jouissance;amour;pulsions;encore; ça suffit!
je hais la souffrance imposée par l'amoral tyran bien plus que je n'aime les victimes que je défends de toutes mes forces.
Du fait que le symbolique l’a tordu au point de ne plus savoir vivre d’instinct, en se soumettant à la pulsion de vie, l‘homme semble être condamné à vivre en contrariant son désir de mourir. On a vu, d’autre part, que l’homme est le seul vivant, jusqu’à preuve du contraire, à pouvoir agir en barbare. A défaut de tuer le sujet, le sujet de la pulsion court après l’impossible objet a, et, ne pouvant l’attraper puisqu’il est inatteignable, il veut tuer l’Autre porteur selon lui de cet objet qui se dérobe et excite le sujet.
Contrairement aux (autres) animaux, le plaisir ne vient pas de la satiété, car il n’y a pas de satiété pour l’homme. Il vient de la destruction de l’objet. Et ce plaisir est toujours insuffisant, puisque l’objet réel du désir ne peut pas être atteint. Et le serait-il qu’il ne pourrait provoquer que de l’angoisse car il serait alors « trop » ! C’est vous dire si nous sommes tordus. Car le désir est ambigu. Il a une double face. On peut désirer deux choses contraires en même temps : la complétude et la liberté par rapport à l’objet de complétude. Le comportement du boulimique qui se fait vomir après s’être rempli peut donner une idée de ce que je dis ici. En amour, on observe des phénomènes voisins, où l’être aimé, que dis-je ? … adoré est tellement « ça » que l’amant ne le supporte pas, et le vire, puis veut le reprendre dans un jeu de for-da inconfortable pour tous.
Jusqu’à ce que l’aimé casse le lien et laisse l’amant dans l’état de délabrement qu’on imagine.
C’est ainsi que dans sa quête d’apaisement, l’homme peut tomber dans le pire, la régression au temps où il croit qu’il n’y avait pas d’interdit, au temps où l’enfant « aimé » se croit tout permis…du moins en fantasmes et hallucinations du réel. Car dans la réalité, bébé est bien impuissant à mettre en actes ses petits délires de toute-puissance. Mais en fantasmes, il peut être féroce, et l’homme qui peut, lui, agir, s’il régresse à cette période devient extrêmement dangereux. Or il ne faut pas oublier ceci : nous y sommes tous, régressés à ce moment-là, du fait que notre espèce nous y a mis en abandonnant son statut d’animal colocataire pour celui d’homme prioritaire sur tous et propriétaire de tout.
D’où le fait que l’homme est un animal très dangereux, capable de tomber dans la barbarie que je définirais de la façon suivante : le plaisir de nuire de manière impitoyable, sans aucune motivation vitale.
Avec, sous-jacente, la tentative de se soulager des interdits sociaux qui n’admettent pas la satisfaction directe des pulsions. Du moins officiellement. Car il n’est plus trop question d’interdit dans les zones de non-droit par elle définies, dont la plus énorme, celle qu’on ne voit pas tant elle recouvre notre champ visuel : notre rapport aux (autres) animaux.
L’état d’insatisfaction que ressentent les humains est dû à la définition même de la pulsion qui ne pourra de toutes les façons jamais arrêter de les titiller. Même quand ils vont se rincer l’œil à l’hémoglobine dégoulinante des arènes de la honte.
La pulsion est un robinet ouvert. Jouir est une manière de croire l’apaiser, alors qu’elle réveille le manque.
C’est ainsi de toutes les addictions. Ne parle-t-on pas des alcooliques comme de « boit-sans-soif » ? Ne sait-on pas que la moindre goutte d’alcool fait d’un désintoxiqué un esclave de ce dont il a eu tant de mal à se libérer ?
Ce n’est pas pour rien que l’Espagne est le pays d’Europe où la proportion de femmes tuées par leurs conjoints est la plus forte d’Europe. Là où on réveille la barbarie, là où la société permet le pire, on régresse au stade du narcissisme primaire. Qu’on l’appelle alors secondaire ne change rien au fait qu’il est contemporain de la perversion polymorphe et que rien ne l’apaisera. Il n’y a que le mot : STOP de la décision d’arrêter qui permette un espoir.
Mais avec les animaux, qui dit STOP ? Qui dit radicalement stop ? Personne. Car proposer des aménagements ne change pas le fond du problème.
Et le fond du problème, c’est qu’avec les (autres) animaux, les hommes, à défaut d’être humains…sont humanistes ! L’humanisme, l’amour de l’homme pour lui-même à travers tous les autres, c’est encore pire que l’indifférence, qui n’est pas la haine. Alors qu’amour et haine sont des passions qui sont proches, comme on le sait. De par leur humanisme, les hommes sont installés au stade du narcissisme.
En d’autres termes, se comparant aux animaux avec mépris ( on connaît la phrase leitmotiv : « On n’est pas des bêtes ».), ils étalent leur supériorité, leur amour d’eux-mêmes. Pas étonnant car dans une zone de régression comme les zones de non-droit, la régression au stade du narcissisme primaire est automatique.
Du coup, il était fatal que les hommes exposent avec les (autres) animaux ce qui n’est rien moins qu’une absence de modestie obscène, qu’un égoïsme qui les rend imperméable à toute argumentation morale : ils sont dans la jouissance due au retour à l’époque refoulée de la perversion polymorphe et malheur à celui qui veut les en faire sortir. Ils mordent !
Car, dès qu’abordée, la jouissance est une drogue dure. Comment dire aux hommes la nouvelle : pour être humains, il leur faudra se priver de tout ce qui nuit aux autres vivants ? Là est tout le problème. Essayez déjà de dire à un alcoolique qu’il devrait ne plus boire et la violence attendue de sa réaction vous donne l’image de ce qui attend celui qui suggère aux hommes de cesser d’être des barbares.
C’est pourtant ça que je tente ici. Un gilet pare-balle s’impose !