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Psychanalyse et animaux.

Sarkozy veut-il un enseignement basé sur l'émotion, pas sur la raison?

16 Janvier 2009, 09:45am

Publié par Jo Benchetrit

Il faut toujours se méfier de celui qui privilégie l'émotion sur la raison, étant entendu par ailleurs que celui qui ne ressent pas d'émotions est un arbre mort. Ce dont il s'agit, c'est de savoir que "le senti ment", selon Lacan. Enfin, pour être juste faudrait dire peut mentir. Il faut donc savoir dans certains cas se mettre en retrait pour faire marcher sa machine à penser, si, spontanément on n'a pas eu l'émotion intelligente, celle qu'il faut écouter et qui s'impose à certaines personnes douées d'une denrée finalement rare: la sensibilité à l'Autre.
Je doute qu'un aficionado la possède.

Ils aiment les corridas parce que ça les fait bander. Ils vont s'arrêter à cette sensation et ne pas savoir ce qui se passe en vrai dans ce réel intolérable, car ces Narcisse ne ressentent comme émotion que ce que leur corps et leur psychisme pervers leur envoient au cortex, et n'ont
pas, face à l'objet victime de leur pulsion primitive,  l'émotion suprême, celle qu'il faut écouter, celle de l'intelligence du coeur, l'intelligence dite fine, la compassion, l'empathie, la pitié, en un mot fort maltapropos: l'humanité.


Ainsi, de Nîmes, le pays de la barbarie tauromachique, je m'inquiète que Sarkozy l'aficionado nous dise ceci:
”l’intelligence humaine est avant tout le produit des émotions, et ce serait une très grave erreur de centrer les enseignements sur les disciplines cérébrales en marginalisant celles qui font appel à l’intelligence des émotions et à l’intelligence du corps“.

Je voudrais bien pour ma part qu'on fasse de la philo beaucoup plus tôt. On aurait peut être moins de fanatiques abjectes et pousse au crime.
Mais bien sûr, la philo, la vraie, celle  se servant de la réflexion n'est pas non plus   garantie puisque des gens   écoutant leurs indignes émotions aussi infâmes que celles de Wolff --le fan des corridas sanglantes  prof à Normal Sup-- y sévissent.
Et n'oublions pas Descartes qui, d'une main disait que "le bon sens est la chose la mieux partagée au monde ", de l'autre développait une theorie qui defie le bon sens, une perversion où les animaux sont des machines et où on a donc le droit de leur faire subir le pire, leurs hurlements de douleur ne signifiant rien que réflexes. Comme un roue de vélo qui grince!!

Sans compter, dans le discours de la Methode,  que  ce qu'il donne comme comble de la vérification de sa propre existence, c'est ce qu'il ne donne en rien comme une hypothèse: Dieu.
Il y a avec Dieu, selon le peu cartesien Descartes, une garantie à la pertinence à ce que nous envoie nos sens de sa propre existence et de celle des autres. Donc, d'un côté les sens ne trompent pas sinon Dieu serait un imposteur, et de l'autre ce que vous ressentez devant un animal qui pleure, c'est du domaine de l'illusion. Comprenne qui voudra.
 Dieu, à ses yeux, n'a pas besoin de preuve de son existence. Certes, à l'époque, avec l'inquisition, il convenait d'être prudent et ne surtout pas en douter, mais tout de même, en faire un élément "point de capiton" de sa démonstration, il y aurait de l'abus de servilité et de lâcheté s'il n'y croyait pas.
Comment a-t-on pu de cet illuminé faire le symbole de la raison? Ce serait une énigme si je ne connaissais pas les hommes...que je ne comprends toujours pas mais que j'explique.
Pourtant, ce n'est qu'en développant la réflexion qu'on y arrivera car il est urgent de mettre en question nos certitudes héritées depuis des millénaires et qui nous ont menés là où nous sommes, droit dans le mur.
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J
Mais je suis bien aise de TE voir exiger le primat de la raison sur les émotions, Jo ;-)Hem, ben oui, je suis pour les emotions mais pas pour qu'on leur fasse une confiance aveugle.:) 
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J
<br /> Je parie que tu as pêché ce sujet sur le blog d'Assouline ;-).<br />  <br /> La ville de Nîmes, première place française de corrida espagnole, est de fait un bien mauvais choix pour aller parler culture.<br /> Et c'est un bien mauvais choix pour parler des « valeurs » et du « sens », puisque les magouilles du maire aficionado Jean-Paul Fournier et de son délégué aux arènes Bernard Dombs, alias Simon Casas, ont été jusqu'à conduire le reste du mundillo français à mettre Nîmes au ban de l'aficion, avec notamment l'exclusion de l'Union des Villes Taurines Française en février 2006.<br />  <br /> A la décharge publique de notre omniprésident, la phrase rapportée de ce discours du 13 janvier (« l’intelligence humaine est avant tout le produit des émotions, etc » se situait dans le contexte précis des enseignements artistiques à l'école. Mais je suis bien aise de TE voir exiger le primat de la raison sur les émotions, Jo ;-)<br />  <br /> Par ailleurs, la phrase complète qu'il prononce, toujours friand de références, c'est « Car notre pays a beaucoup glorifié Descartes, et il est temps de réhabiliter Spinoza : l’intelligence humaine est avant tout le produit des émotions, etc »<br /> Celui qui a écrit son discours à M Sarkozy n'a probablement lu ni Descartes ni Spinoza, mais au moins a lu les 4èmes de couverture de « L'erreur de Descartes » et « Spinoza avait raison » d'Antonio Damasio.<br />  <br /> Sur Descartes, bien d'accord avec toi, on fait trop souvent porter au qualificatif de « cartésien » le sens de « positiviste » alors qu'il ne désigne qu'un rationalisme classique.<br />  <br /> Quant à la phrase attribuée à Claude Lévi-Strauss « l’identité n’est pas une pathologie », si on cherche à en savoir plus sur cette phrase sur Internet, on ne trouve malheureusement pas dans quel contexte Lévi-Strauss pourrait l'avoir écrite. Mais ce n'est pas parce qu'il l'a « rencontré il y a quelques semaines » que M Sarkozy la cite. En effet, on découvre que celui-ci l'a déjà citée 8 fois (au moins) dans ses interventions, et cela avant même qu'il soit élu président. Et notamment, dans le cadre du mémorable entretien accordé à Libération le 12 avril 2007, pour justifier le projet du malencontreux « ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale ».<br /> Ministère qui comme on sait vient d'être logiquement confié à Eric Besson, immigré en provenance du PS qui a su endosser une identité radicalement nouvelle. Eric Besson est remplacé à son poste précédent par Nathalie Kosciusko-Morizet, et c'est avec un certain regret qu'on voit partir de l'Écologie une secrétaire d'État qui avait signé en tant que députée, sous la précédente législature, la proposition de loi de Mme Marland-Militello pour la suppression de la corrida.<br />  <br /> En tout cas, pour ne retenir de l'oeuvre immense de Claude Lévi-Strauss que cette phrase coupée de son contexte et instrumentalisée à répétition, « l’identité n’est pas une pathologie », il est clair que Nicolas Sarkozy n'est pas, pour reprendre les termes en lesquels il présente le grand anthropologue, « un homme qui fait honneur à la culture et à l’intelligence française ».<br />  <br />
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J
Ben c'est agréable à lire pour le blogueur solitaire. Merci.
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G
J'applaudis des deux mains (parce que je n'en ai que deux)...je trouve cet article excellent...j'aurais aimé l'écrire !
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