La guerre contre les animaux a tué l’humanité..
Auto-psy d’un ratage :
Ou comment la guerre
contre les animaux a tué l’humanité..
Acte 1 : la guerre dans le réel.
Cette guerre n’est pas toujours consciente aux yeux des hommes, déni oblige. Le front est partout, protéiforme.
D’abord dans l’utilisation des animaux :
A. Alimentation
B. expérimentation animale : pour la recherche fondamentale, la santé, la guerre, les tests divers et cruels pour les produits corrosifs d’entretien,
C. compagnie, chiens de garde, chats mangeur de souris, chasseur de rats, oiseaux en cage, poissons en aquarium : pb de la domestication des espèces.
D. distraction :
Equitation, cirques, dressage, zoo, delphinarium, chasse, corridas et autres jeux taurins, combats d’animaux, etc.
Ensuite dans leur non-utilisation :
Malheur à eux :
- si on ne voit pas à quoi ils servent et qu’on les trouve, en prime, gênants.
- ou si l’abandon de leur utilisation en fait des êtres désadaptés, car rendus par le désastre de la domestication, et ce, de manière irréversible, eux et leur descendance, dépendants des hommes et dans leurs pattes: pigeons, chiens et chats abandonnés qui couvrent le monde dans notre ombre, affamés et tristement coupés de toute capacité à se débrouiller seuls.
- Ou dans la « gestion » des espèces sauvages, car l' homme, ce grand perturbateur de la nature, qu’on commence à entrevoir comme un des plus grands si ce n’est le plus grand fléau que les vivants aient eu à subir depuis 3 milliards d’années, se pique d’être gestionnaire de ce monde qu’il considère comme sien.
- Ou encore s’ils sont décrétés nuisibles et/ou proliférants selon un langage politiquement correct.
Chaque activité concernant les hommes et les animaux se paie d’une grande souffrance animale. Quelques olibrius, des gens qui ne peuvent de par leur sensibilité, leur lucidité sur ce point , rester passifs et indifférents, voire jouisseurs du malheur de ces plus autruis des autruis(E. de Fontenay) se sentent investis d’une mission souvent périlleuse: celle de protéger les « improtégeables » selon la norme. Du coup, ils semblent aux yeux des autres des déviants, de anormaux. Et il faut l‘être un tant soit peu pour nager ainsi à contre- discours courant qui, on le sait, donne le la de la norme.
Je vous assure que les protecteurs se donnent un mal de chien à accomplir sans cesse ce qui ne paraît aller de soi qu’à eux et à quelques autres, sans plus. Le mal que l’on fait aux animaux, dites-vous ? , leur rétorque-t-on. Mais ce n’est pas urgent. Sachez qu’il y a toujours une autre urgence, celle du malheur des hommes. Sous entendu : nous faisons ce que nous voulons aux bêtes, en attendant Godot, et fichez nous la paix.
Résumé du problème que rencontrent les défenseurs des animaux.
On les contraint sans cesse à expliciter des choses qui vont de soi, en particulier à démontrer que la réponse à la question :
Pourquoi c’est mal de faire du mal ? est bien :
Parce que ce n’est pas bien.
Pourquoi cette vérité universelle n’est-elle pas admise quand il s’agit de faire du mal aux animaux ? Il y a une réponse, assez simple : l’animal, cet objet subissant le mal que les hommes ont décidé de lui faire subir, ne bénéficie pas de la protection minimum dont les hommes pensent pour leur part qu’il est normal qu’ils en aient un droit exclusif. Ce qui fait qu’envers les bêtes, le curseur de la norme est sur le mal, le bien qu’on leur fait allant jusqu’à choquer certains qui y voient là une marque de pathologie ou pire à leurs yeux, d’une malveillance misanthropique vis à vis du genre auto-décrété malgré ça, « humain ». Il faut dire que la morale humaniste qui a cours est de donner comme bien le fait d’aimer le genre humain, même lorsque celui-ci se montre dans sa terrifiante et haïssable spécialité :l’inhumanité. Ainsi, l’homme a tout loisir d’être bestial avec les bêtes sans penser y perdre le melting pot de vertus contenu dans le signifiant magnifique et si mal t’à propos d’« humanité ».
Acte 2. La guerre des mots.
L’humanité et la bestialité sont des signifiants qui s’opposent selon les usages en cours.
Il plane dans la nature une odeur de souffre.
L’homme y voit le lieu de la réalisation multiforme et sans entrave de tous les désirs. Comme les animaux ne parlent pas, ou plus précisément pas le langage des hommes, ceux-ci ont l’impression que les autres espèces sont hors des contraintes (interdit de l’inceste) que leur a imposées l’accès au symbolique. L'homme voit dans les autres animaux des êtres sans l’obligation qui lui est faite d’être ou plutôt de paraître d’un bon niveau moral. La morale en question n’est pas nécessairement si morale que ça et peut simplement se contenter de la résignation au code de bonne conduite de sa société. Ainsi, ils voient dans la nature et particulièrement dans le reste du règne animal comme une obscénité. De là est née d’ailleurs la notion de bestialité. Est bestial celui qui se montre amorale, incapable de contrôler ses pulsions, sans aucune limite d’aucune sorte, en particulier celle du minimum de respect dû aux autres. L’idée est donc qu’on pourrait jouir sans ce reste d’insatisfaction qu’on connaît tous fatalement si on pouvait aller au bout de son désir. Et quel est-il ce bout, si on n’est plus soumis à la limite imposée par les règles du respect des autres ? Je vous le demande. Peut être ne le savez-vous pas. Pour le savoir, il faudrait qu’avec les gens, nous ayons parfois l’opportunité de le vivre, ce sans entrave Mais cela n’arrive pas dans notre quotidien. On sait bien certaines choses , « d’instinct ». Par exemple qu’on serait bien capable de tuer ceux qui dérangent nos ambitions. Les hommes, du coup, font tout pour maquiller leur appartenance à ce règne animal auquel ils attribuent par projection ce qui est en eux, qu’ils refoule ordinairement, et qu’on appelle le mal. Cette dissimulation de son animalité est donc en fait une tentative d’ignorer ce qui est le plus humain, pourtant, à savoir ses pulsions qu’ils voient comme la bête en eux. Cette rupture volontaire d’avec le règne animal trouve dans la Bible un belle métaphorisation : après le péché originel, Adam et Ève doivent sortir du paradis où ils étaient à égalité avec les autres espèces. Souvenons nous que dans la Genèse 1, les animaux étaient déjà créés avant Adam, et que dans la Genèse 2, ils le furent après, pour lui tenir compagnie. Mais comme ça ne suffisait pas, Ève fut créée à son tour. Rappelons que c’est sa pulsion cognitive, c'est-à-dire sa curiosité, qui fut le ver dans la pomme de ce système bien huilé.
Dans les 2 cas, ces créatures, les hommes et les animaux ne se mangeaient pas entre eux, la mort n’existait pas, et tous vivaient, selon la très intéressante formule, « en bonne intelligence. » Et ils ne supportent plus leur nudité qu’on pourrait dire animale, comme si le corps était l’animal en soi, mais comme si il fallait en avoir honte.
Tout dans notre humanité montre la honte de l’animalité comme illustration de ce qui fait tabou, à savoir la sexualité qui nous dévoile comme animal. Tout est fait pour la faire disparaître sous les vêtements. Ce qui est amusant à noter, c’est que le refoulé du sexe revient dans les vêtements sous la forme de la séduction érotique qui fait de la mode un moyen de plaire à un éventuel partenaire. Mais le rire s’arrête vite lorsque l’on constate qu’aux yeux de certains, le comble de la séduction du vêtement féminin , crut se voir dans la peau volée aux bêtes écorchées et suppliciées pour cela : la fourrure. Mais avouez que c'est un comble que ce
retournement , cette vacillation humaine qui ne peut voir dans la sexualité qu’une façon d’être une bête.