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Psychanalyse et animaux.

Destiné au blog d'Isabelle Giordano suite à...

29 Janvier 2008, 19:09pm

Publié par Jo Benchetrit

 ...une émission où elle fut peu glorieuse sur les animaux martyrs des élevages qui la laissent frigide de son glaçon de grand coeur(sic).

Je vous colle un commentaire de quelqu'un de bien informé. Ensuite, je mets mon grain de sel sur un grain de sable. vous pouvez egalement laisser votre commentaire chez elle et-ou ici.
Vous remarquerez que les comm sont coupés très courts. Donc un de mes mails est passé entièrement mais l'autre est tronqué là où ça devenait important.


antonin.chiswick a écrit : Pour Isabelle giordano,

Bonjour,

Suite à votre intervention dans le cadre de l'émission du Médiateur,
je reviens avec retard sur votre émission sur le thème de la
consommation éthique de produits animaux. Aussi j'espère ne pas trop
réchauffer les débats auxquels cette émission a pu donner lieu
(pardonnez-moi si c'est le cas), et qui m'ont un peu troublés.

A l'écoute de l'émission, j'ai été progressivement perturbé par
plusieurs aspects, touchant globalement à l'équité et à la déontologie
journalistique (mouais, ce sont des grands mots, mais j'ose espérer
qu'ils conservent sur France Inter un certain sens, quand bien même on
ne parlerait que de foie gras).

Le lancement du sujet présente le « bien-être animal » comme une
nouveauté sur laquelle l'Europe prend des dispositions réglementaires
sous l'influence de lobbies radicaux. C'est assez méconnaître le
fonctionnement des institutions européennes ! Le premier texte
européen de protection animale en élevage remonte à 1976, sous la
forme d'une Directive précisant les normes de bien-être animal dans
le domaine des transports d'animaux vivants.

Typiquement, les textes réglementaires européens constituent des
compromis politiques entre les différentes tendances des pays membres.
Comme sur de nombreux autres préoccupations éthiques (la place des
handicapés – des enfants – des homosexuels – dans la société, par ex
...), les sociétés du Nord sont généralement plus progressistes que la
France en matière de bien-être animal. Conséquemment, et généralement
dans une logique de protectionnisme économique, la France tend à
freiner ces évolutions, souvent à l'initiative des filières de
production réunies en interprofessions influentes (CIV, Inaporc,
CNPO, Interbev, etc ...)

Par exemple, l'interprofessionne
lle du foie gras (le CIFOG) dispose

d'un budget de lobbying et de communication plus de 2 millions
d'euros par an. Dans ce contexte, présenter les protecteurs des
animaux comme des lobbyistes influents introduits dans le milieu
politique européen et disposant de moyens que les producteurs n'ont
pas, c'est un peu ... le monde à l'envers !

S'agissant de vos invités, le cas de Daniel Guémené – présenté comme
un « chercheur à l'INRA » - est particulièrement problématique. Daniel
Guémené est un zootechnicien – chercheur formé à accroître le
rendement et la productivité des animaux d'élevage. Ce n'est donc pas
un vétérinaire (presque au contraire). Je pense qu'il aurait été
également juste de préciser que Daniel Guémené mène des travaux dont
les recherches sont définies et financées par l'industrie avicole, et
que son étude sur le foie gras – qui contredit les conclusions d'un
cortège d'une dizaine de chercheurs et vétérinaires internationaux –
a été financée par le CIFOG. Rappeler également que le "chercheur"
Daniel Guémené est le directeur du SYSAAF, syndicat des
sélectionneurs avicoles et aquacoles français, aurait été plus
éclairant encore pour les auditeurs.

Enfin, vous avez opposé à plusieurs reprises à la cause des animaux le
problème dramatique de la faim dans le monde. Pardonnez-moi si je me
trompe à votre sujet, mais étiez-vous bien sérieuse ?

Soupçonne-t-on les bénévoles qui aident les sans-papier de ne pas
aimer les gens en situation régulière ? Accuse-t-on les militants des
droits de l'enfant de mépriser les adultes ? Reproche-t-on à ceux qui
luttent contre le racisme de préférer les Arabes aux Français ? (ah
oui, il y en a qui le disent…).

Faut-il donc vraiment hiérarchiser la misère ? Etablir un classement
entre les souffrances et les injustices ? Selon cette échelle,
faudra-t-il attendre que la souffrance n°1 soit totalement éradiquée
pour pouvoir s'occuper de l'injustice n°8 ou de la barbarie n°40 sans
recevoir un torrent de critiques et d'accusations d'inhumanité ou de
misanthropie ? Qui aura le courage de dire à l'enfant qui ne part
jamais en vacances, au renard polaire dépecé vivant ou à la femme
battue qu'ils ne sont pas prioritaires tant que l'on mourra de faim
en Afrique ? Qui nous demande de choisir entre la barbarie X et la
tragédie Y ? Ne peut-on lutter contre les deux, et contre toutes les
autres en un seul élan de générosité ? Malheureusement, manger du
foie gras ne permet pas de sauver des enfants en Afrique ... et ne
fait qu'ajouter à la quantité de souffrance dans le monde.

En revanche, manger moins de viande peu avoir une influence
considérable, tant les céréales utilisées pour alimenter les animaux
d'élevage pourraient nourrir 7 à 10 plus de monde que la viande
obtenue. Pour info, une baisse de 5% de la consommation de viande au
Canada, par exemple, permettrait de résoudre entièrement la question
de la faim dans le monde. Le peu d'attention que vous avez portée aux
explications – interrompues – de Brigitte Gothière sur ce sujet et le
rapport alarmant de la FAO sur les impacts de l'élevage sur la faim
dans le monde me laisse songeur quant à votre intérêt réel pour cette
cause.

Finalement, n'était-ce pas un argument purement rhétorique, et assez
peu honnête ? Quelle cause ne paraîtrait pas secondaire face au
problème de la faim dans le monde ? Même le Téléthon pourrait
paraître déplacé. Et je ne parle pas de vos thèmes passés dans
Service Public, qui ne résisteraient peut-être pas longtemps à
l'utilisation systématique de cet étalon moral ? Par exemple, que
sommes-nous censés penser des heures d'émissions consacrées à se
soucier des avantages des compagnies Low Cost, des cautions
immobilières ou de la qualité de produits d'entretien ménagers alors
que des enfants meurent de faim en Afrique chaque seconde ?

J'ajoute qu'opposer cet argument à Brigitte Gothière était aussi un
peu malvenu : sans doute ne vous aura-t-elle pas dit que, parmi ses
autres activités militantes, elle gère également une association de
mise en réseau et d'aide aux enfants déscolarisés en France : « Les
enfants d'abord »... (un bon sujet d'émission pour Service Public,
tiens...).
Pour quelqu'un à qui on reproche avec certitude d'être indifférente à
la misère humaine, voilà une belle énergie, non ?

Pour finir ce (trop) long message, j'aimerais vous prendre à nouveau
au mot et vous proposer d'oeuvrer à soulager deux souffrances en un
seul geste, en cessant d'acheter du foie gras et en reversant l'argent
économisé à l'UNICEF, par exemple. Si cela devait vous paraître hors
de portée, je vous remercie au moins d'avoir une pensée – à chaque
bouchée de foie gras – pour les enfants que vous n'aurez ainsi pas
sauvés.

Espérant ne pas vous avoir trop importuné tout de même !

Antonin Chiswick






Félicitations. Lettre très informée, très bien! Géniale.. Merci des infos.
Etc .
Mais, tu me connais je ne peux laisser passer ta petite remarque en passant sur le Téléthon.


Finalement, n'était-ce pas un argument purement rhétorique, et assez
peu honnête ? Quelle cause ne paraîtrait pas secondaire face au
problème de la faim dans le monde ? Même le Téléthon pourrait
paraître déplacé. Et je ne parle pas de vos thèmes passés dans
Service Public, qui ne résisteraient peut-être pas longtemps à
l'utilisation systématique de cet étalon moral
Le grain de sable qui casse tout le reste? Ou tu ne sais toujours pas que le telethon récolte pour faire des recherches sur des animaux? ALors, je te pose la question de savoir si il est plus urgent de sauver des gens qui ont des maladies génétiques ou de sauver les animaux de labo.
Y aurait-il un vice caché dans cette belle logique?
Ou alors j'ai pas compris ce que tu voulais dire. Brefle, j'espère une réponse aussi lumineuse que toute cette lettre(ou presque).




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G
Très bons arguments, cet Antonin, car c'est ce qu'on entend à longueur de manifestation pour la défense des animaux :  "Vous feriez mieux de vous occuper des enfants qui meurent de faim..."Je vais les imprimer (dans mon cerveau !).Je trouve que l'exemple du téléthon est très bien par rapport à Giordano, car il me semble qu'elle doit être le genre d'animatrice à faire de la pub pour...
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