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Psychanalyse et animaux.

La barbarie, Sarkozy, la civilisation et moi!

11 Janvier 2008, 06:54am

Publié par Jo Benchetrit

Il y a un  plus garnd potentiel revolutionnaire dnas ce que j'ai envie d'appeler les mémères à chienchien que dans tous les marxistes reunis.

Sarkozy lance un grand débat national sur la civilisation…je prends la balle au bond. Finkielkraut et d'autres, hier 10.1.2008, sur la 5 à C dans l’air, en ont fait autant mais en omettant un paramètre essentiel, un "paradigme perdu"(titre d’un livre d’Edgar Morin remis en selle par Sarko et qui y désignait la nature), e rapport aux animaux et à l’animalité des hommes. Or ce rapport est celui qui fonde l'humanité comme telle, dite civilisée depuis que l'agri-culture a pris la place de la simple prédation et de la cueillette des espèces végétales sauvages.

Donc depuis que l'homme a cru que la nature devait être mise en esclavage par lui en étant d'hommestiquée. Mais surtout depuis qu’il a renié sa propre animalité en se faisant créateur de vie, par sa confiscation à son profit de la sexualité des animaux pour voler les fruits de leur procréation faite jusque là pour perpétuer leurs espèces.

Ce fut la porte ouverte au pire qui aboutit d’une part aux élevages industriels et d’autre part aux camps de la mort nazis. 

C‘est ainsi qu’en reniant son animalité, l’homme perdait en même temps son humanité avant même sans doute d’en avoir conçu le concept.


Il dit: "La politique de civilisation doit répondre aux questions : comment "remettre  l'homme au cœur de la politique", "réhumaniser la société", "mettre le changement indispensable au service de l'homme" ?"

  Il y a plusieurs façons d’entendre un signifiant. C’est ce qui en fait sa complexité, et qui prête au malentendu.. Ainsi, même s’il n’est pas pareil de dire «  la civilisation doit s’opposer à  la barbarie » que de dire « la civilisation occidentale doit s’opposer à la barbarie des autres », on a encore du mal à ne pas percevoir la 2° quand on entend la 1°.

Puis il y eut la révélation du 20 ° siècle, à savoir ce que d’aucun appellent l’holocauste, disons le grand génocide des juifs et de quelques autres dans la foulée de la haine. Et là, l’occident ne put plus se leurrer sur lui-même. Pourtant cette grande déception, il eût pu se l’éviter s’il avait observé ce qu’il faisait avec les (autres) animaux. Car alors, nulle illusion n’aurait été possible, ni sur  la civilisation occidentale, ni sur celles des autres.

Mais au sujet de ce rapport aux (autres) animaux, aucun doute ne l’effleura. En effet, un solide narcissisme, appelé en l’occurrence humanisme, lui a donné de tous temps et dans tous lieux la conviction que seul l’être humain était digne de protection contre ses pulsions destructrices. Pourtant, de notoriété publique, l‘humanisme est le dernier rempart contre la barbarie.
Là, encore 2 façons de comprendre ça. Soit on en reste à l’humanisme comme défense et illustration de l’espèce humaine--et alors on ne protégera que les hommes --soit on en vient à la valeur morale contenue dans le mot humanité. Ce n’est pas pareil, en effet de dire : « tel individu est humain  car il s’oppose à la barbarie  en défendant les valeurs humaines» que de croire qu’il suffit de naître de l’espèce dite humaine pour avoir de la valeur.

En effet si l’occident croyait avoir plus de valeur que les autres civilisations à qui il déniait d’en être,des civilisations, il ne savait pas n’avoir, en réalité pas à prétendre en avoir plus que les autres, puisque son rapport aux (autres) animaux ne valaient guère mieux.
Ce qui ne signifie pas qu’on ne puisse comparer les civilisations de ce point de vue fondamental puisque fondateur de la dite humanité, qui en manque furieusement, d’humanité, à l’égard des (autres) animaux et de tout ceux de sa propre espèce qu’elle assimile à eux, et ce qui ne manque pas de piquant, au nom même de la barbarie attribuée à ces autres, barbarie qu’elle nomme en l’occasion…bestialité. Or nous ne pouvons pas ignorer que cette bestialité est propre aux hommes prioritairement, les (autres) animaux pour leur part ne goûtant pas particulièrement la méchanceté gratuite.


Les (autres) animaux sont très majoritairement utilitaristes et c’est sans cruauté que les carnivores  seront contraints à chasser pour manger et pas pour frimer auprès des copains en accumulant des trophées d’animaux bien souvent non comestibles d’ailleurs.

Selon ce qu’on peut en observer chez les bêtes sauvages, les domestiques devant être étudiés d’une autre manière, vue leur dépendance à notre espèce, et d’autres effets pervers, la cruauté en tant que la souffrance intentionnellement et gratuitement  imposée à l’autre semble fort rare, voire inexistante. Quelques  observations semblent plaider pour de la cruauté chez certains, comme les orques pendant qu’ils chassent. Peut-être, cependant, y a-t-il un sens à tout cela, sens qui nous échappe encore, et qui n’a rien à voir avec la jouissance humaine?


Reste à savoir le statut des pulsions chez les animaux. Ordinairement on pense que seule l’espèce humaine a des pulsions partielles. Les animaux auraient, eux, des instincts.
Sans doute. Enfin, je n'ose m'avancer, car on dit tant de sottises sur les autres animaux que je ne veux pas risquer de devoir me dédire à la prochaine découverte scientifique.

L’instinct est au service de la vie. C’est ce qui permet  aux individus de subsister, ainsi que leurs espèces. Les pulsions partielles sont soumises à la pulsion de mort. Mais le fait que la reproduction sexuée ait introduit la mort dans le règne animal-- la reproduction par parthénogenèse rendant immortels les individus -- on peut penser que la pulsion de mort soit apparue ainsi. C’est du moins la thèse de Lacan.

En conclusion, je dirais que l’humanité n’est humaine qu’avec les personnes qu’elle perçoit comme elle, de son espèce à  elle, ce qui, convenons-en, est le comble de l’aveuglement narcissique. Ce qui fait que si la civilisation est bien ce qui s’oppose à la barbarie, elle est partout suffisamment fondée sur la barbarie envers les animaux pour qu’on ne puisse dire que nulle part elle existe vraiment.

Lorsque Gandhi affirme que « le degré de civilisation d’une société se mesure à la façon dont elle traite les animaux » il indique le chemin le plus pertinent pour entendre ce dont il s’agit : la civilisation n’est pas acquise. Elle se gagne sans arrêt sur la tentation de barbarie tout en se prétendant humain ce qui, du fait que le  rapport des hommes aux animaux ne lui est pas extérieure mais la noyaute en son sein même, ça la rend impuissante à s’imposer de manière permanente. Pourquoi ? Mais parce que ce rapport --rapport qui fonde l’humanité comme espèce propriètaire prioritaire--se situe dans le rejet des hommes de leur  propre animalité. Or cette espèce narcissiquement organisée ne reconnaît comme devant être protégée de sa barbarie que ses semblables, à savoir ceux qu’elle reconnaît comme son image, qu’elle va jusqu’à imaginer comme image sacrée, ce qui se reconnaît dans l’expression : l’homme est à l’image de Dieu…C’est dire dans quelle estime l’homme se tient !


Avec Dieu, cette improbable construction idéale de l’humain, celui-ci se sent au dessus du panier de ce qu’il appelle en l’occasion s’il est chrétien, la sainte création.

Mais malheur à cette sainte création si elle n’est pas  estampillée humaine, car elle se retrouve alors hors identification et donc, vue que l’estime que se porte Narcisse est exclusive, exposée au pire en l’homme. Dans ce sens, l’humanisme comme amour et respect de notre espèce pour elle-même, est très dangereux car du coup son rapport aux autres est glorieusement affirmé  comme éthique d’être hors éthique !


Dire que l’homme est prioritaire sur les autres, dire qu’il est propriétaire de la planète et même parfois de l’univers…La Lune n’est-elle pas classée patrimoine de l’humanité ?...c’est dire que la civilisation s’arrête au différent de soi. Ce qui mène à la fatalité  suivante : la barbarie est l’invitée permanente à la table des civilisés, et pas du tout perçue pour ce qu’elle est.

On sait la triste fin de Narcisse, mort noyé dans son image.

D'ailleurs, ce qui le caractérise, c'est son aveuglement à tout  de  qui n'est pas son image. "Et nul, sinon Echo, ne répond à sa voix",(V.Hugo) Echo,  femme idéale pour un Narcisse  
qui s'attachera à une potiche passive aimante et admirative dans l'ombre de son homme, ne sachant que répéter ce qu'il dit n'est donc pas "autre" au sens propre, mais le miroir embellissant où il se mire. Cet aveuglement se retrouve partout, à chaque instant et est même à la base de notre "civilisation" dont le réel est la barbarie.
Le hasard me fait tomber sur cet article du Monde. ( Critique du livre
LA ROUTE (THE ROAD) de Cormac McCarthy.)
Voici donc une illustration fort à-propos de ce que je dénonce comme pernicieux dans le DISCOURS humaniste et civilisé COURANT:

"  être un homme par opposition aux bêtes, un "gentil" par opposition aux "méchants" ..."

Voilà, le maudit mot dit: La civilisation s'opposerait non à l'homme(être sacré) mais à la bête en l'homme!!!
Des  gens cultivés  faisaient partie  des bourreaux nazis ou de leurs complices.
Ça pose une question:
Est-ce que la culture est suffisante pour lutter contre la barbarie? ceux qui me lisent savent que je pense que non. Seule la pensée le pourrait. La culture n'est  pas une garantie de pensée. Les bons sentiments affichés non plus.


Le serpent se mord la queue! Comment faire comprendre que tant qu'on continuera à (ne pas) raisonner ainsi, on ne pourra pas aller de l'avant dans la marche VERS la civilisation??????
Mettre  l'homme au centre de tout comme le demande l'humaniste banal, en l'occurrence ici, Sarkozy, c'est répéter encore et toujours ce qui fait la barbarie de notre humanité, à savoir son anthropocentrisme destructeur et suicidaire, et en fait le kamikaze aveugle que l'on sait.
Si, en effet, l'économique doit se mettre au service de "l'humain", ce n'est  pas en tant qu'espèce humaine mais en tant que ce qu'il y a de meilleur sur terre du point de vue moral.
Je le redis, l'humain n'est pas ce qui caractérise le mieux l'être humain!!!
Ambiguïté pas par hasard du signifiant, à la hauteur de l'auto-surestimation narcissique de notre espèce.

Je rajoute ceci laissé sur le blog de P Assouline au sujet des autodafés de bibliothèques dans nos banlieues.

Brûler des livres, c’est mal.
Mais les lire de travers ou les utiliser pour défendre l’inverse de ce qu’ils dénoncent, c’est peut-être pire. Je viens de découvrir un blog qui utilise le nom d”‘Arendt pour défendre des gens aussi immondes qu’Henri Laborit, ce bourreau de laboratoire poudre aux yeux grand fermés des gens y compris de gôche caviar comme Resnais. Resnais a protesté dans Muriel contre la torture…mais en a fait dans mon oncle d’Amerique sous les yeux des gens qui, avec lui la dénonçaient mais sans savoir ce qu ils voyaient: des rats traqués, stressés, électrocutés et ce, des semaines et des mois durant. Combien en moururent? Ils ne le dirent pas.

  1. Arendt et un aficionado!!!
    Vraiment le blog en question dont je ne mettrai pas de lien me plonge dans l’enfer du réel humain..

    Un aficionado, Michel del Castillo, qui dit exactement ce que je ressens quand à la télé j’aperçois une corrida:
    “Ce que Hannah Arendt décrit, analyse, démontre, ma raison le comprend, mais une part de moi le refuse. Tel celui qui se penche au-dessus d’un gouffre immense, je recule, je me cramponne. Je n’arrive pas à me résigner.”

    Le rapport entre Arendt et la corrida, vous ne le voyez vraiment pas plus que ce qui se passe avec le bourreau Laborit.
    !?
    La banalité du mal c’est quand on ne voit pas la barbarie tant elle est ideologiquement socialement admise comme bien. Le déni, ça s’appelle et comme on est le monde du déni humaniste anthropocentrique, on ne voit pas ce que nous faisons est ce que nous croyons haïr.
    PEUR que jamais nous ne nous en sortions, de l’ère de la non pensée.
    Livres brûlés ou pas, preuve que la pensée fait peur…A quoi sert de penser si on ne pense pas quand ça s’impose, pour detecter et éviter la barbarie?



 

 

 

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U
Joachim Du Bellay : Les Regrets, 9France mère des arts, des armes, et des lois,Tu m'as nourris longtemps du lait de ta mamelle:Ores,comme un agneau qui sa nourrice appelle,Je remplis de ton nom les antres et les bois.Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant ô cruelle?France, France réponds à ma triste querelle:Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix.Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleineD'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure:Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
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G
Je me permets quelques petites corrections pour une meilleure compréhension du texte, qui n'est déjà pas très facile à lire...comme on est (dans ?) le monde du déni humaniste anthropocentrique, on ne voit pas que ce que nous faisons est ce que nous croyons haïr.Mais c'est peut-être moi qui comprends mal...
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