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Psychanalyse et animaux.

brouillon1_1

5 Juin 2007, 04:05am

Publié par Jo Benchetrit

L’humanité sur le divan.

Ce que vous avez toujours voulu ignorer sur vous-même sans jamais avoir osé vous l’avouer.

 

 

Le rapport de notre espèce aux (autres) animaux en dit plus sur les Hommes que tout autre biais pour les connaître, car là, ils sont pratiquement sans masques ni censure... En effet, ce rapport est basé sur un malentendu bien avantageux pour la pulsion de mort :  il est installé dans une zone de non-droit du   fait qu’en ne les reconnaissant pas comme alter ego puisque les hommes ne se veulent pas animaux en dépit du réel de leur appartenance au même règne animal, ils ne voient pas la nécessité de les protéger de leurs monstrueux désirs par la loi. Il n’est guère que l’animal totem qui le fut, en tant que représentant du père de la horde primitive tué, et pas en tant qu’animal. Ce qui ne le protège pas vraiment, ne l’empêche pas d’être tué parfois, mais selon des règles et comme reviviscence du meurtre du père.

Le rapport aux (autres) animaux, à part de rares interdiction de   consommer certaines espèces dans certaines religions est donc pratiquement sans tabou, et pour les (autres) animaux, très dangereux. Il se situe hors du champ de la loi au sens freudien, cad de l’interdiction de l’inceste qui va vraiment plus loin que c e que ces termes induisent. ce rapport est inséparable de celui à la jouissance humaine brute de décoffrage. Ce n’est pas pour rien si on y trouve toute une pathologie intermédiaire entre psychose et névrose, comme la phobie et la perversion. L’animal, on le met souvent au singulier, comme s’il n’avait qu’une identité, comme si il était une entité unique, alors même  que le règne animal dont nous sommes est très varié, allant de l’amibe unicellulaire, à nous, en passant par les curieux virus. La diversité ne nous empêche pas de faire comme si il y avait l’homme qui se définit de ne pas être animal, comme on définit la femme de ne pas être…homme. 

Mais de même que Lacan avait raison de dire que LA femme n’existe pas, l’animal n’existe pas plus. Sauf comme la femme non barrée par la castration dans  l’imaginaire, c’est à dire la mère archaïque.
Alors, c’est quoi l’animal de l’imaginaire humain ? On ne peut faire l’impasse sur cette évidence : aux yeux des hommes il est celui qui n’est pas dans le registre de la parole. Comme on dit, « il ne lui manque que la parole ».

Que ce soit vrai ou faux du point de vue éthologique, l’homme se sent avec un animal comme si il était  dans le monde du silence.
Ce monde lui fait faire un bond en arrière, au temps (mythique au demeurant) où sa mère et lui vivaient dans le monde intime où le mot ne vient pas apposer la marque de la castration, ni donc de la distance entre les êtres. Jacques Hassoun le disait ainsi : « la vierge à l’enfant est muette ».
La virginité est à entendre comme la représentation pour l’enfant de cet état premier, sans tiers, sans père, sans langage.
L’enfant de cette époque, le bébé, est dans le monde génialement décrit par Melanie Klein où tout lui semble permis. C’est le monde de la toute-puissance, où la mère est vécue comme partagée en bons et mauvais objets, à tuer ou à incorporer.
Le monde du bébé est assez terrible, du coup, car ses fantasmes lui permettent de réaliser ce que nous ne serons plus jamais autorisés à faire, sinon de manière maquillée, en rêve, ou par la sublimation. Mais cet interdit n’est prévu qu’avec les prétendus non-animaux.

En effet, puisque ce qui est muet est dans notre imaginaire la mère archaïque, das Ding, la Chose, l’animal est de notre point de vue la reviviscence de cet être maternel. L’animal est ainsi l’image même de la Chose qui est toute à soi, l’opposée de la femme pas toute de Lacan, car pas encore frappée par la castration. De ce fait, ce qui ne parle pas, ces A (grand autre qui ) nie (tout)mot est, soit vénéré, soit une figure effrayante et envahissante qui peut se servir sur sa propre castration, chose dont, nous dit Lacan, le névrosé a horreur. Ce serait comme si la mère le forçait à être comblé, rendu sans désir par cette jouissance infinie, gavé par elle, comme si elle le  violait, le rendait fou en le sub-mère-geant.

On l’observe d’ailleurs avec l’écologie, le « pas assez » qu’on aime et le « en trop » qu’on extermine sont les 2 pôles de la gestion de la « mère » Nature, ainsi, je rajouterais, que ceux de l’amour humain.  Car la nature est vécue comme mère également. Et on voit ce que ça donne : un véritable massacre des vivants et un dérèglement de la dite nature mise à mal. Comme quoi, la perversion polymorphe de l’homme à son égard est en même temps dévoilée comme suicidaire, puisque sans la nature, l’homme meurt.

Voilà pourquoi les (autres) animaux ont pu   être sacralisés, idolâtrés  comme le veau d’or, faisant une image hybride chez les  dieux romains ou égyptiens, par exemple , ou haïs comme le sont les pauvres rats au sujet desquels le mot ratisme est tout ce qu’il y a d’a propos.

Ce qui  caractérise le rapport du bébé à sa mère est l’excès et c’est ce même excès qui se retrouve dans ce rapport homme-animal. Pourquoi ? Sans doute que le fait qu’ils soient « sans parole » en ont fait imaginairement des mères archaïques, rassurantes et inquiétantes tout à la fois, à aimer et à haïr, en tous cas à utiliser comme des objets de complétude dont l’accès est non limité par la loi.. Donc  ce qui est le plus important c’est ceci : le rapport à la mère toute-jouissante est une zone de non-droit pour le bébé et c’est cette même zone que l’on retrouve dans le rapport avec les (autres) animaux.

De ce fait, ce rapport est également le lieu du retour du refoulé, donc de la barbarie. Ce qui est logique puisqu’ on y retrouve un mode particulier de jouissance, qui est cette jouissance sans limite que nous reconstruisons de manière nostalgique comme complète. Or, on le sait, chez l’adulte, chez l’homme d’après la loi d’interdiction de l’inceste, la jouissance pré-oedipienne et donc perverse est frappée d’opprobre. Il faut jouir de manière détournée, sublimée, avec des limites, ce qui en fait une jouissance civilisée. Une certaine ascèse permet d’ en finir avec la perversion de la première enfance car les pulsions destructrices ne devront plus être satisfaites telles quelles…Quand il s’agit des hommes. Hélas, les hommes n’ont pas su inclure les (autres) animaux dans cette ascèse et c‘est loin de toute limite que nous côtoyons sans daigner les respecter ni tenter de les connaître en vrai des êtres sensibles victimes de tout ce fatras fantasmagorique… De ce fait les hommes se sont exclus de ce qui était pourtant une planche de salut pour une espèce aussi puissante et dangereuse : la civilisation, et de ce fait toujours ils n’ont pu que  construire des avortons , des images, des leurres de civilisation, leurres qui ne trompent qu’eux, les (autres) animaux sachant bien avoir affaire à des barbares, vu ce qu’ils subissent, et vous constatez que les sauvages, en général, tentent de nous fuir.   
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J
Quel beau brouillon....de culture,Je suis en admiration devant tant d'inspiration, on ne se lasse pas de lire et de conscientiser ce que l'auteur veut externaliser.merci ! 
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