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Psychanalyse et animaux.

Ma lettre au Ministère de l'enseignement, Commission nationale de l'expérimentation animale.

31 Janvier 2008, 21:07pm

Publié par Jo Benchetrit

*Monsieur Bernard ANDRIEUX, monsieur Jean-Richard CYTERMANN,

Je viens de recevoir pour m'informer ce que vous lirez en bas de ce
mail.Je suis psychanalyste et ai été particulièrement intéressée par la
lettre de monsieur **CYTERMANN **qui suit. Je vous confie mon analyse
de la chose. En espérant cette lecture pas trop fastidieuse et surtout
féconde.

Je me permets de vous signaler que certaines évidences ne sont que de
la banalisation du mal selon les termes de la philosophe Hannah Arendt,
amie d'Heidegger, et qui a écrit entre autres joyaux de la pensée un
texte sur le procès d'Eichmann où elle a conçu le signifiant suivant:
"la banalité du mal."
Ce qui rend banal le mal est qu'il s'installe dans "le vide de la
pensée". et ce qui vide de la pensée, qui met en pilotage automatique,
c'est l'évidence, l'habitude de croire penser ce qu'on ne fait que croire.
Le barbare n'a pas nécessairement de couteau entre les dents. En costume
cravate, un rond de cuir peut très bien être un dangereux psychopathe,
invisible , banal si la société elle-même a une ideologie qui va dans
son sens en disant que c'est ça, le bien.

Personne ne croit être barbare.

Aussi, pour ceux qui ont un sens moral assez solide pour déceler le mal
là où le péquin moyen n'y voit que du feu, et même du bien, il leur est
essentiel de mettre en question pour les autres ce que l'idéologie peut
à tel moment de l'histoire véhiculer d'immoral. L'idéologie est
dangereuse par ses évidences en mettant chacun en pilotage automatique
de telle sorte que personne ne perçoit ce qu'elle peut avoir de
pernicieux.

Ce n'est pas parce que tout le monde croit quelque chose que cette
chose est vraie et ce ne sont pas des scientifiques comme vous qui me
contrediront.
Pourtant sachez ceci: vous ne mettez pas en cause la base de votre
discours qui n'est faite que de croyance par définition sujette à
caution. Ne vous vexez pas. Merci de continuer. Je crois vous le prouver.

Le problème est idéologique.
A la base, qu'y a-t-il donc?
Je répondrai qu'il y a un postulat humaniste que la société donne comme
un dogme religieux qui ne doit pas être remis en doute et qui peut se
dire ainsi: ce qui est utile de quelque façon à l'homme est primordial
et permet tout ce que par ailleurs on pourrait et devrait moralement
condamner.
La notion d'utilité est assez vaste...et se confond avec la jouissance,
comme cela se voit dans les numéro de dressage, ou encore les zoos, ou
encore l'expérimentation répétitive des lycées et facs et parfaitement
inutile en termes de nouvelles connaissances, mais aussi dnas la
gastronomie, en un mot dans l'utilisation multiple et banale des autres
animaux à notre service et sous nos sévices.

Ainsi dans la recherche fondamentale, le plaisir de faire une "belle"
découverte, une "belle" expérience fait oublier la douleur de l'autre,
les animaux n'étant alors que des objets procurant de la jouissance, la
jouissance interdite préoedipienne de la pulsion, c'est-à-dire non
sublimée, donc non civilisée .
Que dire alors du plaisir et de la fierté d'avoir un prix Nobel??? ça
doit bien anesthésier ses scrupules si tant est que l'état de frigidité
affective et éthique des chercheurs à leur tâche, cartésiens par
définition, lui ait laissé la moindre place.
Extension du postulat: Ce qui fait jouir est utile à l'homme, donc est bien.
Le savoir suffit à procurer un jouir (féroce si non sublimé) sans
l'alibi de l'utile, sans que ce soit de la science appliquée ni applicable.
Mais si, en plus, on brosse le péquin dans le sens de la trouille de
mourir, alors, l'idéologie médicale vient à la rescousse. Le problème
est que pour ces gens le bien est défini par le postulat et non comme
une valeur en soi. Le bien est relatif à ce que ça rapporte à l'homme.
Il ne leur vient pas à l'idée que le bien est une valeur absolue qui ne
peut être modulable en fonction de nos intérêts car alors ça s'appelle
du machiavélisme. Celui-ci est pourtant stigmatisé de manière
consensuelle comme immorale.
Mais l'humanisme est une religion qui fait oublier que ce qui est honnis
d'une main est encensé de l'autre...puisque c'est d'une morale
sur-mesure qu'il s'agit pour ne protéger qu'un seul Dieu, l'homme.
Quant à ce que vous dites sur la sévère règlementation qui encadrerait
les expérimentations, allons, messieurs, nous savons tous à quel point
c'est de la poudre aux yeux. comment ignorer la liberté exorbitante des
chercheurs?
Sachez que la position de l'homme vis à vis des bêtes est celle du
pervers. Et vous n'entendrez jamais un pervers se dire mauvais. Un vrai
pervers est convaincu d'être bon, et il n'a pas de mal à en convaincre
les autres. Le déni pervers de la souffrance des animaux et de
l'immoralité de leur exploitation est généralisé.

Croyez, chers messieurs, que je serais fort satisfaite que mes
éclaircissements aient pu satisfaire une partie de votre pulsion
cognitive et ce, sans avoir torturé le moindre animal. Comme quoi, il
peut se révéler utile et je l'espère agréable d'apprendre sans nuire à
quiconque. Ce qui est la définition de la sublimation, donc de la vraie
science qui satisfait la pulsion cognitive sans nuire.
Freud disait que la sublimation était l'issue civilisée des pulsions de
la perversion polymorphe du jeune enfant. L'expérimentation animale
n'est en rien de la sublimation.
Merci de me tenir au courant.
Croyez, messieurs, en l'expression de mes salutations attentives.

Mme Jo Benchetrit.
http://psychanalyse-et-animaux.over-blog.com/

Voici la lettre en question ici :

*
>
> *
>
>
> En-tête du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> Direction générale de la recherche et de l'innovation (!!)
> Commission nationale de l'expérimentation animale
> DGRI/A 4
> N° 2008/10.DA
> AFFAIRE SUIVIE PAR Bernard ANDRIEUX
> Téléphone : 01.55.55.99.

* *55
> Fax : 01.55.55.87.
**52
> Mail : Bernard.andrieux@recherche.gouv.fr
> <mailto:Bernard.
andrieux%40recherche.gouv.fr>
> Adresse Postale : 1 rue Descartes
> 75231 PARIS CEDEX 05
> Retranscription de sa réponse :
> « Vous avez bien voulu appeler l'attention de Mme Valérie PRECRESSE,
> ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur le
> bien-fondé de l'expérimentation animale.
> *
>

> *En préliminaire, il est capital de vous dire que les connaissances
> actuelles et celles à venir n'auraient jamais pu, et ne pourront être
> acquises sans le recours à des animaux de laboratoire. *
>

> *A titre d'exemple, depuis 1901, soixante douze prix Nobel de médecine
> et de physiologie ont été attribué à des chercheurs pour des résultats
> qui découlent directement d'expérimentations sur les animaux. *
>

> *La complexité des systèmes biologiques est telle que des cellules en
> culture ne peuvent permettre de prévoir les répercussions de
> médicaments et de produits sur les êtres vivants dans leur entier.
> Dans les laboratoires de biologie les chercheurs consacrent environ 60
> % de leur activité sur des modèles in vitro (en France, environ 10 %
> des animaux utilisés à des fins scientifiques le sont pour réaliser
> des cultures de cellules), mais ensuite ils poursuivent leurs
> recherches sur les animaux. *
>

> *Pour celles-ci, en 2004 à titre d'exemple, 1168 chiens ont été
> utilisés pour étudier les maladies humaines et animales et 3427 l'ont
> été pour valider la sécurité des médicaments et appareillages médicaux
> fabriqués par notre industrie médicale et pharmaceutique.
*
>

> *C'est ce qui explique la nécessité de disposer sur notre territoire
> de chenils spécialisés pour des chiens de laboratoire. Les essais
> préliminaires réalisés sur les animaux , permettent de limiter le
> nombre d'accidents dans la population humaine. Les rares cas
> d'accidents graves montrent qu'il est évidemment impossible de prévoir
> toutes les variabilités qui peuvent surgir dans une population de
> millions d'utilisateurs mais ne remettent pas en cause la fiabilité
> des essais réalisés sur les animaux.
> *
>

> *Je tiens à vous assurer que l'expérimentation animale est l'objet
> d'une réglementation contraignante qui garantit que les chercheurs
> sont bien formés et que les établissements satisfaisantes pour les
> animaux.
> De plus, tous les efforts sont mis en oeuvre pour mettre au point des
> méthodes de remplacement : un Groupement d'Intérêt Scientifique a été
> créé en novembre 2007 afin de constituer la plate-forme nationale des
> méthodes alternatives à l'expérimentation animale. Celle-ci demeure
> cependant nécessaire, vous l'aurez compris, si l'on veut préserver les
> intérêts de patients, la santé des animaux et la sécurité des citoyens.
> Je vous prie d'agréer...."
> *
>

> *Signé l'adjoint au Directeur
> de la recherche et de l'Innovation
> Jean-Richard CYTERMANN

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D
Que ne justifieraient pas certains pour conserver leurs douillets et crapuleux privilèges....Bravo pour ce texte au ministère permettant d'ouvrir un petit pan de la conscience de ceux qui le liront.
Répondre