Et si on devenait végétarien? Par LEXPRESS.fr
Glané sur l'Express : des journalistes s'essaient à difficulté de vivre dna s un monde non prevu pour eviter le carnivorisme. et jene ^parle pas dela souffrance animale car leur regime n'etait evodemment pas vegan.
Par LEXPRESS.fr, publié le 03/03/2011 à 11:43

Le mannequin Juliet Johns pose dans la vitrine d'un restaurant végétarien de Heddon Street à Londres, à l'occasion de la Semaine végétarienne, en mai 2009. Ce qui ne signifie nullement que vous aurez sa silhouette si vous vous essayez au Végéthon!
Matt Crossick/PA Photos/ABACAPRESS.COM
Pendant 10 jours, huit journalistes se sont essayés au régime sans viande ni poisson. Avec plus ou moins de succès. Récit.
A l'issue d'un important battage médiatique autour de l'excellent ouvrage de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux?, LEXPRESS.fr a tenté l'expérience du végétarisme: durant 10 jours, huit journalistes -six femmes, deux hommes- n'ont mangé ni viande ni poisson. Nom de code: végéthon (ou "Vis ma vie de veggie", c'est selon). Le but: mieux connaître le quotidien pas si aisé des végétariens, mais aussi goûter aux effets à court terme de ce type d'alimentation.
Avouons-le, seulement un seul de nos journalistes (Eric) est parvenu à respecter ce végétarisme momentané -à supposer qu'un bout de jambon glissé sur une fourchette grâce à sa fille ne le mette pas hors-course. Nous avons sinon tous cédé au moins une fois à une collation non-végétarienne: la faute à notre probable manque de conviction, à nos obligations professionnelles -l'un des testeurs étant par exemple spécialisé dans la cuisine, impossible de ne pas goûter certains plats-, ou plus probablement, à une sensation de privation.
Est-il donc impossible d'adopter ce régime encore largement méconnu en France -2% de la population étant veggie? Entraîne-t-il forcément des carences? Voici les témoignages de nos journalistes, suivi des explications d'un spécialiste.
Première difficulté: une restauration rapide inadaptée. Précisons que les journalistes Web apprécient leur déjeuner en tête-à-tête avec l'ordinateur, ou à la cantine, rythme trépidant oblige.
Camille: "Je me suis décomposée devant les salades composées de dés de jambon/poulet/dinde qui inondent les rayons des boutiques de restauration rapide. A la cantine, le désarroi s'est emparé de mon estomac face aux plâtrées de légumes ramollis, seules alternatives à la viande."
Caroline: "Une fois qu'on a mangé les pâtes épinards ricotta et le sandwich aux légumes du soleil... on a fait le tour! Pire plat du végéthon: le boulghour-poireaux pas cuits de la cantine."
Deuxième difficulté: les tentations à l'extérieur. Hélas, confrontés à des sensations de privation -synonyme d'échec assuré pour un végétarien débutant- nous avons tous au moins une fois succombé à un bout de poisson ou viande. Et ce à l'occasion d'un repas pris entre amis ou en famille. Signalons qu'Eric a droit à la clémence: c'est en nourrissant sa fille qu'il a par mégarde mangé un minuscule bout de jambon resté sur sa fourchette.
Caroline: "Dire non à un magnifique pâté fait maison qui sentait super bon -et tous mes copains qui répétaient "mmh, c'est tellement bon"- c'est éprouvant. Je me suis gavée de chips, tomate cerise et M&Ms pour compenser."
Anne-Laure: "Dans une brasserie du 19e, j'ai relevé seulement deux plats en accords avec mes néo-convictions: salade de chèvre chaud et...omelette aux champignons. Chouette. Les lieux proposant de judicieuses alternatives -une carte moitié veggie, moitié barbaque/poisson?- sont encore trop rares."
Eric: "Se retrouver dans un resto végétarien d'un autre temps, faute de choix à Paris (petit, pas pro, mauvais accueil, réservation pas prise en compte): on finit par fuir avant de commander. Evitez donc cette adresse de Paris XVIIIe, le Grain de folie pour ne pas la nommer."
Troisième difficulté: constituer des repas équilibrés.
Camille: "Boulghour, quinoa, blé... se sont entassés dans mon panier. Et sont toujours dans mes placards. C'est une vraie gymnastique, quand on débute, de ne pas immédiatement composer son repas avec entrée + viande et accompagnement + dessert. Les légumes et céréales restent donc un accompagnement dans mon esprit de carnivore."
Quatrième difficulté : admettre qu'un régime végétarien ne fait nullement mincir.
Valentine: "J'ai l'impression d'avoir grossi oui. La faute au duo fromage-pain, pourtant peu consommé d'habitude."
Julie: "Je me disais que j'allais voir des changements - voire une métamorphose - mais que nenni! Ma peau n'était pas plus belle, je ne me sentais pas plus légère, je n'ai pas perdu de poids... "
Premier bénéfice, les phrases absurdes entendues dans l'entourage, commentant notre éphémère régime végétarien. Une bonne manière de prendre conscience des nombreux préjugés à l'égard des veggies...ou, plus généralement, de notre mode d'alimentation.
- Sarcastique: "Je veux pas te vexer, mais avec ton côté j'aime les animaux, tu ressembles de plus en plus à Brigitte Bardot."
- Primaire: "J'adore le Mac Do, les animaux, j'en ai rien à f****." "Le poulet, c'est pas vraiment de la viande."
- Inquiet: "Tu ne vas quand même pas devenir végétarien pour toujours?" "Quoi ? Tu vas devoir te passer de vin et de fromage?"
Deuxième bénéfice: découvrir de nouveaux plats ou ingrédients.
Caroline: "J'ai testé des plats au soja. Tous n'étaient pas succulents mais je rachèterai à l'avenir des steaks de tofu au curry et des galettes de céréales au fromage. A retenir aussi: des légumes que je ne cuisine jamais, comme ceux qui composaient ma soupe betterave-orange-cumin. Toutes mes copines s'arrachent la recette à présent."
Julie: "J'ai redécouvert le plaisir du maïs chaud. Et mon mec m'a cuisiné un délicieux gratin de riz, chèvre et courgettes."
Mi-na: "Les plats thaïs et libanais ont été des bons compagnons de régime."
Anne-Laure: "Déjà fan de quinoa, riz complet ou rouge, j'ai fait connaissance avec les amis millet, sarrasin, petit épeautre: forts en goût et faciles à cuisiner. Associés à des fruits secs type figue ou abricots émincés -à laisser tremper quelques minutes dans de l'eau tiède, pour un bienvenu moelleux- et des oléagineux, type noisettes ou pistaches torréfiées (passées sous le gril du four), c'est parfait. Par contre, je suis beaucoup plus sceptique sur les imitations de viande comme le seitan -un genre de steack de farine de blé, tofu et miso, en magasin bios- ou les croquettes de soja déshydratés. Même si ce n'est pas foncièrement mauvais sous le palais."
Troisième bénéfice: remettre son régime en question et en tirer de nouvelles résolutions.
Valentine: "J'adore la viande (vraiment, hein) et je n'envisage pas de l'abandonner. Mais en manger moins et mieux, oui, certainement. C'est-à-dire bannir le jambon, le surimi ou le thon en boite, pour privilégier les repas omnivores en société, au resto."
Mi-na: "Réintroduire de la viande fut déroutant. Cela faisait 10 jours que je rêvais d'une bonne pièce de viande rouge, alors qu'au final, j'ai été plus écœurée que satisfaite. Après avoir lu quelques articles sur le sujet, j'aimerais faire davantage attention à l'origine des produits que je consomme."
Anne-Laure: "Si cette expérience ne changera pas ou peu mon alimentation -déjà flexitarienne, en revanche, mon attention portée à ce régime influencera mon travail. Je plancherai davantage sur des recettes sans viande ni poisson, serai plus attentive aux menus des restos, etc. Quitte à faire part de mes critiques à ces derniers: c'est au consommateur d'agir en conséquence."