Jean Allouch dcd le16/9/23 .L'analyse n'est ni confidence ni confession.Mais c'est parfois un râtage!
On dit qu'un vieillard qui meurt, c'est une bibliotheque qui disparait. Là, un analyste c'est un peu le disque dur de ses analysants, bien que, bien sûr, la memoire de l'analyste est celle d'un homme,faillible, refoulante, donc pas un ordi. Jean Allouch avait 84 ans. jai appris sa mort trop tard pour me rendre à ses obseques, qq jours après.
Curieusement, j'ai rêvé de lui cette nuit là, peut etre pile poil le jour de sa mort, sinon, la veille ou le lendemain. C'etait un reve de reconciliation, au point que je me disais que le moment était peut etre venu d'y retourner. Mais je pensais qu'on allait se trouver peu reconnaissables, nos traits volés par le temps.
J'avoue avoir été choquée d'apprendre sa mort et aussi contrariée de ne pas savoir de quoi il est mort.
Et ce rêve m'interroge. Quand mon frere est mort, je n'ai pas rêvé de lui ni pour le décès de personne. Pourquoi ce reve? Ai je été prevenue de quelque chose? Là, on sort du cadre de l'analyse. C'est un hasard et c'est tout. Y avait une chance sur 365, c'est comme ça.
"Le hasard, a dit Einstein c'est dieu qui se promene incognito". Si dieu cest l'Autre et l'Autre, c'est un coup de l'inconscient et on n'est aps plus avancé que de dire:communication entre inconscients. Mais cest dejà trop dire...
La dernière fois que je l'ai vu, c'etait peut être il y a 3 ou 4ans. j'avais envie de lui parler longtemps,esperait 1/2h car j'etais restée sans venir une dizaine d'années et j'avais un paquet de larmes en moi.
Mais Jean ne me reçut que 10 mn. Le fantôme de Lacan et ses seances courtes l'habitaient.
Je ressortis de là, à la fois frustrée de la brieveté de la chose et le coeur bien plus leger qu'en arrivant. Neanmoins la colere fut plus forte. Je le rappelais et refusais de revenir vu la brieveté de cette seance. Que pouvais-je esperer? en fait il a un peu insisté "venez"puis il s'est tu. On ne s'est pas dit au revoir.
ça m'etait dejà arrivé à la mort d'un grand amour.
Et aussi de ma mere.
Dire au revoir avant la mort imprevisible, c'est comme une reparation. J'ai donc fait des deuils sans réparation.
La répétition dans la vie, ce n'est pas un hasard.
Lorsque j'etais en analyse, au debut, enfin, pendant les 9 premieres années, il n'avait pas ouvert le bec pour ainsi dire. Je culpabilisais. Etait ce de ma faute? Sa technique avec moi qui etait jeune, environ 21 ans, etait inadaptée. J'étais quasi ado dans ma tete d'étudiante. Sa façon de se taire etait frustrante, angoissante et je ressortais de chez lui une boule douloureuse à la gorge,. Je fumais une tonne de cigarettes, non stop, parfois 2 à la fois. Il faut bien le dire: j'etais bien plus mal qu'à la 1ere seance,où je lui confiais juste le deuil de mon pere peu avant, et mon desir de devenir analyste à la fin de mes etudes.
Je ne voudrais pas donner trop de details. Mais je pense que cette analyse ne fut benefique que comme transmission didactique mais sur le plan therapeutique, si peu...
Quant au plan physique, jai fabriqué en fumant comme une suicidaire un pb broncho pulmonaire qui s'aggrave. je ne lui ai pas parlé de ça. il y a un tas de choses dont je n'ai pu lui parler, ce qui n'est pas anormal, vu que l'analyse n'est ni confidence ni confession mais association libre. En fait je n'ai pas elucidé si je n'avais pas été tout simplement sous emprise plus qu'en analyse.Je revenais aux seances, parfois je me revoltais, je rompais quelques années, le tout sur 30 ans. je n'ai jamais pu faire une demande ailleurs, comme si il etait le seul vrai psy, sauf 1fois, avec Lacan. Même Lacan vu 2 fois, et ça m'a fait un bien fou...même Lacan parlait plus qu'Allouch et ça me semblait ne plus etre de l'analyse! Lacan etait très cher et ça m'a coûté 2 manteaux, 1 à chaque fois.
2 mentaux?
Quand je lui ai parlé d'argent Lacan m"a dit: "l'argent n'est pas un probleme." il voulait que je continue avec eux 2. Lacan m'a dit: je connais Allouch.
Je savais que Lacan avait été son analyste.
Lacan a eu une impression de dejà vu. ll pensait que j'etais dejà venue rue de Lille, ce qui etait faux.
Il a appelé Gloria qui, elle aussi, m'a reconnue.
Je pense que ça venait de mon assiduité à ses seminaires, mais ça m'a fait bizarre, cette "reconnaissance" par le maitre. Ce fut assez reconfortant. Et en même temps, il ne m'a pas crue...Cest pour ça qu'il a appelé sa secretaire,pour verifier. C'etait un peu trop chez cet homme, tant de présence, de vie, n'hesitant pas à montrer ses failles...et un Allouch incastrable, dictatorial, parfait de son côté. Parler, c'est pouvoir dire une connerie, afin de permettre une fin de transfert, donc d'analyse, un jour. C'est important de ne pas etre parfait, pour cette fin.
Le silence est parfois meurtrier. Les quasi seuls mots d'A était injonctifs: A tel jour! Venez.
Ou bien des certificats de bonne seance: ça allait de "Bien" à "C'est tout à fait ça" pour marquer la fin de seance.
En 2 seances de 3mn, Lacan m'avait parlé plus que Jean, en 10 ans.
Bon, inutile de vous dire que j'avais beaucoup d'amour pour les 2!
Le transfert est une histoire d"amour aussi foireuse que les vraies et aussi impossible que l'inceste.Et pourtant, il parle. C'est bien comme ça que quelque chose de therapeutique peut advenir par la loi.
Soyons d"actualité dans ce choix de video où est evoqué le pb de la violence: