Introduction à l'étude de la barbarie.
1°Tous les hommes sont humanistes et barbares à la fois. Est-ce une contradiction?
Non. Elle n'est qu'apparente et je développe ici pourquoi cette assertion.
2°Tous les hommes sont capables d'être des justes et ne le sont pratiquement jamais.
Là, oui, il y a contradiction, par contre.
Voici, en peu de mots, le résumé de mes interrogations.
Nous étudierons ceci à la lumière de ce qui fait l'homme, sa façon d'être au monde, son choix de vie d'où l'éthique est, malgré les apparences, absente. Son choix d'actions sur le monde l'a en effet façonné en espèce abusive et tyrannique, déniant son appartenance au réel des (autres) animaux, se voulant "genre humain", hors du règne dont il est scientifiquement parlant, le règne animal.
C'est-à-dire qu'il se veut inclassable, faute d'avouer qu'au fond, il s'est sacralisé et issé au rang d'un dieu.
Nous verrons que la barbarie ne lui plaît que lorsqu'il est en est l'agent et pas la victime. Et que c'est pour éviter ce rôle-là qu'il a créé des lois. Lire à ce sujet Totem et Tabou de Freud.
Cependant des lois ne peuvent être une véritable protection que si on n'exclut personne du champ des bénéficiaires de cette protection.
En effet, on peut facilement changer de catégorie car l'homme prend ce qu'il dit pour ce qui est. Il lui a suffit de dire:"je ne suis pas un animal" pour y croire. Mais il y a un os dans ce système: il lui suffira pour vous classer hors du genre humain de décider de vous classer animal pour que vous soyez basculé du statut homme au statut hors-humains, ce qui est dangereux parce que précisément les lois ne sont pas faites pour les hors-humains.
C'est là qu'on en revient à l'humanisme. Pas celui des "humanités", des études, mais la théorie universellement admise chez les humains selon laquelle leur bien, c'est le bien. Que ce qui les sert de quelque façon que ce soit, même absurde, même parfaitement gratuite, pour le fun, le plaisir ou l'arbitraire le plus vide de sens, est, au fond, moral.
C'est en cela que l'humanisme n'est en rien une protection contre le déchaînement pulsionnel qui peut s'abattre sur eux, mais au contraire une condition de cette barbarie.
Pourtant, les hommes y croient dur comme fer: l'humanisme c'est, disent-ils "le dernier rempart contre la barbarie".
Il est bien évident qu'en étant une complaisance envers les pulsions en question, l'humanisme, la préference à l'homme placé en tant que prioritaire, ne peut en même temps les en protéger!
Mais l'évidence n'est pas le fort de l'homme. Il a décidé un jour que ce qu'il disait était le vrai sur le réel et que ce qu'il voulait de pire, c'était le bien, à condition toutefois que ce ne soit pas des hommes qui le subisse.
Mais à cause de cette restriction, un épée de Damoclès nous surplombe. Le sera-t-on demain pour ceux qui auront le pouvoir de nous en exclure? Comme, déjà, pour Ben Laden, nous ne sommes pas des hommes, mais des chiens d'infidèle, alors, tout lui est permis contre nous.