article du figaro: Rousseau et les animaux, une rupture dans la pensée du rapport de 'l'homme aux bêtes?un livre écrit par un tortionnaire, J.L. Guichet!!!
Le monde est FOU!
Les bourreaux d'animaux, comme ce monsieur Jean-Luc Guichet, experimentateur sur animaux, comme d'autres qui se targuent d'être pour les droits des animaux, écrivent sur eux avec une sorte d'autosatisfaction, de bonne conscience intolérable à mes yeux. Il y aurait donc des bourreaux "humains". Quelle aporie, me direz vous !
Mais à prendre à la lettre, je dirais qu'en effet être bourreau est bien être humain, car c'est son propre, à l'homme, cette cruauté !
Bon, il a fait un essai sur l'histoire des rapports aux animaux, ce qui est evidemment dans mon champ. vpyons ce qu'on dit de son livre dans le Figaro.
Bêtes ? C'est vite dit
Paul-François Paoli
25 mai 2006, (Rubrique Figaro Littéraire) Un essai original retrace l'histoire des très sérieux procès faits à des animaux pour déprédations. Jusqu'à ce que Rousseau propose à son siècle de poser sur ceux-ci un nouveau regard, plus humain.
Rousseau, l'animal et l'homme. L'animal dans l'horizon anthropologique des Lumières
de Jean-Luc Guichet
Editions du Cerf, 464 p., 46 €.
Un essai original retrace l'histoire des très sérieux procès faits à des animaux pour déprédations. Jusqu'à ce que Rousseau propose à son siècle de poser sur ceux-ci un nouveau regard, plus humain.
QUI AIME bien châtie bien : l'adage ne concerne pas que l'homme, dans son rapport à autrui, mais aussi les relations singulières que celui-ci a pu nouer avec les animaux, de toutes espèces, depuis la nuit des temps. Dis-moi comment tu traites ton chien, je te dirai qui tu es : il est bien connu que notre relation à la bête nous révèle à nous-mêmes. Et celle-ci, au juste, qu'en pense-t-elle ? Saugrenue pour l'éthologie, la question ne l'est pas forcément aux yeux de l'historien. Dans Bêtes et Juges, Jean Réal, érudit passionné par la question, fouillant dans les archives de Berne, de Lausanne et d'Autun, a exhumé d'insolites procès qui ont perduré jusqu'à la fin du XVIIIe siècle : ceux que les tribunaux civils, mais surtout ecclésiastiques, ont intentés à des animaux qui transgressaient l'ordre naturel voulu par Dieu. Ici, à des chenilles et des limaces qui détruisaient les récoltes et là, aux rats menaçant la tranquillité des citadins, mais aussi à des bêtes domestiques vivant dans la proximité de l'homme, comme ces cochons qui, tenaillés par la faim, ont dévoré le visage d'un enfant endormi.
L'étrangeté de ces procès provient de leur extravagant formalisme et de leur anthropomorphisme naïf. Car on ne condamnait pas les bestioles sans qu'elles aient le droit d'être défendues ! Ainsi, à Autun, en 1522, un juriste renommé, Bartholomé de Chasseneux aurait plaidé la cause de pauvres rats accusés de troubler l'ordre public et qui se trouvaient ni plus ni moins menacés... d'excommunication ! Jean Réal rapporte même l'étrange histoire de cette truie de Falaize, en 1385, en Normandie, qui, ayant mordu un enfant, sera pendue par les pieds après avoir été recouverte d'un masque à figure humaine...
«Les animaux n'avaient pas tous le même statut, mais ils partageaient avec les hommes un projet collectif commun, celui de la création», écrit Réal, qui rappelle l'extraordinaire légende de saint François, qui à Gubbio, aurait obtenu d'un loup affamé qu'il se couche docilement devant lui. «Frère loup tu as bien fait du mal dans ce pays et tu mérites d'être pendu pour avoir égorgé des créatures de Dieu. Toute la ville est ton ennemie. (...) Mais je sais aussi ce que c'est que la faim qui t'a rendu coupable. Je suis venu à toi pour te proposer un traité et je parle au nom de ceux qui m'entourent. Tu ne devras plus menacer les hommes et laisseras tranquilles toutes les créatures. En échange, les hommes et les chiens ne te poursuivront plus et tu recevras la quantité suffisante jusqu'à la fin de tes jours», aurait proféré saint François selon une chronique de l'époque.
Cette relation symbolique de l'homme à la bête dont les fables de La Fontaine et ses merveilleux archétypes témoignent, allait être bouleversée par la montée en puissance du rationalisme. Démythifiés à l'aune du progrès des sciences, les bêtes cessent d'être coupables dans la mesure même où elles cessent d'être pourvues d'une âme sensible, à l'instar des hommes. «Vous savez bien qu'elle ne sent rien», répondra le très cartésien philosophe Malebranche à qui s'offusquait qu'il donne un coup de pied à sa chienne...
Une certaine indifférence à la souffrance animale prend-elle sa source dans cette conception mécaniste ? Dans Rousseau, l'animal et l'homme, l'animalité dans l'horizon anthropologique des Lumières, Jean-Luc Guichet, docteur en philosophie, membre du comité régional d'éthique d'expérimentation animale de Paris - Île-de-France, se garde bien de trancher. A travers son livre, il retrace l'évolution de la pensée des Lumières depuis Descartes jusqu'à Diderot en passant par l'anglais John Locke, qui va jusqu'à accorder aux animaux un entendement, insistant tout particulièrement sur l'auteur de l'Emile. Pour Jean-Luc Guichet, Rousseau est, d'une certaine manière, le «correcteur» de Descartes, qui concevait la bête comme une «machine» témoignant de l'ingéniosité divine, mais dépourvue de la moindre subjectivité. S'il situe l'homme au sommet de la création pour sa capacité de liberté, il ne fait pas de doute, aux yeux de Jean-Jacques, que les animaux sont dotés d'une âme sensible, bien que la raison et la logique leur fassent défaut. S'ils ne pensent pas, les animaux sentent et souffrent. Ils sont nos «frères inférieurs» écrira même Michelet, à sa suite. Qui n'a bêtifié un jour devant son petit chat malade ? Une fois encore c'est la faute à Rousseau....
Rousseau, l'animal et l'homme. L'animal dans l'horizon anthropologique des Lumières
de Jean-Luc Guichet
Editions du Cerf, 464 p., 46 €.
Un essai original retrace l'histoire des très sérieux procès faits à des animaux pour déprédations. Jusqu'à ce que Rousseau propose à son siècle de poser sur ceux-ci un nouveau regard, plus humain.
QUI AIME bien châtie bien : l'adage ne concerne pas que l'homme, dans son rapport à autrui, mais aussi les relations singulières que celui-ci a pu nouer avec les animaux, de toutes espèces, depuis la nuit des temps. Dis-moi comment tu traites ton chien, je te dirai qui tu es : il est bien connu que notre relation à la bête nous révèle à nous-mêmes. Et celle-ci, au juste, qu'en pense-t-elle ? Saugrenue pour l'éthologie, la question ne l'est pas forcément aux yeux de l'historien. Dans Bêtes et Juges, Jean Réal, érudit passionné par la question, fouillant dans les archives de Berne, de Lausanne et d'Autun, a exhumé d'insolites procès qui ont perduré jusqu'à la fin du XVIIIe siècle : ceux que les tribunaux civils, mais surtout ecclésiastiques, ont intentés à des animaux qui transgressaient l'ordre naturel voulu par Dieu. Ici, à des chenilles et des limaces qui détruisaient les récoltes et là, aux rats menaçant la tranquillité des citadins, mais aussi à des bêtes domestiques vivant dans la proximité de l'homme, comme ces cochons qui, tenaillés par la faim, ont dévoré le visage d'un enfant endormi.
L'étrangeté de ces procès provient de leur extravagant formalisme et de leur anthropomorphisme naïf. Car on ne condamnait pas les bestioles sans qu'elles aient le droit d'être défendues ! Ainsi, à Autun, en 1522, un juriste renommé, Bartholomé de Chasseneux aurait plaidé la cause de pauvres rats accusés de troubler l'ordre public et qui se trouvaient ni plus ni moins menacés... d'excommunication ! Jean Réal rapporte même l'étrange histoire de cette truie de Falaize, en 1385, en Normandie, qui, ayant mordu un enfant, sera pendue par les pieds après avoir été recouverte d'un masque à figure humaine...
«Les animaux n'avaient pas tous le même statut, mais ils partageaient avec les hommes un projet collectif commun, celui de la création», écrit Réal, qui rappelle l'extraordinaire légende de saint François, qui à Gubbio, aurait obtenu d'un loup affamé qu'il se couche docilement devant lui. «Frère loup tu as bien fait du mal dans ce pays et tu mérites d'être pendu pour avoir égorgé des créatures de Dieu. Toute la ville est ton ennemie. (...) Mais je sais aussi ce que c'est que la faim qui t'a rendu coupable. Je suis venu à toi pour te proposer un traité et je parle au nom de ceux qui m'entourent. Tu ne devras plus menacer les hommes et laisseras tranquilles toutes les créatures. En échange, les hommes et les chiens ne te poursuivront plus et tu recevras la quantité suffisante jusqu'à la fin de tes jours», aurait proféré saint François selon une chronique de l'époque.
Cette relation symbolique de l'homme à la bête dont les fables de La Fontaine et ses merveilleux archétypes témoignent, allait être bouleversée par la montée en puissance du rationalisme. Démythifiés à l'aune du progrès des sciences, les bêtes cessent d'être coupables dans la mesure même où elles cessent d'être pourvues d'une âme sensible, à l'instar des hommes. «Vous savez bien qu'elle ne sent rien», répondra le très cartésien philosophe Malebranche à qui s'offusquait qu'il donne un coup de pied à sa chienne...
Une certaine indifférence à la souffrance animale prend-elle sa source dans cette conception mécaniste ? Dans Rousseau, l'animal et l'homme, l'animalité dans l'horizon anthropologique des Lumières, Jean-Luc Guichet, docteur en philosophie, membre du comité régional d'éthique d'expérimentation animale de Paris - Île-de-France, se garde bien de trancher. A travers son livre, il retrace l'évolution de la pensée des Lumières depuis Descartes jusqu'à Diderot en passant par l'anglais John Locke, qui va jusqu'à accorder aux animaux un entendement, insistant tout particulièrement sur l'auteur de l'Emile. Pour Jean-Luc Guichet, Rousseau est, d'une certaine manière, le «correcteur» de Descartes, qui concevait la bête comme une «machine» témoignant de l'ingéniosité divine, mais dépourvue de la moindre subjectivité. S'il situe l'homme au sommet de la création pour sa capacité de liberté, il ne fait pas de doute, aux yeux de Jean-Jacques, que les animaux sont dotés d'une âme sensible, bien que la raison et la logique leur fassent défaut. S'ils ne pensent pas, les animaux sentent et souffrent. Ils sont nos «frères inférieurs» écrira même Michelet, à sa suite. Qui n'a bêtifié un jour devant son petit chat malade ? Une fois encore c'est la faute à Rousseau....
Rousseau, l'animal et l'homme. L'animal dans l'horizon anthropologique des Lumières
de Jean-Luc Guichet
Editions du Cerf, 464 p., 46 €.
Page 1:2Un essai original retrace l'histoire des très sérieux procès faits à des animaux pour déprédations. Jusqu'à ce que Rousseau propose à son siècle de poser sur ceux-ci un nouveau regard, plus humain.
QUI AIME bien châtie bien : l'adage ne concerne pas que l'homme, dans son rapport à autrui, mais aussi les relations singulières que celui-ci a pu nouer avec les animaux, de toutes espèces, depuis la nuit des temps. Dis-moi comment tu traites ton chien, je te dirai qui tu es : il est bien connu que notre relation à la bête nous révèle à nous-mêmes. Et celle-ci, au juste, qu'en pense-t-elle ? Saugrenue pour l'éthologie, la question ne l'est pas forcément aux yeux de l'historien. Dans Bêtes et Juges, Jean Réal, érudit passionné par la question, fouillant dans les archives de Berne, de Lausanne et d'Autun, a exhumé d'insolites procès qui ont perduré jusqu'à la fin du XVIIIe siècle : ceux que les tribunaux civils, mais surtout ecclésiastiques, ont intentés à des animaux qui transgressaient l'ordre naturel voulu par Dieu. Ici, à des chenilles et des limaces qui détruisaient les récoltes et là, aux rats menaçant la tranquillité des citadins, mais aussi à des bêtes domestiques vivant dans la proximité de l'homme, comme ces cochons qui, tenaillés par la faim, ont dévoré le visage d'un enfant endormi.
L'étrangeté de ces procès provient de leur extravagant formalisme et de leur anthropomorphisme naïf. Car on ne condamnait pas les bestioles sans qu'elles aient le droit d'être défendues ! Ainsi, à Autun, en 1522, un juriste renommé, Bartholomé de Chasseneux aurait plaidé la cause de pauvres rats accusés de troubler l'ordre public et qui se trouvaient ni plus ni moins menacés... d'excommunication ! Jean Réal rapporte même l'étrange histoire de cette truie de Falaize, en 1385, en Normandie, qui, ayant mordu un enfant, sera pendue par les pieds après avoir été recouverte d'un masque à figure humaine...
«Les animaux n'avaient pas tous le même statut, mais ils partageaient avec les hommes un projet collectif commun, celui de la création», écrit Réal, qui rappelle l'extraordinaire légende de saint François, qui à Gubbio, aurait obtenu d'un loup affamé qu'il se couche docilement devant lui. «Frère loup tu as bien fait du mal dans ce pays et tu mérites d'être pendu pour avoir égorgé des créatures de Dieu. Toute la ville est ton ennemie. (...) Mais je sais aussi ce que c'est que la faim qui t'a rendu coupable. Je suis venu à toi pour te proposer un traité et je parle au nom de ceux qui m'entourent. Tu ne devras plus menacer les hommes et laisseras tranquilles toutes les créatures. En échange, les hommes et les chiens ne te poursuivront plus et tu recevras la quantité suffisante jusqu'à la fin de tes jours», aurait proféré saint François selon une chronique de l'époque.
Cette relation symbolique de l'homme à la bête dont les fables de La Fontaine et ses merveilleux archétypes témoignent, allait être bouleversée par la montée en puissance du rationalisme. Démythifiés à l'aune du progrès des sciences, les bêtes cessent d'être coupables dans la mesure même où elles cessent d'être pourvues d'une âme sensible, à l'instar des hommes. «Vous savez bien qu'elle ne sent rien», répondra le très cartésien philosophe Malebranche à qui s'offusquait qu'il donne un coup de pied à sa chienne...
Une certaine indifférence à la souffrance animale prend-elle sa source dans cette conception mécaniste ? Dans Rousseau, l'animal et l'homme, l'animalité dans l'horizon anthropologique des Lumières, Jean-Luc Guichet, docteur en philosophie, membre du comité régional d'éthique d'expérimentation animale de Paris - Île-de-France, se garde bien de trancher. A travers son livre, il retrace l'évolution de la pensée des Lumières depuis Descartes jusqu'à Diderot en passant par l'anglais John Locke, qui va jusqu'à accorder aux animaux un entendement, insistant tout particulièrement sur l'auteur de l'Emile. Pour Jean-Luc Guichet, Rousseau est, d'une certaine manière, le «correcteur» de Descartes, qui concevait la bête comme une «machine» témoignant de l'ingéniosité divine, mais dépourvue de la moindre subjectivité. S'il situe l'homme au sommet de la création pour sa capacité de liberté, il ne fait pas de doute, aux yeux de Jean-Jacques, que les animaux sont dotés d'une âme sensible, bien que la raison et la logique leur fassent défaut. S'ils ne pensent pas, les animaux sentent et souffrent. Ils sont nos «frères inférieurs» écrira même Michelet, à sa suite. Qui n'a bêtifié un jour devant son petit chat malade ? Une fois encore c'est la faute à Rousseau....
Rousseau, l'animal et l'homme. L'animal dans l'horizon anthropologique des Lumières
de Jean-Luc Guichet
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Figaro Littéraire : les autres titres
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QUI AIME bien châtie bien : l'adage ne concerne pas que l'homme, dans son rapport à autrui, mais aussi les relations singulières que celui-ci a pu nouer avec les animaux, de toutes espèces, depuis la nuit des temps. Dis-moi comment tu traites ton chien, je te dirai qui tu es : il est bien connu que notre relation à la bête nous révèle à nous-mêmes. Et celle-ci, au juste, qu'en pense-t-elle ? Saugrenue pour l'éthologie, la question ne l'est pas forcément aux yeux de l'historien. Dans Bêtes et Juges, Jean Réal, érudit passionné par la question, fouillant dans les archives de Berne, de Lausanne et d'Autun, a exhumé d'insolites procès qui ont perduré jusqu'à la fin du XVIIIe siècle : ceux que les tribunaux civils, mais surtout ecclésiastiques, ont intentés à des animaux qui transgressaient l'ordre naturel voulu par Dieu. Ici, à des chenilles et des limaces qui détruisaient les récoltes et là, aux rats menaçant la tranquillité des citadins, mais aussi à des bêtes domestiques vivant dans la proximité de l'homme, comme ces cochons qui, tenaillés par la faim, ont dévoré le visage d'un enfant endormi.
L'étrangeté de ces procès provient de leur extravagant formalisme et de leur anthropomorphisme naïf. Car on ne condamnait pas les bestioles sans qu'elles aient le droit d'être défendues ! Ainsi, à Autun, en 1522, un juriste renommé, Bartholomé de Chasseneux aurait plaidé la cause de pauvres rats accusés de troubler l'ordre public et qui se trouvaient ni plus ni moins menacés... d'excommunication ! Jean Réal rapporte même l'étrange histoire de cette truie de Falaize, en 1385, en Normandie, qui, ayant mordu un enfant, sera pendue par les pieds après avoir été recouverte d'un masque à figure humaine...
«Les animaux n'avaient pas tous le même statut, mais ils partageaient avec les hommes un projet collectif commun, celui de la création», écrit Réal, qui rappelle l'extraordinaire légende de saint François, qui à Gubbio, aurait obtenu d'un loup affamé qu'il se couche docilement devant lui. «Frère loup tu as bien fait du mal dans ce pays et tu mérites d'être pendu pour avoir égorgé des créatures de Dieu. Toute la ville est ton ennemie. (...) Mais je sais aussi ce que c'est que la faim qui t'a rendu coupable. Je suis venu à toi pour te proposer un traité et je parle au nom de ceux qui m'entourent. Tu ne devras plus menacer les hommes et laisseras tranquilles toutes les créatures. En échange, les hommes et les chiens ne te poursuivront plus et tu recevras la quantité suffisante jusqu'à la fin de tes jours», aurait proféré saint François selon une chronique de l'époque.
Cette relation symbolique de l'homme à la bête dont les fables de La Fontaine et ses merveilleux archétypes témoignent, allait être bouleversée par la montée en puissance du rationalisme. Démythifiés à l'aune du progrès des sciences, les bêtes cessent d'être coupables dans la mesure même où elles cessent d'être pourvues d'une âme sensible, à l'instar des hommes. «Vous savez bien qu'elle ne sent rien», répondra le très cartésien philosophe Malebranche à qui s'offusquait qu'il donne un coup de pied à sa chienne...
Une certaine indifférence à la souffrance animale prend-elle sa source dans cette conception mécaniste ? Dans Rousseau, l'animal et l'homme, l'animalité dans l'horizon anthropologique des Lumières, Jean-Luc Guichet, docteur en philosophie, membre du comité régional d'éthique d'expérimentation animale de Paris - Île-de-France, se garde bien de trancher. A travers son livre, il retrace l'évolution de la pensée des Lumières depuis Descartes jusqu'à Diderot en passant par l'anglais John Locke, qui va jusqu'à accorder aux animaux un entendement, insistant tout particulièrement sur l'auteur de l'Emile. Pour Jean-Luc Guichet, Rousseau est, d'une certaine manière, le «correcteur» de Descartes, qui concevait la bête comme une «machine» témoignant de l'ingéniosité divine, mais dépourvue de la moindre subjectivité. S'il situe l'homme au sommet de la création pour sa capacité de liberté, il ne fait pas de doute, aux yeux de Jean-Jacques, que les animaux sont dotés d'une âme sensible, bien que la raison et la logique leur fassent défaut. S'ils ne pensent pas, les animaux sentent et souffrent. Ils sont nos «frères inférieurs» écrira même Michelet, à sa suite. Qui n'a bêtifié un jour devant son petit chat malade ? Une fois encore c'est la faute à Rousseau....
Rousseau, l'animal et l'homme. L'animal dans l'horizon anthropologique des Lumières
de Jean-Luc Guichet
Editions du Cerf, 464 p., 46 €.