Oncle Bernard, un être humain, il y en a, n'aime pas les corridas et le dit fort bien.
Sollers, Roudinesco, Ducon et Ducu sont en bateau.
Avec d'autres Dupond la Joie de toutes nationalités, VIP ou pas VIP, tous unis dans la crasse de la "taromachie".
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Sueur sous le soleil sanglant
La corrida, c’est un assassinat laborieux plein de petits « trucs ».
Un petit truc très connu du torero : quand la pauvre bête,
essoufflée, épuisée, meurtrie, essaie maladroitement, dans un effort
immense, un merveilleux effort de bête qui s’accroche à la vie,
essaie, donc, de se jeter une nouvelle fois contre le chiffon rouge,
le petit homme habillé en femme, doré des pieds à la tête, se frotte
subrepticement contre le flanc tavelé de grumeaux de sang et présente
son « habit de lumière » ensanglanté à la foule. Laquelle frémit.
Oh ! Comme c’est passé près !
Toute la corrida dans ce geste :
montrer de la souffrance et du sang à la foule avinée, la foule en
train de digérer un repas bien lourd, bien gras, bien arrosé. Pendant
que l’animal souffre, les ventres digèrent.
Un autre petit truc du
torero : laisser le mufle de la bête s’approcher de la muleta, et
hop !, d’un brusque mouvement la lui retirer de façon à l’obliger à
un brusque mouvement de tête. Comme les muscles du cou ont été
sectionnés par le picador, ce mouvement est non seulement douloureux,
mais peut lui être fatal. Voir les mouvements de tête que provoquent
les assistants du torero quand la bête a été percée par l’épée. Ces
mouvements de tête l’obligent à tomber.
Ça saigne, ça hurle, c’est
bon, dieu que c’est bon de voir un animal souffrir ! Parfois le
taureau a été mal assassiné, il saigne vraiment trop, ça tourne à la
boucherie, alors la foule hurle son indignation : où est l’art ?
Où
est l’art, se dit la foule à l’estomac lourd, dans ce carnage ?
Car
la foule habille d’art et de culture son désir malsain de jouir de la
souffrance, celle de l’animal, évidemment — et pourquoi pas de
l’homme.
« Tu sais pas, Ducon ? » « Non, Ducul ? » « J’ai vu Paquirri
se faire encorner. Ouais ! La fémorale percée ! » « Pas possible,
Ducon… tu as eu cette chance historique ? » Ducon et Ducul sont les
mêmes qui se précipiteront pour voir quelqu’un pendu, ou torturé,
sauf que là il n’y a pas l’excuse de l’art, mais celle d’y avoir été.
« J’y étais quand ils ont tondu et violé cette pauvre fille. C’était
pas beau à voir ! » Tandis que le sang rouge sur la peau noire, c’est
beau à voir. Ducon et Ducul se précipitent quand il y a un bel
accident plein de sang sur la route pour mater un peu, sauf que c’est
un peu plus difficile que de voir une corrida quand on a le ventre
plein, qu’on est un peu bourré et qu’on « admire » les véroniques,
les mariposas, les passes de poitrine, les naturelles et qu’on peut
faire le savant sur la nature du taureau qui arrive pour la saignée :
« Il est un peu manso. » « Il corne à gauche. » « Afeitado,
afeitado ! » Traduction : on lui a limé les cornes.
Ducon hurle que
le toro est afeitado, il n’a pas sa chance (sic), tandis que lui il a
la chance de toutes les ordures, c’est-à-dire de puer au terme de son
bel après-midi au soleil sanglant.
Bernard Maris (Oncle Bernard dans Charlie Hebdo)
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