Corrida no: réponse à un texte absolument idiot d'Elisabeth Roudinesco.

Elisabeth Roudinesco, aficionado, a écrit un livre au titre pertinent: La part obscure de nous-même.
On aurait pu s’attendre de la part de quelqu'un qui, comme moi, et plus que moi vu qu’elle a une petite avance d’âge sur moi, a suivi l’enseignement de Lacan, à ce qu’elle ait compris que cette part d’ombre est à combattre et non à combler.
Mais non, mme Roudinesco, au contraire, approuve la jouissance que cette part d'ombre procure(chez certains pervers car moi, je hurle de douleur et de revolte si je croise une image de ça à la télé) la corrida et va jusqu’à conseiller aux enfants d’y aller. De même qu’une autre qui se targue de connaître quelque chose aux pulsions, Catherine Clément, Elisabeth croit que la pulsion doit se satisfaire sur un animal, histoire de ne pas avoir à malmener un humain. Tout cela est bien entendu très contestable du point de vue moral et parfaitement à côté de la plaque du strict point de vue de la théorie psychanalytique .
Permettez moi de lui répondre sur ce plan. Mais vous verrez que ce n’est pas éloigné de la morale car s’il existe une éthique de la psychanalyse , il se trouve qu’elle est absolument raccord avec cette morale objective à laquelle nous nous referons intuitivement pour juger que s’attaquer à un être qui est innocent, de surcroît prisonnier d’une situation pour laquelle il n’est pour rien, que de plus il ne comprend pas ce qu’on lui veut ni comment sortir de cette situation terrifiante et atrocement douloureuse, est mal et d’autant plus mal que l’on va le torturer dès avant l’arène, et que le tout est au simple service du plaisir de gens qui explosent de joie dès qu’une arme a transpercé la peau hyper sensible des bovins.
Je renvoie ER à ce que dit Lacan sur les pulsions, et à ce qu’en dit Freud. Les 2 s'accordent à dire que l’objet de la pulsion est en danger si on se satisfait sans sublimation, sans changer de but, le but étant la destruction de l'objet.
Ainsi, tuer un animal ou tuer un homme est le même but. De plus, Lacan nous a enseigné que la jouissance n‘est jamais complète, que l’objet a est contourné, que l’on ne peut jamais être satisfait et que le surmoi est d’autant plus fort qu’on lui a obéi.
A l’inverse, l’art a pour mission de satisfaire la même pulsion mais en créant au lieu de détruire.
C’est pour cela que c’est une aberration de faire croire que la destruction est quelque chose de possiblement artistique.
Le titre du séminaire "Encore" est le résumé du problème de la satisfaction pulsionnelle. la sagesse populaire l'a pressenti en disant ceci: Qui vole un oeuf vole un boeuf, qui a bu boira, l'appétit vient en mangeant.
D‘autre part, les pulsions étant sous la domination de la pulsion de mort(Lacan), il n’y pas de doute, il faut faire bien attention de ne jamais les laisser se satisfaire de manière destructrice.
Car mettre le doigt dans cette affaire, en dehors de toute considération morale, au lieu de mettre à l'abri, expose. Pour faire image, c’est l’effet drogue. Ce qui procure joussance est quelque chose auquel on devient addicte.
Je ne résiste pas à vous faire remémorer ce qu' Elisabeth Roudinesco a osé ecrire sur les opposants à la torture tauromachique:
Lisez ce qu'elle a laissé sur un site taurin. C'est quand même d'un integrisme fasciste terrifiant, et surtout d'une bêtise absolue. Oui, j'accuse cette dame d'avoir écrit là un texte absolument stupide,ce qui, de mon point de vue est le pire qui ouvre la porte au pire, texte ignorant vraiment tout des pulsions et de la jouissance.C'est scandaleux. Une usurpation.:
D'une Psychanalyste Parisisienne
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....... S’agissant de la corrida, il est absurde de vouloir en interdire l’accès aux moins de 16 ans. Ce serait l’assimiler à un film pornographique hard et on sait que déjà la discussion a toujours été vive à propos de ce type de censure…
....... De nombreux animaux domestiques sont traités, sous couvert de bienveillance, comme des animaux en peluche. Mais de même, les adeptes du cognitivisme et du comportementalisme, ce petit fascisme de la société libérale, voudraient nous traiter comme des rats de laboratoires ou plutôt comme ils traitent les rats quand ils leurs inoculent des substances chimiques inutilement pour les rendre fous.
....... Le torero risque sa vie… et c’est pourquoi la corrida a passionné tant d’artistes et suscité une telle littérature. Certes, on rétorquera que dans de grands événements sportifs (la course automobile pu le ski) l’humain risque autant sa vie sans mettre à mort un animal. Et c’est exact. Mais, si l’on en vient à interdire la corrida, sans la moindre réflexion sur ce qu’est notre relation à la catharsis, au sacré ou à la mort, alors on ouvrira la voie au pire du pire, c’est-à-dire à cette idée folle selon laquelle nous n’aurions plus jamais le droit de tuer l’animal : il nous faudrait alors interdire tout autant la pêche à la ligne (puisque le hameçon est une arme blanche), tout forme de chasse, toute forme de lutte contre les sauterelles et les insectes, toute plantation d’OGM (destinés à la lutte contre les parasites) et il nous faudrait, non seulement devenir entièrement végétaliens, mais accepter la présence des poux et de la vermine partout. Certes, l’abattage industriel a quelque chose d’horrible, mais ce n’est pas en l’interdisant que l’on réduira l’horreur qu’il nous inspire, mais par des décisions raisonnables d’amélioration de la condition animale.
....... Dès que l’on veut fabriquer un “homme nouveau” bien lisse et bien gentil dégagé de toute part d’ombre et de toute honte on fabrique du fascisme et une criminalité bien plus dangereuse que celle que l’on voulait combattre… Donc, soyons raisonnables et combattons les nouveaux fascistes de l’antispécisme. Ils haïssent autant l’homme que l’animal qu’ils prétendent défendre.”
Elisabeth Roudinesco,
pseudo-psychanalyste, historienne, chargée de conférences à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (IVe section)
et Présidente de la Société Internationale d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse.
Dernier ouvrage paru : La part obscure de nous-mêmes, Une histoire des pervers, Ed. Albin Michel, 2007.