’est de l’art » il y adhère comme le fou en question adhère au mot qu’il entend, au détriment le cas échéant, de sa  propre peau.

Cependant, se donner tous les droits pour faire de l’art est l’antithèse de l’art, celui-ci étant l’issu civilisé à la satisfaction des pulsions par la sublimation. C’est donc par la régression au stade d’avant la loi que ce font les actes barbares. Dont est la corrida. Où est fixé le psychotique. Et                                                                                  donc au stade où il n’y a pas d’art.

Mais en même temps, s’il n’est pas psychotique,  il sait pertinemment en même temps que si « le mot fait la chose » (Sartre), il n’est pas la chose. Ainsi, cette régression est doublée d’une sorte de tartufferie, le mécanisme de défense favori de la perversion : le déni.
Il y a ainsi en chaque homme une capacité de savoir tout en faisant comme si il ne savait pas, tout en trichant avec lui-même.

Ainsi, le rapport du bien au  mal, s’il est de fait celui de l’homme à l’animalité ne l’est pas comme on le croit. L’interdit de nuire n’est encore énoncé que dans son rapport aux autres hommes. Le mal n’est toujours pas nettement reconnu, dès que la victime est classée non-homme. Il est dénié quand il s’agit des animaux. Il suffit d’un alibi vaseux mais marque que quelque part, l’homme sait qu’il fait mal, il suffit donc de dire : c’est MON chien, ou encore, ce que je disais tout à l’heure, c’est de l’art, du sport etc. pour que tous les scrupules tombent, avec toutes les barrières qui font de l’homme un humain digne de ce nom.
Mais, me direz vous, ce ne sont qu’avec des bêtes que cela se passe. Cela nous laisse donc à l’abri.
……………………
Il est en fait celui de l’homme aux autres hommes avec il ne peut faire ce qu’il s’auorise avec les animaux.

 

 

De plus, cette jouissance d’avant la loi, celle qui fait d’

Car il faut dire qu’avec tout ça, cette jouissance remet l’homme au temps où le réel et le symbolique se confondait puisque l’on n’était pas encore parvenu au stade d’après le nom du père qui permet ce décollement du réel on finit par entrevoir l’idéal de l’homme qui se sert de tout pour en arriver au final à ça : la mort. Alors que l’animal, lui, semble n’exiger que le droit de vie.

donné ainsi l’idée de détacher du besoin, de la simple nécessité de survie qui, dans la nature rend, de manière sporadique, nécessaires des actes violents

aussi bien réfléchir à  celui de l’homme à une animalité appréhendée comme sans limite éthique qui ferait de l ’homme le seul animal non bestial de la nature. C’en est au point que l’homme ne veut surtout pas se reconnaître comme en étant de cette nature et il a mis entre lui et les autres espèces une sorte de cordon sanitaire qui lui fait rêver de lui en tant qu’être  séraphique, demi-dieu, quand ce n’est pas dieu tout court, vu la sacralisation de l'espèce humaine à qui , pensons nous, tout doit être aveuglément sacrifié. Car s’il est une chose qui doit indéniablement être affirmé si on veut être admis par la société des hommes, c’est que la valeur intrinsèque de tout individu de l’espèce humaine est   incomparablement supérieure à celle de tout autre être vivant.

 

que l’athéisme ne met pas à l’abri de religiosité, de ce qui unit les hommes, en l’occurrence cette croyance en la. Cette valeur, quel que soit le genre d’homme dont on parlera, mme  si c’est une crapule, est affirmée comme depuis que « Dieu est mort »

. Et pourtant, rien n’est plus sujet à bévues que cette opposition.

On a tellement l’habitude de penser l’homme du côté du bien, avec pour synonyme l’humanité, et réserver celui du mal dit aussi bestialité aux animaux, que c’est même devenu un réflexe : si un homme commet un acte de barbarie, on s’en offusque sous cette forme : « ce n’est pas un homme, c’est une bête » .

Ce qui, a priori signifie que non seulement il ne répond pas à nos normes mais que sa vie est placée non sous le signe des limites de la loi, mais de l’imprévisibilité, de l’arbitraire de ce que la psychanalyse dirait celui de la pulsion, de la monstruosité du désir.. Ainsi , croyant faire mieux que les animaux, l’homme s’est démarqué de sa propre animalité au point d’avoir attendu le verdict de la science pour devoir se résoudre à se compter parmi les animaux.

Cependant, il est du coup persuadé que si le mal avait un nom, ce serait celui de la bête en lui !

De fait, le diable est représenté par la religion catholique sous les traits d’un homme-animal avec queue , cornes et sabots. On sait qu’un des vocables utilisé pour le designer, ce Diable, c’est la Bête.

Et, dès la Bible, c’est sous la forme d’un serpent qu’il a inauguré sa tentative d’ entrée dans le monde, réussissant grâce à la curiosité inconséquente de la femme--dont on sait qu’ elle aussi peut revêtir pour l’homme (auto-perçu comme innocente proie) les traits de la satanique tentation au point de lui faire cacher son corps et son visage dans certaines religions --brisant la paix parfaite du Paradis terrestre.  Il est intéressant de noter que le mal n’arrive dans la Bible que par  l’ingestion, l’intériorisation de ce fruit né d’un savoir interdit car jugé dangereux sur la distinction entre le bien et le mal. Prise de conscience qui, de manière énigmatique, à l’inverse de ce que nous demande l’éducation, fait sortir l’humanité de sa promesse de bonheur et d’éternité, car la mortalité comme sanction du Dieu, la pulsion  de mort, serait issue de cette connaissance.

Or, que font-ils quand ils savent ? Ils couvrent leur sexe.
C’est donc que dès cette connaissance  obtenue par transgression, ils entrent dans l’érotique. Mais s’ils ne se couvraient pas, avant, serait-ce que la fonction reproductrice de la sexualité n’existait pas encore ? Sans doute, puisque les enfants non plus n’avaient pas lieu d’être. Tous étaient là pour l’éternité, donc inutile de faire entrer la reproduction sexuée, celle par qui la pulsion de mort, nous dit Lacan, est arrivée. Belle intuition chez ceux qui  ont écrit la Bible, qui  n’avaient pas encore les moyens scientifiques de savoir qu’au commencement de la vie, les êtres unicellulaires qui se reproduisaient sans sexualité, c'est-à-dire sans accouplement cellulaire, en se divisant en 2, par  scissiparité, dite aussi parthénogenèse, ou par duplication  ne mourraient pas de mort naturelle. C’est comme ça que ça  marche chez les amibes et paramécies.

Et pourtant, notons au passage une contradiction sans incidence ici, puisque ces êtres du paradis terrestre se nourrissaient déjà grâce à des arbres qui portaient des fruits. Les fruits, ça naît bien de copulation entre cellules mâles et femelles ! En particuliers le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Là, il s’agit d’une copulation entre le bien et le mal, les mêlant définitivement en chaque homme dès l’ingestion. C’est ainsi que la part femelle d’Adam, si Eve est une de ses côtes comme le dit la Genèse 1, devait faire entrer les hommes dans un monde où le bien et le mal, mais aussi ces deux-là, vue la bisexualité, vont guerroyer l’un contre l’autre, à l’intérieur de chacun. Pourtant cette côte a été mise à l’extérieur de lui, et on peut dire que l’homme est « extimement » lié à la femme qui, réellement, l’a privé (châtré) d’une part de lui-même afin de (l ?) être pour lui.  C’est pourquoi elle doit en échange lui donner l’illusion de pouvoir l’avoir. C’est du moins ainsi qu’il peut (la ?)désirer.

Cependant dans la Genèse 2, Dieu fait naître Eve ex nihilo, aux côtés d’Adam. Dans ce cas-là, rien n’est volé, la femme se rajoute , est donnée à Adam pour ne pas qu’il s’ennuie. Le manque est préalable, et c’est le manque qui prouve la complexité du désir, à la fois effet de la loi de l’interdiction de l’inceste et  de la castration qui lui est contemporaine, et pourtant  le désir est préalable à la perte phallique, dès la 1° séparation d’avec l’Autre, la naissance, et audible dans le cri du bébé qui demande. Temps que Lacan, nomme celui de la pulsion et l’écrit ainsi : $<>D. Nous savons que tout le chemin de l’évolution psychique de l’enfant est jalonné par la perte successive d’objets dits a, objets perdus, certes, mais qui laissent la marque de la nostalgie et on constate que durant toute sa vie, le sujet voudrait les récupérer. Mais c’est  en vain, ce qui mènera à ce désir adulte qui peut être empreint de souffrance, comme le montre bien l’oeuvre de quelqu’un comme Marguerite Duras. Cette douleur est visible dans le cri du vice- consul de Laors, décrit dans le texte  Le vice-consul, et dans le film India song.

L’amour du vice-consul est celui d’un homme qui a tué.

Il a tué des « en-trop », des mendiants, des qui étaient dans la demande la plus archaïque, celle de se nourrir pour ne pas mourir, ce qui réveille chez chaque sujet le temps d’impuissance complète où le bébé ne peut survivre que grâce à l’Autre. L’homme suffisamment mature  psychiquement est capable d’indentification  et donc peut éprouver   la compassion qu’à l’autre bout, le psychopathe immature par définition, ne peut qu’ignorer. Mais en même temps, il y a peu d’hommes qui supporte que l’autre, son image dans le miroir, lui montre la déchéance de cette étape d’impuissance totale, celle du jeune enfant,  alors même  que c’est en ce temps-là que c’était forgé le fantasme de toute-puissance qui contrebalançait ça. Voulant casser le miroir, il a réalisé son désir tout-puissant de donner la mort, de détruire l’alter ego. Ce qui est une manière de tuer l’encombrant désir de l’autre en trop. Faut dire, comme dit Lacan, que l’angoisse naît  non du manque, mais du trop.

Après avoir tué ceux qui étaient mendiants de nourriture, le vice-consul s’est à son tour fait mendiant, mais d’amour, criant comme le fait bébé, qui, en demandant le sein, attend en m^me temps l’amour. Notons au passage ce que Lacan dit: « L’amour, c’est miam miam, et la pulsion, c’est le ventre. » C’est pour cela que Lacan a écrit ainsi la pulsion :

$<>D, qui peut se lire : le sujet est en fading, se perd, n’est qu’une bouche à vide dans sa demande d’amour de l’Autre. 

C’est d’ici que l’homme tire tous ses ennuis, car l’Autre c’est sa mère, et sa mère est volage, elle lui échappe, portant bien avant le temps de l’Oedipe la marque de la non disponibilité qui prouve qu’elle a à faire ailleurs, quelle ne vit pas que pour lui, que  pour être au service immédiat du bébé. Elle lui impose l’attente et c’est dans l’attente que l’enfant s’enrage et va avoir recours à une sorte de pansement (pense-ment) : il va se rêver tout-puissant et sa bouche avide va la dévorer.

Lorsque l’adulte désire, il désire retrouver cette toute-puissance où rien ne lui manquait dans  ce paradis artificiel où il croyait qu’il l’avait, son Eve, à sa disposition, à ses côtés dès qu’il s’ennuyait et pouvait à son grée la détruire ou la faire arriver  de manière hallucinatoire lorsqu’elle ne venait  pas vraiment..

Avec  cette femme à ses côtés, Eve, on entre dans une ère où Adam ne s’ennuiera plus, mais dans les 2 Genèse, c’est avec Eve que les ennuis commencent.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Il est remarquable que Dieu ait pu penser que dans ce paradis, il pouvait y avoir un défaut, l’ennui, marque du manque, ce qui contredit l’idée de paradis. Qu’est-ce que s’ennuyer, sinon ressentir le désir d’autre chose ?

Celui qui s’ennuie n’a sans doute pas assez d’imaginaire pour en sortir seul, de cet état de déplaisir, de peur de n’avoir rien à faire, de peur de devoir penser à défaut d’être distrait de lui-même dans la jouissance. Mais il est marque du manque, marque que le sujet reconnaît que l’Autre lui manque.

Et c’est bien à ce manque que le sujet ne veut pas avoir à penser, car cette pensée de non-auto-suffisance est douloureuse, puisqu’elle induit une blessure narcissique.

Le sujet ne peut que constater son manque-à-être, sa castration, dans l’ennui. Il ne peut se combler et parfois, rien ne le peut, car dans certains cas, tout l’ennui. Ce qui vide le monde de son attrait, comme dans la dépression.

Celui-ci est effet de l’isolement et Dieu savait que le sujet avait besoin d’alter ego pour combler sa solitude.

 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Il est intéressant de noter que cet alter ego ne devait pas être un autre mâle, mais une femme, un être de même espèce mais d’un genre différent sans que cela soit a priori nécessité par la reproduction puisque celle-ci est arrivée avec la sortie du paradis du fait de la bêtise d’Eve qui a amené la fin de l’immortalité. Mais cette bêtise n’aurait pas été faite si le serpent n’était déjà dans  la pomme, le serpent du désir né de l’interdit faite aux 2 humains par Dieu, qui, de ce fait ne pouvait qu’un jour ou l’autre de l’éternité finir par exciter leur curiosité, et ce, peut-être un jour d’ennui. Car que pourrions-nous faire d’un peu amusant dans un paradis sans manque, sans histoire, où le temps s’écoule sans grand changement ?

Ce serpent était donc là, de part la parole interdictrice et DONC tentatrice, de Dieu.

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Mais il est   énigmatique que cette bête, ce serpent, ne soit pas donné comme une des créatures de Dieu, mais comme un visage du pouvoir de séduction du  mal. Ceci est conforme au concept psychanalytique qui dit que le désir naît de la loi, le désir n’étant monstrueux que du fait qu’il comporte une fatalité : l’interdit de nuire à l’autre qui est la base de la civilisation humaine donne à la chose interdite une luminosité particulière, un attrait maléfique, un fort pouvoir de fascination. Cette pente  entraîne la liberté  humaine issue du temps libératoire du désir vers le temps régressif d’avant la loi. Car, du fait que ce qui cause le désir ne peut exister sans les limites de la loi, celui-ci devient désir d’une liberté encore plus grande, celle fantasmée comme celle d’avant la loi. Ce qui est une erreur, un mirage  que notre imaginaire, le véritable serpent tentateur, nous offre.


Or tout nous dit que sans la loi, le désir disparaît dans la jouissance mortelle, donc la liberté du sujet…

Pour vous donner un exemple indiscutable, qui est en même temps une métaphore de ce que peut induire l’installation régressive dans la transgression, je vous propose celui de l’addiction. Le nouveau consommateur d’une drogue interdite croit d’abord qu’il en va de sa liberté de ne pas se laisser « avoir » par la loi qui semble la lui rogner et c’est dans cette illusion de maîtrise qu’il peut commencer.

On sait que croyant ainsi se donner un plus de liberté, donc « un plus de bien » pour lui, un plus de jouir, le sujet va s’engluer dans une toile d’araignée où il se fait avoir par la drogue au point de, rapidement,  ne plus être libre de dire non à sa jouissance sans encourir d’affreuses souffrances.

On sait d’ailleurs que la loi des hommes n’est pas toujours celle de la liberté, contrairement à celle de fin d’oedipe, car certaines drogues comme le tabac sont autorisées, bien qu’au grand dam des fumeurs qui ne savent pas toujours que ça pourrait les aider à s’en séparer, les lieux où c’est permis se rarifient un peu en France.

La Loi de fin d’oedipe est celle qui libère le sujet de la fausse liberté d’avant elle. Cette Loi est conforme à l’éthique du fait qu’en métaphorisant le nom du père, la mère dit à son fils : « Tu ne jouiras pas de moi, pour exister par toi-même et non comme simple objet de ma jouissance. Je jouis ailleurs, de quelque chose d’autre. Donnons à cette autre chose le nom de père.

Je te libère de ce fait de tout ce que tes hallucinations et fantasmes de jeune enfant t’ont laissé croire de possibles atteintes fatales à mon intégrité et à la tienne, atteintes réversibles mais qui finissent toujours par revenir…lorsque je passais pour toi du statut du mauvais objet à jeter et/ou détruire à celui de bon objet à manger, pour reprendre les élaborations de Mélanie Klein, tout a fait vérifiées dans les formulations de Lacan.

Désormais la pulsion mortifère ne sera plus autorisée qu’à une condition : qu’elle ne puisse me détruire dans les diverses figures de l’Autre, ni toi en tant que sujet désirant par conséquent dans le même temps.»

Cette Loi devrait servir de matrice à toutes les lois humaines, mais c’est loin d’être la cas, hélas.

Sans la Loi, jouir, se faire du bien de manière régressive, non sublimée, n’a d’autre limite que la mort du sujet du désir. Le paradoxe c’est qu’un trop de liberté est le temps de l’aliénation. Le terme un peu démodé d’aliénation qui désigne la folie est tout ce qu’il y a de plus adapté à ce dont il s’agit lorsque le sujet s’assujettit à la jouissance pulsionnelle d’avant la loi. Ceci est visible chez le psychotique qui n’a pas pu atteindre ce temps du désir, faute d’avoir bénéficié du nom du père qui en est le vecteur.

Si le bien, c’est la vie, si la vie, c’est la liberté, n’est vivant que celui qui est libre, et libre celui qui ne jouit  pas de manière archaïque et anarchique d’avant la Loi, puisque du temps où l’enfant se croit objet de jouissance, phallus de la mère.
J’en  conclus que le barbare est loin de la liberté qu’il représente pour chacun de nous.
Ce que je dis là est conforme à ce que dit Lacan dans Kant avec Sade où il note un énorme paradoxe : le sujet, pour le   sadique, n’est pas lui mais sa victime. Le danger c’est que ce sujet du sadisme est obligé de se plier à la volonté de fer de celui qui lui dit d’être comblé par lui, fait objet a voix pour en gaver l’autre jusqu’à la mort.

Le danger de l’homme réside dans le fait qu’avec l’instinct de vie des animaux, il a fabriqué de l’attirance pour la mort. Lorsque Lacan dit de lui qu’il est un pervers sexuel, c’est de ça qu’il parle aussi, de cette impossibilité apparente de sortir de la problématique gaveuse du pervers qui, s’offrant à la mère pour la compléter, le veut jusqu’à ce que l’autre n’ait plus de désir, donc soit mort.


Barbare en toute innocence, une vocation ou une impasse ?. Ce que je préférerais, c’est d’aimer la terre comme l’aime la lune et de n’effleurer sa beauté que des yeux. (Nietzsche)

Nul ne serait étonné si je disais que réfléchir au rapport du bien au mal en chacun revient à mettre en évidence  une césure qui divise l’homme et le met en conflit avec lui-même,  une frontière entre d’une part ce qu’on appelle les vertus humaines, représentant le bien et d’un autre côté ce que les hommes en général se représentent comme étant une part sombre en eux, étrange, étrangère à eux et qui pour tous évoque l’animalité sauvage, non domestiquée par des limites. Ce n’est pas pour rien que le sens originel du mot barbare, c’était ce qui désignait l’étranger,  pour les gréco-romains. Le barbare est considéré comme ce qui, en chacun, fait irruption et empêche l’homme, vu comme « naturellement  »  bon, de perdurer en tant qu’humain et de ce fait devient une « bête », sans aucun contrôle du sujet, ce que les psychanalystes appellent le ça, lieu des pulsions, que certains irrationnels, surtout au Moyen Age, ont pu appeler la possession. Et de fait, on peut avoir l’impression que le sujet  a perdu   les pédales, et se demander qui est au volant, ou plutôt, comme dit le poète québécois, Sol,  au « violent ». C’est la bête, le diable comme on disait   surtout au Moyen Age, qui a pris  possession du sujet en faisant sa proie. C’est le surmoi archaïque, celui de l’enfant, celui qui dit « Jouis », selon Lacan, surmoi au service du ça, contrairement à son successeur, le nom du père, qui le combat.

 Pour en sortir, il faut en effet que celui qui semble avoir tous les pouvoirs, celui qui peut être tyran implacable, celui qu’on appelle le barbare,  reprenne les commandes.

Ce que Freud disait ainsi : « Là où était le ça, je dois advenir. »

   La bête étant, on le sait, un des noms du diable, on voit bien que l’homme ne veut pas reconnaître son espèce dans le mal, sans doute parce que le sentiment de culpabilité qui découle de cette prise de conscience est douloureux, du fait qu’il est dépréciation de soi, donc blessure narcissique.  Mais aussi du fait que se savoir coupable débouche sur la résolution de ne plus l’être, sur l’obligation de changer, de reprendre les commandes, mais en en payant le prix ;, celui de la jouissance. Donc, par de multiples stratagèmes, l’homme cherche à se cacher son propre réel, et pour ce faire est bien obligé de déplacer le lieu de la faute sur l’Autre. Et l’Autre de l’espèce dite humaine, qui est-ce, sinon celui qu’il ne veut pas être, ce signifiant à quoi le signifiant homme s’oppose et se définit de cette opposition, l’animal ?

D’ailleurs, la nature, représentée par la terrible loi de la Jungle, est imaginée comme le lieu de tous les dangers, le lieu où la seule règle  serait la fameuse loi du plus fort, qui est une loi non conforme à la morale, qui, elle, dicte de protéger le faible.

De là à envisager là une non-loi, qui livre chacun à la sauvagerie, la bestialité aveugle, la férocité  folle, non maîtrisable, d’un plus puissant que soi, il n’y a qu’un pas, vite franchi par l’homme.

Or l’éthologie le montre, ceci ne représente pas de manière adéquate ce qui se passe en général dans la nature, mais bien plutôt ce qui arrive aux hommes dès que, perdant le nord de la civilisation, ils plongent avec délectation dans le mal, laissant libre court à une barbarie que l’on perçoit continuellement envers les animaux dans nombre de ses activités et plus rarement envers d’autres hommes.

  S’il est vrai que la nature n’est pas le paradis terrestre, si les carnivores mangent les autres, si en effet les plus faibles comme les vieux et malades sont des cibles plus faciles et donc plus probables pour les prédateurs, ce qui d’ailleurs sert la sélection naturelle, il n’en reste pas moins qu’il semble régner dans la nature une certaine sagesse. En tous cas, bien plus grande que dans  notre prétendue humanité qui, impitoyable, terrorise les autres espèces, il faut bien le dire en usant à l’envie de cette loi du plus fort tant décriée et stigmatisée comme non humaine par elle.

C’est comme si la vie sur Terre se préservait en ne donnant pas inclination aux animaux à détruire plus que besoin, et je dirais même  plus que de raison. En général, dans la nature, on ne tue pas plus de proies que nécessaire à sa survie. Il y existe donc une intelligence qui fait que cette folie sans limite  que nous y fantasmons n’y existe très majoritairement pas.

Contrairement à ce qui se passe dans notre espèce qui gâche, qui jette, qui est la plus génératrice de pollutions diverses, les autres espèces savent qu’il n’y a pas lieu de se fatiguer pour obtenir quelque chose qui est destinée à être jetée...

 Savez vous que 25% des denrées alimentaires produites sont sacrifiées à une dame vorace qui siège dans vos cuisines, la Poubelle ? De ce fait, on peut supposer qu’1/4 des animaux tués pour la boucherie le sont inutilement ce qui représente quand même près de 300 millions d’individus rien qu’en France.

Et  je ne parle pas de la pêche où les ¾ des prises seraient  rejetées mortes. 

Mais  le fauve repu, lui, laisse vivre les autres possibles proies, et il y a là un bon sens, une probable capacité prédictive, qui permet de se préserver soi-même en ne dévastant pas son garde- manger sur pattes, compte tenu de sa faim ultérieure.

 De même que l’art pour l’art semble en être exclu, l’utilitarisme animal ne faisant semble-t-il du beau qu’aux fins de séduire une partenaire sexuel, comme ce q

qu’on appelle improprement des   berceaux qui sont des nids d’amour que certains oiseaux confectionnent et qui  sont distincts des nids pour couver les enfants, ou comme  les chants d’oiseaux, de baleine ou autres vocalises dont la fonction est de communiquer à distance, la tuerie pour la tuerie n’existe pas chez nos frères aînés, les (autres) animaux.

 Les armes, puis la domestication nous ont donné une abondance que nos ancêtres n’avaient pas et eux étaient soumis à la même conduite économique, donc raisonnable, que les autres animaux...Les capacités techniques des hommes, associée à une capacité de stratégie qui elle, existe chez d’autres espèces comme la chasse en groupe, ont fourni la facilité. Leurs armes les ont rendus très dangereux, et si on en croit une des thèses sur la disparition des mammouths, c’est à nos ancêtres déjà ravageurs qu’on la devrait.

Est-ce de cette facilité relative que naquit la cruauté ?

La  barbarie pour la barbarie n’ est pas plus utilitariste que l’art pour l’art dans la nature. Ainsi, nul  n’y semble assez tordu pour avoir inventé la chasse pour le seul plaisir de tuer, de piéger, ou comme dans les corridas, pour celui de voir mettre en pièce et en musique(Olé !)   de pauvres ruminants fantasmés pour le besoin de la cause comme des fauves. Rappelons au passage que les romains et leurs arènes, bien avant nous, avaient dépeuplé de leurs fauves de nombreux endroits comme le nord de l’Afrique. Nul, depuis, n’a vu de lion en Algérie, alors qu’à Oran se trouve une Montagne des Lions, désertée de tout fauve je pense depuis des millénaires de ce fait.

L’arène est cause de bien des maux et le mal y fut vainqueur, sous la forme  de l’aveugle massacre au profit de ce qui sépare l’homme de son animalité, à savoir sa capacité à commettre ce que Gide avait appelé le crime gratuit. Ceux qui ont vu la Corde d’Hitchcock savent de quoi je parle.

 Qui dit crime gratuit dit jouissance, donc au final, le crime gratuit est au service de la jouissance pure, dégagée de tout besoin.  

Le fait que l’ homme se soit éloigné du réel par son mode de communication, le symbolique, qui est devenu son mode d’être au monde, en généralisant son appréhension de celui-ci par les mots, lui a fait perdre le sens de la réalité  en l’entraînant sur un chemin de traverse, celui où l’on peut confondre ce qui est avec le mirage né de ce qu’on en dit.
Ainsi, le massacre et la torture des animaux sera, selon les circonstances, bien loin de ces accusations, dénommés comme du sport, de l’art, du loisir, de l’éducation, de la recherche, de la gastronomie, voire même de la gestion de la nature, quand ce n’est pas de l’élimination de prétendus gêneurs comme les pigeons qui s’exposent au pire  sur les fenêtres en roucoulant trop fort pour des citadins habitués à leur idéal cimetière très obsessionnel.

Ça me rappelle la phrase de Lacan, généralisant au sujet humain cet idéal :

« Je suis ce d’où se profère : l’univers est un défaut dans la pureté du non-être. »

Quand on sait la force des mots dans le fantasme humain, il se peut qu’il mette en application ce souhait de mort qui suit exactement ce que dit Freud dans « Au-delà du principe du plaisir » où l’on voit que ce qui préside à la pulsion partielle, c’est au final, la mort, l’attirance pour le repos, « la moindre excitation » dit Freud, ce qui milite pour la disparition du désir par une jouissance absolue.

Nous commençons à entrevoir que si le désir est désir de jouissance, y céder, c’est parfois mal, si cela passe par donner la mort, en passant de surcroît par tous les caprices des pulsions non sublimées, La psychanalyse des enfants nous donne une idée de la cruauté de ces pulsions. Mais nous ne voulons pas trop ça-voir, car pour nous, et en fait à juste titre, l'enfance est innocence dans le sens où l’on n’a encore pas trop connaissance de ce qui est bien ou mal.

Ce  qui n'empêche qu’en toute innocence, les enfants sont soumis à des pulsions très destructrices.

Mais tout cela est refoulé pour les besoins de la cause, afin que l’homme, animal social ne s’entredévore pas, et c’est pour cela que nous avons oublié que notre  petite enfance était   secouée de jouissance dévastatrice. Rassurez vous, comme on le constate aisément, tout cela se passe sans qu’il y ait mort réelle, et le plus souvent à l’insu des témoins, dans la petite tête des petits anges qui peuvent accéder à la certitude de leur toute-puissance par le fantasme et l’hallucination. Cette toute-puissance a une fonction première : leur permettre de lutter contre leur désagréable réalité, celle d’être totalement impuissant et dépendant pour tout du bon vouloir de la princesse, sa mère ou celle ou celui qui joue son rôle pour l’enfant. Le désir de ne pas savoir ses manques commence très jeune !

Et la toute-puissance est bien plus confortable. C’est si jouissif de voir ses vœux réalisés en temps et en heure.

Il suffit qu’on dise, pour que cela soit.

C’est comme dans la Genèse : « Dieu dit lumière…et la lumière fut. Et Dieu dit : c’est bon. » 

Mais plus tard, lorsque l’enfant grandit, il aura encore recours à cette toute-puissance de la pensée lorsqu’il ne voudra pas voir que la réalité est moins glorieuse pour lui que ce qu’il voudrait. Tous  ces mots, ces verbiages, ces blablas pour justifier des actes violents   se confondent alors imaginairement avec le réel en barrant au moi du sujet l’accès à ce réel.

Le plus souvent, comme pour noyer le poisson dans les activités du genre de la corrida, de la chasse, mais tout autant dans les actes racistes, comme dan

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