J'ai répondu à quelques reprises sur mon blog aux prises de position troublantes d'analystes (mais comment ne pas douter de ça vu ce qui suit?) en faveur de la corrida et en particulier de la non interdiction de ce spectacle effrayant de cruauté aux enfants.
je le ferai encore mais de manière "mot à mot", scolaire, patiente...je devrais dire, erreur par erreur de R.Chemama, et de Roudinesco. Mais là, je continue sur ma lancée.
Si vous en avez le courage, pour pouvez voir ce qui suit, sinon, de grâce, passez plus loin. Moi, je l'avoue, je ne peux pas regarder cette horreur. Rien que de mettre cette video de torture animale sur mon blog me fait flipper. C'est cette atrocité où l'homme perd sa dignité et sa subjectivité que des analystes allumés conseillent aux enfants. C'est bien la preuve que la barbarie rend acéphale.
Chemama dit que dans la corrida ce qui se passe ne peut traumatiser car ça a un sens.
Ha oui?
Lorsque l'insensé parle de sens, je sors mon scepticisme.
Voici le réel de la corrida. Celui-ci a-t-il un sens pour vous?
Si oui, foncez chez votre psy, d'urgence, en en choisissant un qui n'en soit pas à ce stade, c'est évident.
Revenons à la cène. L'agressif chrétien aficionado Juan Assensio a dit sur son blog, (Le stalker) que le taureau était le Christ! Pour un chrétien, en voilà encore un d’assez spécial...qui va assister au martyr de son Dieu et paye pour ça. Mais qu'y a-t-il de vrai dans cette bévue?
Le christ parlait, lui, et s'est volontairement offert en sacrifice pour que, justement, il n'y en ait pas d'autres d'offerts en holocauste. A l'époque du second Temple, le sang y coulait à flot du cou des animaux car, je le rappelle le seul lieu où Dieu a concédé aux hommes le droit de se livrer à cette activité superstitieuse du sacrifice était le Temple de Salomon. Or, c'est à cette époque que vécut Jésus. Il ne supportait d'ailleurs pas le Temple lieu de prière transformé en lieu de vente d'animaux à tuer. Les pauvres pigeons, encore de nos jours martyrs étaient nombreux car moins cher que d'autres animaux.Chasser les marchands du Temple revenait à chasser les pourvoyeurs des tueries.
Je n'en déduirai rien, car le Christ ne parle guère de la souffrance animale et aurait même amené des poissons à manger, donc, faut pas le voir comme un pur végétarien. Mais en l'occurrence, le taureau, le sacrifié, lui, est absent du débat. Or, c'est de ce véritable 13° que je parle, à savoir l'être trahi, secrètement haï sous les km d'amour affiché par les aficionados, "le" taureau représentant des milliers d'animaux qu'ils confondent allègrement dans leur imaginaire régressif. Ils ne se donnent aucune limite, eux, pour fusionner fraternellement dans son meurtre avec le père réel, phallique, jouisseur, pulsionnel sans limite, abuseur et immortel. Pourquoi? Parce qu'ils le jalousent pour n'être pas castré. C'est à ce pauvre boeuf non châtré auquel les structurellement impuissants aficionados s'identifient
en refusant la loi du père symbolique qui castre, justement, en leur donnant la limite de la subjectivité du taureau et donc la leur. Dans l'Oedipe on sait que le destin du père est d'être tué, symboliquement bien entendu, ce qui débouche sur une identification à lui. En s'offrant, évidemment, le Christ coupait l'herbe sous le pied de ses enfants qui, normalement, le tuent sans son aval, puis l'avalent pour en récupérer la puissance. Mais comme les frères de la horde devenaient après ingestion du père des fils- pères effrayants les uns pour les autres, les disciples-fils de Jésus sont invités par lui, ce qui est un comble, à manger , mais symboliquement son corps et à boire son sang sous forme de pain et de vin.
L'autre comble c'est ceci:
Jésus voulait être sacrifié, s'est servi de Judas pour y parvenir. Or Judas fut sacrifié illico, par lui-même, puis le peuple juif, par la doxa chreti
enne. le monde se répète..
Les aficionados, comme d’ailleurs beaucoup de tortionnaires d’animaux prélèvent sur leurs victimes le peu de puissance qu’ils peuvent. Le background est une impuissance psychique, et/ou physique. On ne doit pas oublier que ces meurtres en série, insupportables à la plupart des gens, est, pour eux, l’équivalent de ce qui fait bander Sade. A savoir des choses de plus en plus pimentées, sur fond d’impuissance. Sade explique bien combien l’amour « en con » est pour lui peu attrayant par rapport aux "enculades", combien, à chaque épisode, il lui faut monter la barre de ses vilenies pour que ses héros puissent éprouver du désir et du plaisir.
C’est une loi du toujours plus sur fond d’agusie. Il faut à ces petits monsieurs du piment pornographique. Et ce qui les pimente, c’est hélas, la souffrance des autres.
Mais au contraire de Sade, l’aficionado dénie en général sa vilénie. Certains, par défi, avouent que c’est un spectacle barbare mais aimer ça. Comme si leur immoral goût leur donnait des droits !
Cela est rendu possible par ce que Lévi-Strauss appelle frontière, pour designer ce que l’humanité pose entre notre espèce et les autres. Mais ne faut-il pas plutôt parler d’un gouffre ? Je rajouterai qu’il est proche de l’isolation autistique cet abîme qui est imposé par le discours courant entre l’homme-forteresse et l’Autre animal. Le problème de l’homme, c'est qu’il n’en est pas, en tant qu’espèce, arrivé au stade où l’animal est un semblable. Il ne reconnaît pas l’animal comme subjectivité.
Ce singe raté car incapable de se débrouiller dans la nature sans la détruire en voulant la faire passer par le trou de souris de son arbitraire est dans la problématique d’un narcisse tyrannique et tout-puissant. Cette toute-puissance, les analystes le savent bien, est le revers imaginaire d’une impuissance réelle. L’origine en est le petit dans son berceau qui se rêve capable de mettre le monde à son service et capable de le détruire de manière hallucinatoire, mais est infoutu de se servir seul. En effet, le tout-puissant ne l’est qu’au niveau fantasmatique. Il est évident qu’un bébé seul dans son berceau ne doit sa survie qu’à l’autre.
Le fantasme de maitrise, fantasme sadique anal, permet aux impuissants de se rêver omnipotents.
La chasse, la corrida, de manière patente en sont la réalisation. Mais on peut en dire autant de manière parfois tout autant barbare, dans d’autres sphères d’activités qui concernent le rapport des hommes aux bêtes.
La formule de la maturité psychique est celle-ci : on ne peut pas tout. C’est par la métaphore du nom du père qui dit, selon Lacan : « tu ne désireras pas celle qui fut mon désir » que l’enfant repère cette évidence de la limite à mettre à ses actes.
Cet interdit traduit par le désir de la mère pour son Autre, permet à l’enfant d’éprouver que sa maman n’est pas ce qu’il a imaginé. La métaphore du nom du père est une autre façon de dire :« Je ne suis pas celle que vous croyez. » A entendre : « je ne suis pas là pour satisfaire à tout vos désirs. Je ne suis pas une machine à faire jouir le bébé, qui, comme un couteau suisse, serait un melting pot d’objets partiels à votre service et sous vos sévices ».
Mais alors, pense l’enfant, qu’est-elle ? Son désir ailleurs, pour un Autre, homme ou femme, ou même travail, art, impose à l’enfant de faire le deuil de son emprise sur sa mère.
L’animal est là, comme substitut maternel, comme recours à cette frustration multiforme.
Pour s’en débrouiller, l’enfant devra surmonter ce dur moment, quine se produit pas qu’une fois, qui vient en écho à une multitude de frustrations et de privations, lorsque bébé, il a dû attendre que sa mère vienne le changer, le nourrir et toujours remettre à plus tard ce qu’il voudrait réalisé illico. Cette métaphore n’est donc pas une révélation brutale qui, un jour, à l’issu du complexe d’peiodipe, indique à l’enfant qu’il n’a pas tout les droits.
Mais là, ça devrait être irréversible. Et c’est ainsi que la morale fait intrusion dans l’enfant : il ne peut pas tout, non seulement au sens de ce qui, en anglais , est plus visible, le verbe to can, mais aussi du verbe to may. Le jour où le bébé, que son impotence naturelle rendait physiquement incapable au sens de I can, se retrouve debout, il entre dans l’ère du I may ou I may not au sens de permission.
L’aficionado est un enfant debout qui n’a pas assimilé l’interdit qui est celui de prendre l‘autre pour un couteau suisse.
Mais on peut en dire autant de tout ce qui concerne le rapport des hommes aux bêtes.
Aussi, l'humain est confronté très petit au viol des valeurs inculquées depuis la petite enfance. L'effet en est une perte des repères dans notre humanité.
La corrida et autre meurtres sadiques sont des épreuves pour un enfant en quête de cadre stable.
Les analystes et autres psy de l'enfance -ou pas- le savent bien qui n'ont pas suivi les aficionados en ne répondant pas à leur désesperé et absurde appel à signer pour la corrida aux enfants.