Est-ce parce que Dieudonné n'est ni Lévi-Strauss, ni Einstein et ni Freud, qu'il aime les antisémites ?
C'est parce qu'il est plus facile de penser penser que de penser.
Vous dormiez? Et bien, pensez maintenant!
Je ne dis pas que Dieudonné soit né con. Je suppose même avec Dolto qu'on naît tous très intelligents et qu'au fur et à mesure, on le devient de moins en moins.
Mais le problème n'est pas un problème de QI mais bien plutôt du refus de penser. La haine de la pensée est proportionnelle à sa complaisance pour son propre ego.
Jouir de la vie passe par le sacrifice de sa pensée quand cette jouissance se produit dans le mal. Ce qui nous ramène à l'avertissement d'Arendt: c'est dans la non- pensée que s'installe le mal.
Il me semble important de réfléchir au fait que la civilisation n'a pas réussi à exister suffisament pour remplir son office de barrage contre la barbarie. Le "barrage contre le Pacifique" de la mère de Duras n'était pas plus efficace contre l'océan, et pour cause!
Tolstoï disait que pour donner envie aux gens de s'améliorer, il fallait d'abord leur donner l'impression qu'ils étaient bons.
D'autres assurent que le savoir, l'information peuvent produire un désir de changement.
D'autres enfin croient que le devoir de mémoire est suffisant.
Quant à moi et quelques autres, nous sommes du côté de la necessité de penser cet "impensable"-là, de quitter l'état de fascination, de fading du sujet qui est produit par la crudité, l'obscénité mais oui, Dieudonné, de la monstruosité nazie, puisque c'est de ça qu'il est question.
Car le nazisme est en effet une pornographie où les bourreaux étalent sans pudeur leur jouissance malsaine et nous font en public et dans une partouze gigantesque des orgasmes destructeurs sans aucun scrupule.
Donc, si en effet il y a de la pornographie, c'est du côté des nouveaux amis de Dieudo qu'il est necessaire de chercher. Bien-sûr, dieudo n'est officiellement pas nazi au sens strict, pas plus que ses amis des pays musulmans où se vendent les ouvrage des nazis en toute liberté, pourtant. Car il va déverser sa bonne parole dans des pays où Mein Kampf, le best seller d'Hitler et le faux célèbre, Le protocole des sages de Sion sont en vente libre et même très bien vendus. alors qu'ici, les librairies fascistes les vendent sous le manteau à leurs adeptes et aux islamistes integristes à l'esprit intégralement désintégré.
Ces non -aryens pourraient bien être visés par ces textes!
C'est pourquoi des révélations non associées au désir de penser sur soi rend inutilisable voire persécutif le savoir commémoratif. Cf le délire de Dieudonné qui se la ramène avec sa jalousie infantile du type: "Et de moi, on parle pas? Les noirs aussi ont souffert etc." Mais oui, on le sait, mon moineau.
C'est pour cela qu'il faut réfléchir à ce qui est la CAUSE de tous les racismes, et qui se trouvent dans le fils noir de Le Pen (selon le mot de BHL), Dieudonné, ainsi que dans tout un chacun, ne l'oublions jamais, car c'est ici que je situe le devoir de mémoire!
Quel avenir nous réservent ces pays qui chauffent comme des cocottes-minute lorsque la vapeur sera à son comble sous le couvercle hermétique? Que diront alors de ça nos politiquement corrects qui sont muets sur le sujet, partis à la rescousse du "bon noir" fils d'esclave (hem!) ? "Oh! Excusez nous, on ne savait pas" ? Ben oui, allez-y. On a l'habitude. Vous êtes innocents. "N'ayez pas peur!".
Il est vrai que cette option est sage: supposer l'autre innocent. Lui donner des infos pour que, sachant ce qui se passe et que, pour une raison ou une autre, il n'a pu que l'ignorer jusque là, il prenne la décision qui s'impose.
Supposer l'autre innocent même si il ne l'est pas. Et ce parce que tous unis contre cette tare humaine, qui, au même titre que tout symptôme, est à combattre devrait être plus productif que les uns contre les autres.
Mais ce texte ne peut s'abaisser à chercher la meilleure façon de manipuler. Parce qu'alors, il serait inspiré du comportementalisme, pas de la psychanalyse comme il l'est.
C'est pour cela que je ne peux avoir de stratégie autre que celle de dire ce que je sais. Car le devoir de transmission est essentiel.
C'est tout. Je ne peux avec mes pauvres moyens arriver à obtenir du malade qu'il se soigne à son corps défendant.
Je fais confiance à la portée de mon discours qui, loin d'être courant, est assez osé, ma foi. Que la lâcheté humaine ne le dénature pas par des précautions oratoires. Il ne s'agit pas d'imposer, mais de susciter du désir.
Celui, qui, lisant ces textes, restera de marbre, comme celui chez qui il y aura une lueur sache au moins ceci : je tiens pour sûr qu'il y va de la santé mentale de notre espèce et de chaque individu de surcroît de s'interroger sur ce qu'il accepte de faire à d'autres vivants sensibles et faibles pour une raison ou une autre, par rapport à lui, pour ne se priver de rien.
L'obscénité de son être au monde est-elle à lui supportable ? Voilà la question que je propose à mon gentil lecteur. Et à moi-même car je ne veux pas oublier que le devoir de mémoire, associé à celui de penser me dicte de reconnaître en moi "l'humaine condition".( Montaigne.)
La banalisation est le pire des dangers, car elle mène à ne plus voir l'intolérable et donc à l'encourager.
L'océan de maltraitance dont sont victimes les animaux est assez puissant pour que la barbarie qui s'y installe par ce biais puisse se rire de la civilisation qu'elle parasite et que, du coup, celle-ci ne soit rien moins que le ridicule artefact que Freud appelait " mince couche de vernis prêt à craqueler pour laisser apparaître la barbarie." Donc le substrat de la civilisation est la barbarie. Il faut se demander pourquoi cette condamnation.
Et vous commencez à comprendre que c'est au moins une de ses origines que j'étudie ici. et le fait que cette barbarie banalisée, soit généralisée à l'espèce humaine montre bien que les fondements même de cette espèce sont ancrés dans la boue des pulsions partielles non castrées. Celles en jeu dans la barbarie.
Il me paraît évident, comme à bon nombre d'entre nous, mais qui sommes une frange minoritaire, que l'homme doive changer d'urgence. Je crois avec Lévi-Strauss qu'il doit "se défaire de son humanisme exaspéré" comme il dit.
Cependant, même dans le cas de figure idéale d'une demande d'analyse, quelqu'un de malheureux qui décide de payer de son temps et de son argent pour changer, il n'y arrive pas facilement. Il faut des années. Et Lacan disait même: "Je ne vois que des gens heureux."
Ce qui s'explique par la compulsion à la répétition et la jouissance mortifère qui lui est associée…dont les "bénéfices secondaires de sa maladie" ( Freud).
Alors, essayer de faire changer près de 7 milliards d'individus sur un plan où ils sont satisfaits tient de la gageure. Surtout qu'en conséquence, ils ne demandent rien.
Et il faut bien dire avec Einstein qu'"il est plus difficile de désintégrer un préjugé qu'un atome."
Or la zone de non-droit où sont confinés nos relations aux (autres) animaux est bétonnée de préjugés.
C'est pourquoi je me demande depuis près de 4 ans : comment faire pour atteindre les hommes derrière le mur? (NB: rendons à César: cette jolie métaphore, je la dois au député- maire de ma ville, qui a écrit dans un de ses billets du journal municipal qu'il était important de faire des ponts et non des murs. Or, depuis des années, sur le sujet crucial de la façon dont sont traités (tués) chats et pigeons ici, Il "fait le mur"...Je n'ai jamais pu avoir un RV avec lui. Remarque. Sous la pression des gens du coin qui ne veulent pas de ça chez eux: nous avons pu faire arrêter la dernière capture de pigeons et espérons un pigeonnier contraceptif avant le baby-boom qui nous guète si on ne fait rien. Mais le silence a repris ici.)
Comment faire un pont entre mon dit et eux alors qu'il y a un fossé entre mes idées et leur esprit, entre ce que j'ai découvert sur le réel à la sueur de mon front...et leur désir de ne pas savoir, fossé entre le réel terrifiant et leur imaginaire édulcorant, gouffre entre leur sensibilité et eux-mêmes ? Et même entre leur intelligence et ce qu'ils en ont fait ?
Info pour Dieudo, déniant que les négriers étaient à part égale arabes et chrétiens:
Sur un chiffre probable de 30.000.000
d'esclaves, les historiens en dénombre environ 1000 dûs à des juifs,
proportion quand même faiblissime.
(selon de nombreuses sources sérieuses dont le résumé
se trouve dans un article du Nouvel Observateur.)
Mais il a attribué
à ceux-ci
la presque entière responsabilité de cette ignominie!