Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Psychanalyse et animaux.

Comprendre la philosophe E de Fontenay?

21 Novembre 2010, 08:34am

Publié par Jo Benchetrit

Comprendre la philosophe E de Fontenay?
Il faut voir que,  contrairement aux humains classiques, elle inclut dans sa réflexion sur l’homme, les animaux, et sur les animaux, l’homme, sans que ce soit par le fameux leitmotiv imbecile du propre de l'homme. Est-ce cela ou pour autre chose qui fait qu’elle ne développe pas le discours paranoïaque, manichéiste,  qu’on retrouve dans celui des révolutions de type marxiste ? Elle ne développe pas de clivage entre les bons animaux et les méchants hommes.

Elle ne veut pas léser l’homme, et sa compassion va tout autant à lui qu’aux animaux , ce qui gêne les 2.  Ceux qui défendent les bêtes  attendent un discours plus musclé de la part  de la philosophe qui a commis un ouvrage  précieux pour leurs recherches, rare de la part de quelqu'un de son niveau, « le silence des bêtes ».  mais cela ne peut pas plaire trop non plus aux  exploiteurs d’animaux, aux tortionnaires, en un mot aux hommes moyens, majoritaires, idéologiquement blindés par la notion d’un animal d’essence fait pour eux.  Ceux-ci ne veulent pas penser que les animaux  sont des sujets, vulnérables de surcroît, et dont ils auraient le devoir de s’occuper afin de ne plus (trop) les léser, de les protéger, y compris d’eux, ce qui donne à la lutte revolutionnaire pour la liberation des animaux une structure moins paranoïaque.
Ce qui mène  E de F à bien des pirouettes, à faire du funambulisme. L’avantage premier de cette position éthique inconfortable est celui-ci : ne pas heurter le monstre qui, en l’homme ne cherche que son intérêt, à savoir sa satisfaction pulsionnelle. Lui permettre d’être quelqu’un qu'on va inviter plus que d’autres, plus radicaux, sur les ondes. Une neutralité de bon aloi qui ne fait pas peur. Un discours dénotant d’une grande culture, pas toujours facile à comprendre, qui fait penser à l’auditeur moyen que ce qui est dit est intelligent, mais néanmoins pas complètement obscur, et surtout n’est pas révolutionnaire, et donc ne veut pas créer de changements déstabilisants. Du coup, peut être ne créera t elle pas de résistance car l’homme déteste à avoir à changer et, sur ce point, elle ne prône que de tous petits pas, faisables par tout le monde, dans l’attitude qui consiste à ouvrir peu à peu les yeux, sans pour cela voir une image de soi trop dévalorisée.

L’avantage  premier de cette recherche de bienveillante neutralité est de faire passer des idées neuves, enfin toujours et semble-t-il neuves du fait qu’elles sont oubliées, plus que refoulées, forcloses,  dès qu’entendues. Regardez donc combien son livre le démontre : les grands hommes dont il  s’agit, et qui ont eu entre autres un discours sur les animaux n’ont laissé de traces dans les esprits que sur ce qui ne concerne pas ces derniers !

Sauf lorsqu’il s’agit de les conforter dans l’idée délirante et qui a atteint son climax avec  Descartes et ses amis comme  le sadique Malebranche que l’ animal   est un objet animé de reflexes , un meuble capable de se mouvoir de lui-même, comme le dit encore, en 2010, le code civil ! Ou comme les textes de La Fontaine où l’animal n’est qu’un support pour parler des hommes.

Je ne pense pas qu’E de F soit une stratège volontaire. Je pense qu’elle fait s ce qu’elle peut, vue ce qu’elle est , ce qu’elle a vécu, vue qu’elle ne veut pas heurter ceux qu’elle aime et qu’elle sait combien la lutte pour les animaux crée des inimitiés. Et pourtant, comment faire pour prôner une révolution telle que celle qui vise à libérer les animaux de notre joug sans heurter le réactionnaire en soi ?  car toute lutte révolutionnaire  vise à transformer non seulement les rapports entre exploiteurs et explpités, mais à se changer soi-même, car l’homme est un être multiple. Aucune personnalité n’est qu’unifiée. Certes, l’image que nous en avons est une. Mais si on pratique la psychanalyse ou la simple introspection honnête, on se rend compte que nous ne sommes pas fait d’une seule pièce. D’où la magnifique trouvaille de la dialectique thèse, antithèse synthèse, qui fait que celui qui écrit doit  être l’avocat de chacun , y compris de son ennemi. Ensuite, la synthèse signifiera que rien n’est simple, mais est simplifiable en prenant chez l’un et l’autre ce qui est le meilleur à nos yeux.

Tout ça, c’est bien beau, mais en attendant, les animaux souffrent. La souffrance ne chôme jamais. Or elle est le plus souvent due à l’action des hommes. Alors, qu’est-ce qu'on fait ? On attend gentiment que les hommes se donnent le mal d’essayer défaire un petit effort ? Lorsque quelqu'un se noie, alors que vous êtes endimanché, attendez vous doucement de   bien réfléchir d’abord à ce qui est mieux pour vous,   mouiller vos beaux habits, en changer pour de moins chers, ou passer votre chemin sans  rien voir ?

Or, en ce moment où confortablement chez moi, je pense à eux, des milliards d’êtres sensibles, aussi vulnérables que vos enfants, sont en train de s’enfoncer dans des situations que vous ne voudriez pas pour votre pire ennemi(enfin, si, vous le voudriez, mais n’oseriez pas le dire !). Alors, combien de temps allez-vous réfléchir pour savoir si vous n’allez pas trop souffrir de  changer vos habitudes ? Combien de milliards d’animaux dont chacun est un sujet ^ris d’angoisse intolérable, de douleurs atroces, combien attendrons nous encore pour ne pas souffrir, nous de légers changements dans notre vie? IL suffit d’un peu d ‘imagination pour éviter d’utiliser les animaux. Les vegans y arrivent bien, eux. Alors, pourquoi pas tout le monde ? Pour que tout le monde (monde est étymologiquement : propre) abandonne l’immonde en soi, il faut troquer le reflexe humain : j’ai tout les f droits, je suis prioritaire, par un : nous sommes tous sur le bateau de la vie. Ce n’est pas facile. Mais  ça peut aussi être jouissif. Simplement, au lieu de jouir au détriment des autres, ils faudrait juste avoir une attitude de partage, de compréhension que nous sommes des êtres  pour vivre mais aussi pour mourir et que nos droits s’arrêtent  à ceux des autres et nos devoirs eux, commencent  quand l’autre a besoin de notre aide, comme nous pouvons avoir besoin un autre jour de  la sienne, et ce, sans que personne n’en soit lésé. Le seul sacrifice, de toutes les façons,   qui vaille n’est pas celui qu’ont inventé les hommes par peur d’un être suprême sévère  qui les punirait, eux de leur vilénie, est le seul sacrifice rédempteur, le seul acceptable par la morale, et c’est le sien pour l’autre.

Et pourtant, vous qui sacrifiez  les autres pour vous, pour votre salut, vous vous sentez bons. Enfin, vous vous savez égoïstes, jouisseurs même si ça nuit à autrui, mais vous vous trouvez au final plutôt mieux que  d’autres. Mais vous voulez faire en vous la synthèse de toutes les positions. Du coup, vous ne vous mouillez pas et vous laissez le mec ( cad le monde, les animaux, vous...) se noyer pour épargner vos belles habitudes comme vos beaux habits. 

Mais dire cela fera peut être  moins avancer les choses que la position d'Elisabeth de Fontenay qui, petit à petit arrivera peut-être  à creuser dans la certitude mégalomaniaque  et autiste de l’  humain moyen le salvateur trou du doute de soi.

 

On saura alors que certains encore souffriront, mourront…puisque dans tous les cas, notre travail est immense devant le tsunami de l’ignominie des hommes.

Mais sommes nous certains d’être sur le même projet ? Entre Mme de Fontenay et moi, il peut se faire sentir des différences douloureuses. Par exemple, je n’aurais jamais pu dire la dernière phrase, en particulier les   3 derniers mots de cette interview alors que j’adhère  évidemment avec   la fin de la 1° qui signale l’urgence de s’occuper d’interdire  les élevages intensifs et de tout ce qui va avec:

(…) je  crois qu’il appartient à des gens qui ont fait politiquement leurs preuves, non pas de mélanger hommes et bêtes, en disant trop abruptement qu’il y a entre eux une communauté de destin, mais de dénoncer, au titre de l’humanité de l’Homme, de la solidarité des vivants et de la lutte contre le commerce mondial, l’élevage intensif en batterie et certains modes barbares de transport et d’abattage. Cela me paraît plus urgent que de combattre la chasse ou la corrida qui, comme les sacrifices antiques, ont un riche contenu anthropologique.

Elisabeth de Fontenay, larges extraits d’un dialogue avec Jean-Marie Brohm, Philagora , 2001. http://www.vacarme.eu.org/article764.html

 

Commenter cet article
G
<br /> <br /> J'ai vu ça dans un documentaire passé il y a deux jours sur Arte. De toutes façons, les gens sont si pauvres qu'ils n'ont guère le choix s'ils ne veulent pas mourir de faim.<br /> <br /> <br /> C'était surtout ma mère qui était une militante forcenée (j'ai vendu l'huma dimanche avec elle, j'avais à peine 10 ans).<br /> <br /> <br /> Ceci dit, marxiste ou pas, ça reste des "humains"...barbares !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> je veux dire que la lutte des classes, c'est du concret entre les hommes.<br /> y a les exploiteurs, les prolos, la plus value sur leur dos. notre desir de faire du simple est realisé par cette thei orie.ton père est au PC?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Es tu sûre de cette   info car il traine des rumeurs, arfoiss, pffft!?<br /> <br /> <br /> certes, c'est choquant si les indiens en question ne sont pas au courant de ce qu'ils risquent s'ils signent , c'est pas plus tolerable qu'avec les animaux. Ensuite, s'ils le sont, je ne trouve<br /> pas à redire car les animaux ne signent rien, eux etne sont payés qu'à coups de baton..<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> <br /> A propos des "révolutions marxistes", faudrait pas oublier que Marx n'a rien à faire là-dedans, il a été aussi dévoyé que la parole de Jésus l'a été par l'Eglise catholique...Je ne crois pas<br /> qu'il ait jamais écrit sur les animaux, contrairement à la Bible...Mais je peux me tromper car je n'ai jamais lu le Capital, bien que je sois tombée dedans quand j'étais petite.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> <br /> Ce que font les humains aux animaux, ils le font aussi à d'autres humains, des "sous-humains". Le problème, c'est que le pouvoir actuel, les multinationales, ont une idéologie fasciste : il n'y a<br /> qu'à voir comme elles traitent leurs "employés" qui sont à peine mieux traités que les animaux ; ils sont corvéables à merci et interchangeables s'ils ne rapportent pas assez.<br /> <br /> <br /> Sais-tu que les laboratoires pharmaceutiques, après avoir testé leurs médicaments sur les animaux, les testent quasi gratuitement et en toute impunité sur les pauvres paysans en Inde ? Ils leur<br /> font signer un papier à décharge (s'ils meurent ou s'ils sont malades, le laboratoire n'est pas responsable). Ils payent des médecins qui enrôlent les cobayes qui signent le papier mais ne savent<br /> pas pour la plupart lire. Ensuite, on fait comprendre aux médecins qu'il vaut mieux que le médicament (ou le vaccin qu'on teste sur des bébés !) soit déclaré efficace. S'il y a des morts, on dit<br /> qu'ils sont morts d'autres choses et ils ne font plus partie des statistiques. Ces médicaments qui sont essentiellement mis sur le marché occidental sont alors vendus...avec le succès que l'on<br /> sait, voire le "mediator" 1 milliard de bénéfice, rien qu''en France). Pour les multinationales, la vie humaine ne vaut rien. Pas plus celles des pauvres indiens que celles des riches<br /> occidentaux. L'important, c'est pas la rose, c'est le fric...<br /> <br /> <br /> Le marché des animaux, ça rapporte combien ? J'imagine plusieurs milliers de milliards...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre