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Psychanalyse et animaux.

Etre psy et défendre les bêtes, est-ce bien rigoureux? En finir avec la barbarie, un travail de psychanalyste?

24 Juillet 2009, 10:33am

Publié par Jo Benchetrit


Expérimentation animale: le supplice des ces chiens n'a rien d'acceptable. Utile ou futile, la barbarie ne peut être acceptée par un honnête homme, donc par un analyste dont la fonction est justement de lutter contre la barbarie. Ceci de ce fait: l'analyste doit , pour que la cure se déroule de manière efficace, faire en sorte de civiliser les pulsions de son  patient par l'opération du nom du père, métaphore interdisant l'accès à la satisfaction de la pulsion telle quelle. Car elle est d'origine perverse, c'est à dire barbare, destructrice, soumise à la pulsion de mort.
Ne rien dire, c'est être complice. 
Ceux pour qui la psychanalyse fait obligation de neutralité en toutes choses s'égarent.
Non seulement il n'y a aucune contradiction entre la pratique psychanalytique et un engagement éthique mais c'est la condition même de son existence de ne pas rester confinée entre les murs d'une écoute bienveillante et passive qui serait complicité. 
Ça me rappelle une histoire sur la psychologie rodgerienne.Un patient menace de se suicider et son psy se contente de relancer son discours par une répétition interrogative  de ces derniers mots. ça donne:
"je veux mourir."
Mourir? fait le psy.
Puis le patient se lève et va à la fenêtre: 
Je vais me jeter.
Vous jeter?
Le patient enjambe et se laisse choir.
Et le psy, fidèle à son tic rodgerien dit: "PLOUF"!

Lorsque Lacan refusait d'écouter "la canaille", lorsque Freud écrivait Malaise ou l'avenir d'une illusion, ou même déjà dans les essais la psychologie des foules, c'est bien dans une prise de parti résolument anti-barbarie qu'ils se plaçaient. Un psy qui   ne réagit pas contre les dérives psychopathes de la société n'est pas un psy, mais un pervers comme tout le monde. En effet le psy n'a pas avec la pulsion partielle le rapport neutre de tout un chacun. il est un pousse-à - l'ascèse pulsionnelle si la jouissance est atteinte de manière archaïque, c'est-à-dire au détriment d'un   être sensible, y compris lui. Le nom du père  est ce par quoi cet interdit qui est celui de la loi de l'oedipe est signifié au sujet.
Le rapport aux animaux est en cause de cette barbarie qui ne saurait s'éteindre tant qu'il persistera en l'état.
En réalité un animal est un melting pot d’objets dont on peut tirer ce qu’on veut, sans se soucier de sa subjectivité, ni de ses sensations.   

Un 6° sens pour HUMANISER L'HUMANITE ?
Un 4° suffit: la métaphore du nom du père.
ceux qui croient que la psychanalyse, c'est la neutralité en toute chose se trompent.
Freud le démontre dans Malaise dans la civilisation:

La barbarie n'a hélas que la honte, que Freud appelle "angoisse sociale", comme rempart, et non le sens moral. Lorsque la honte se lève, le barbare  que nous sommes s'en donne à coeur-joie. Si le rôle de tout un chacun est de se mobiliser contre cette dérive en soi et chez les autres car c' est une potentialité humaine , celui du psychanalyste est de s'en faire très fermement le dénonciateur.  Mais a-t-il pouvoir d'en guérir l'humanité?  

Aux origines de la barbarie humaine, que ce soit  entre les hommes, entre ces auto-décrétés "êtres supérieurs" et la nature et entre eux et les animaux, il y a un rapport illicite qui ouvre la porte au pire qui siège en l'homme et lui interdit de progresser moralement: celui aux "bêtes". On ne peut donc se contenter de réduire sa facture d'eau pour sauver la planète. il faut changer de point de vue de manière copernicienne, à savoir nous infliger la blessure narcissique ultime et indispensable à notre survie: nous ne sommes pas le centre du monde. Nous ne sommes pas plus importants que le ver de terre. Ou peut être moins car on découvre que celui- ci est nécessaire à la vie de la terre au sens de terreau du monde végétal.
Alors que nous, nous menaçons la vie.
Les vers de terre disparaîtraient...les autres espèces, dont notre espèce chérie, aurait du mal à y survivre. Nous disparaîtrions, le monde mettrait 100 millions d'années à se purger des traces toxiques de notre passage. 


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