Pardon à ceux qui ont "lu" cet article non corrigé, écrit dans la hâte et une grosse fatigue, et parti par mégarde alors qu'il n'était qu'affreux brouillon.
Je ne vais pas parler beaucoup car je vous copie un article fort intéressant de telequebec, mais très long!
Alors, si Elisabeth de Fontenay cherche la petite bête, c'est peut-être parce que c'est le lot des surdoués dont elle est sans doute.
C'est aussi une grande bosseuse.
C'est bien de voir la faille dans l'Autre (et en soi comme elle le fait sans concession), mais il y a encore un mais, il convient aussi de voir le reste, et qu'on peut aussi être d'accord "en gros", que la fusion ( qu'elle fuit en même temps je crois) n'existe pas sinon dans la mort, et qu'elle aurait pu être une égérie intello du mouvement si elle n'avait pas tendance à vouloir être complètement honnête, nuancée, ce qui est bien, certes, mais peut faire le jeu de l'ennemi.
Or il ne faut pas se leurrer, il y a des ennemis des animaux, bien plus que de vrais amis.
Car ce qui se passe en fait est à mes yeux ceci:
le genre humain a déclaré la guerre à la nature, ET aux autres animaux dont il a renié son appartenance, exactement comme un transsexuel dénie son sexe, son genre de départ. Alors,dans cette guerre, les lucides ont tout pour être des justes. Encore faut-il le vouloir sans craindre de trahir notre espèce.
Je crois que non seulement les justes ne trahissent pas leur camp, mais qu'ils le sauvent. Et je dirai même ceci:
L'humanité n'existerait pas sans eux. Et comme il y en a très peu, j'irai jusqu'à d'une part déplorer la quasi inexistence de l'humanité, et d'autre part jusqu'à affirmer que l'humanité sera sauvée(ou pas si ça continue à rater) par les défenseurs des animaux,PLUS précisément par la libération des animaux de leurs jougs.
La psychanalyse montre qu'on ne peut être libre tout seul et que le tyran est assujetti à ses pulsions partielles et au surmoi tout aussi tyrannique qui lui impose de jouir.
J'en profite pour donner comme conseil aux justes, un truc tout simple: l'union fait la force et en face, l'ennemi est très fort car il représente 6 milliards d'hommes qui n'ont pas envie que ça change.
Il faut aussi passer sur sa crainte d' être pris pour quelqu'un d'autre que soi.
C'est d'ailleurs le défaut de nombre des défenseurs des animaux, qui, lucides, voient bien qu'il y a quelque chose de pourri dans le royaume des hommes...Mais trop individualistes, oublient que pour que ça change, il faut un discours politique cohérent et pas une navigation à vue.
Il faut entraîner la majorité à réfléchir, à mettre de la pensée là où il n'y a que les automatismes de la banalisation de ce mal qui afflige à la fois les animaux en les martyrisant et les hommes en les séparant de ce dont il y aurait lieu d'être heureux de...si on lui donnait sa chance d'exister, leur... humanité.
voici donc l'article: http://telequebec.tv/sites/idees/archives/20020303/theme.aspÉmission du 3 mars 2002
Élisabeth de Fontenay:
L'homme et la bête
Élisabeth de Fontenay et Le silence des bêtes
"Élisabeth de Fontenay ne s'est jamais entendue avec quelque groupe que ce soit. Trop occupée à nommer ce qui dérange, à pointer ce qui cloche, à dire ce qui fâche, au nom de la vérité, pour ne plus risquer d'encourir ce reproche que lui faisait sa mère quand elle était enfant: "Élisabeth, tu es veule"! Ce qu'on a du mal à imaginer, en lisant les pages magnifiques où, après s'être fait porte-parole des animaux, éternelles victimes des hommes, elle a le culot d'avouer: "De la chasse à courre, je ne veux rien dire, si grande est ma honte d'en ressentir encore le plaisir fou."
"Les militants anti-chasse vont m'en vouloir", dit-elle avec un regret teinté d'humour. Elle prend le risque. Elle prend toujours le risque d'être à contre-courant. De ne pas être comprise. D'avoir l'air de chercher la petite bête. On sent bien que c'est une vieille règle de vie, qui est devenue une habitude." ("Élisabeth de Fontenay, une femme d'honneur", Geneviève Brisac, Le Monde, 25 septembre 1998, p. 8)
Le silence des bêtes contient "plus de trois mille citations", a-t-elle déclaré fièrement à la journaliste du Monde Geneviève Brisac. "Parler avec Élisabeth de Fontenay, écrit cette dernière, c'est partager avec elle sa reconnaissance pour ceux qu'elle nomme ses maîtres, et ses jeunes maîtres. Jankélévitch avant tout, et puis Foucault dans les pas de qui elle a inscrit son livre. Il procède du même souci que L'Histoire de la folie: "Sous le double pavillon d'un miserere et d'une déconstruction." Et enfin, Jacques Derrida: "Il m'a donné le droit aux marges de la philosophie. Une liberté de circuler aux abords de la sphère de la métaphysique, d'entrer pour en sortir, d'en sortir pour y réentrer."
Il y a chez Élisabeth de Fontenay un anti-humanisme qui est le vrai humanisme, un sens de la tradition qui est la vraie révolte, une nostalgie des mondes et des équilibres détruits qui est la vraie modernité." ("Élisabeth de Fontenay, une femme d'honneur", Geneviève Brisac, Le Monde, 25 septembre 1998, p. 8)
"Je me demande quelle manière d'être ensemble, entre hommes et femmes, entre malades et bien portants, entre morts et vivants, entre enfants et adultes, entre fous et sensés, entre hommes et bêtes pourrait aider à réinscrire l'animal dans une chaîne symbolique qui ne fasse plus bon marché de lui", écrit-elle. (Le silence des bêtes, p. 716)
Professeure de philosophie à l'Université de Paris-I, Élisabeth de Fontenay, qui a notamment publié Les Figures juives de Marx (1973) et Diderot ou le matérialisme enchanté (1981), retrace, dans Le silence des bêtes, ni plus ni moins que l'histoire de la pensée occidentale, des présocratiques aux penseurs contemporains. Elle y montre entre autres que l'Antiquité a été une sorte d'âge d'or pour les bêtes. "Car si les hommes offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils s'accordaient sur leur statut d'êtres animés et avaient pour elles [les bêtes] de la considération". Or, depuis que Dieu s'est fait homme, que le Christ s'est offert en sacrifice tel un agneau, c'est-à-dire depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres négligeables: tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion comparés à des pommes de terre (Kant)." (Le silence des bêtes, 4e de couverture)
Au contraire de ceux qui ont suggéré que l'amour des bêtes allait de pair avec misanthropie, racisme et barbarie, Élisabeth de Fontenay suggère que "la manière dont nous regardons les bêtes n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d'entre nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas conformes à l'idéal dominant de la conscience de soi." (Le silence des bêtes, 4e de couverture) Oui, écrit cette moitié Juive par sa mère, "les pratiques d'élevage et de mise à mort industrielles des bêtes peuvent rappeler les camps de concentration et même d'extermination, mais à une condition: que l'on ait préalablement reconnu le caractère de singularité à la destruction des Juifs d'Europe, ce qui donne pour tâche de transformer l'expression figée "comme des brebis à l'abattoir" en une métaphore vive. Car ce n'est pas faire preuve de manquement à l'humain que de conduire une critique de la métaphysique humaniste, subjectiviste et prédatrice." (Le silence des bêtes, avant-propos)
"Le silence des bêtes, d'Élisabeth de Fontenay, constitue un événement philosophique majeur (...). On y retrouve, rassemblées et passées au crible d'une analyse serrée, les multiples discussions sur le statut de l'animalité: les métamorphoses et la métempsychose; le sacrifice animal; les querelles autour de l'âme des bêtes; la justification du mal, s'agissant d'êtres souffrants et innocents à la fois; l'histoire des critères de distinction de l'humain, dont la raison, la capacité à passer un contrat et à écrire des lois, la possession d'une conscience de soi, l'accès à un monde. Cette question ne fait qu'un avec celle du propre de l'homme, dans la mesure où l'appropriation des animaux procède de l'affirmation d'une qualité intellectuelle ou morale distinctive, dont résulterait un droit absolu sur le reste des vivants.
C'est la reconduction de ce dispositif, de Platon à Levinas, qu'analyse Élisabeth de Fontenay, en se demandant pourquoi on n'en peut sortir. Face à une conception d'un droit fondé sur des performances, philosophes et écrivains ont, d'âge en âge, fait prévaloir la capacité à souffrir, et montré que c'est dans cette même vulnérabilité que s'ajointent le sort des hommes et celui des animaux. Ce décentrement de la raison vers la sensibilité, pour octroyer des droits naturels, constitue la voie pour laquelle opte l'auteur. Sa critique de l'humanisme métaphysique, présente dans d'autres de ses écrits, est indissociable de sa reformulation du propre de l'homme: en finir avec l'arrogance et l'hégémonie du sujet raisonnable et parlant, c'est aussi en finir avec le risque d'exclure ceux des humains qui, par accident, sont dépourvus de ces qualités de raison et de parole".("Comment l'Occident traite son prochain. Du droit absolu de l'homme sur l'animal", Florence Burgeat, Le Monde diplomatique, février 1999, p. 31)
La grande sensibilité d'Élisabeth de Fontenay à ces humains - et aux bêtes - lui vient, comme elle l'écrit dans son avant-propos, en partie du fait qu'un membre de sa famille (son frère) a été frappé par la maladie mentale. C'est à lui qu'elle dédie son livre.
"Le problème, c'est que les animaux sont des "bêtes", puisqu'ils ne parlent pas - d'où le titre du grand livre d'Élisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes (...). Fiers de notre statut d'êtres parlants - de parlêtres comme disait Jacques Lacan - les philosophes ont souvent élu le langage comme critère unique pour fixer le lieu de la frontière entre l'homme et l'animal - sans dire pourquoi ils ne rejettent pas pour autant hors de l'humanité les autistes, les sourds-muets, les aphasiques ou les nourrissons, qui n'ont pas non plus accès à la parole." ("Les animaux malades de l'homme", Catherine David, Le Nouvel Observateur, 25 novembre 1999, p. 8)
Un autre critique fait ressortir la richesse et la complexité du propos d'Élisabeth Fontenay, qui reflète celle de la pensée philosophique elle-même sur l'animalité. "De l'animalité, certes, il convenait aux philosophes de parler. Mais pour la délimiter, de manière générale, et la tenir en lisière. Pour affirmer (...) le propre de l'homme, la vie parlante et rationnelle. Doué de raison, de langage, l'être humain était si différent, par nature, de l'animal qu'il lui appartenait "légitimement" d'être dominateur... et carnivore.
Dans le détail, dès qu'on regarde les textes, ce n'est plus tout à fait si simple. De siècle en siècle, quand il s'agit de dire quelque chose à propos de l'animalité, il semble que la pensée hésite, s'empêtre, éructe ou s'arrête interdite. Il convient donc d'aborder le grand livre d'Élisabeth de Fontenay comme une battue sans proie, sans limites dans ce que dirent, des bêtes, des philosophes par dizaines. Elle a rapporté de cette grande exploration une oeuvre superbe et fort étrange, un de ces textes dont on se dit d'emblée qu'ils marquent une date, un commencement ou un terme dernier." ("La vie sans les mots", Roger Pol Droit, Le Monde, 25 septembre 1998, p. 8)
L'an dernier, "les charniers fumants de centaines de milliers de brebis, en Europe, ont été élevés comme autant d'autels au productivisme et au culte du profit. On a massacré ces bêtes afin qu'elles ne contractent pas la fièvre aphteuse (...). Sans être un danger public pour la population, les animaux infectés risquaient cependant de réduire le rendement de la production de viande", lit-on dans un autre article de ce Relations consacré à la question animale. ("Nos amies, les bêtes?", Jean-Claude Ravet, Relations, juillet-août 2001, p. 10) Que révèle ce traitement des animaux dans nos sociétés? "Dans la situation chaotique où nous sommes en Europe, où des millions de bêtes ont été abattues et incinérées, on s'aperçoit qu'il y a pire que tuer pour manger: tuer pour ne pas manger. Tuer en vertu d'un principe de précaution devenu fou: tuer pour expier notre folie", répond Élisabeth Fontenay. ("Question animale, question politique. Entrevue avec Élisabeth de Fontenay", Jean Pichette, Relations, juillet-août 2001)
La souffrance des animaux
"Qui a vraiment envie de savoir, même sans éprouver de tendresse particulière pour les gallinacés, que toute la vie d'une poule dans un élevage moderne se déroule sur l'espace d'une feuille de papier à lettres? [...] Si la télévision diffusait une émission sur les abattoirs, nous aurions tendance à zapper. Cette indifférence nous paraît naturelle, pour ne pas dire vitale. Nous y tenons, comme nous tenons à notre confort, à nos habitudes alimentaires et à nos préjugés. Peut-être est-elle même l'un des fondements invisibles de notre société, comme le pensait Elias Canetti, prix Nobel de littérature, qui parlait de "l'horreur de l'abattoir, sur quoi tout est fondé". [...] Certes, la nature est cruelle, et les espèces s'entr'égorgent depuis la nuit des temps, selon les lois de la grande chaîne alimentaire qui relie entre eux l'ensemble des vivants. (...) [Mais] jamais dans l'histoire les animaux n'ont été martyrisés de manière aussi massive, avec des moyens aussi énormes, aussi efficaces, des prétextes aussi futiles, une telle absence de scrupules, un gaspillage aussi flagrant. [...]
Pour des raisons évidentes, notre civilisation nous encourage à admettre l'élevage en batterie des volailles ou les conditions atroces de l'abattage des cochons comme inévitables, nécessaires à l'alimentation d'une société en expansion. Seulement voilà: certains se demandent, de moins en moins timidement, si l'on ne pourrait pas, grâce aux progrès techniques, effectuer au moins cette sale besogne dans des conditions moins cruelles? [...]
Toutes les recherches les plus modernes, en neurobiologie et en zoologie, tendent à montrer que la frontière entre l'animal et l'homme est moins étache qu'il n'y paraissait, et qu'il existe chez l'animal des formes spécifiques d'intelligence, des capacités d'apprentissage, des émotions. [...] Il reste à mesurer les conséquences de ces découvertes, et nous sommes loin du compte. Car tout se passe comme si la théorie de l'animal-machine, à laquelle plus personne ne croit mais qui a l'avantage d'avoir des effets déculpabilisants, restait en vigueur dès qu'il s'agit de justifier les excès de la barbarie industrielle. [...]" ("Les animaux malades de l'homme", Catherine David, Le Nouvel Observateur, 25 novembre 1999, p. 6)
Les animaux ont-ils des droits?
Chez les philosophes, la thèse dominante est la suivante: non seulement nous ne composons pas avec les animaux une société régie par des rapports de droit, mais encore une telle société ne saurait exister entre eux et nous. "Notre attitude à l'égard de ces étrangers peut aller de la plus parfaite indifférence (chez Descartes; chez Saint-Augustin, à qui l'on doit la formule selon laquelle le Christ lui-même a jugé qu'il n'existe aucune société de droit entre les animaux et nous) à une sorte d'hospitalité réservée (chez Aristote; chez Kant, ce dernier estimant que la cruauté et la violence envers les bêtes sont condamnables, mais seulement parce que de telles dispositions émoussent en l'homme une disposition favorable à la moralité envers les autres hommes). La philosophie morale dominante est donc largement anthropocentrée." ("Les animaux et nous", Jean-Yves Goffi, Le Magazine littéraire, janvier 1998, p. 106)
Pour Élisabeth de Fontenay, c'est le christianisme, en remplaçant le sacrifice au dieu par le sacrifice du dieu et en expulsant ainsi l'animal de la dimension sacrée, qui accomplit la première grande rupture: "L'avènement du christianisme comme système théorico-pratique et onto-politique dominant marque, à l'intérieur de la sphère des vivants, une rupture dont les conséquences n'ont pas fini de structurer notre rapport à l'animal." (Le silence des bêtes, p. 243) Le christianisme préfigure déjà, selon elle, l'animal-machine et les abattoirs de Chicago.
Selon la théorie des animaux-machines de Descartes, les bêtes seraient dénuées de toute intelligence, mais aussi privées d'affectivité, et même de sensibilité. Descartes ne cessera d'y insister: les animaux, contrairement à l'opinion commune, ne souffrent pas. Mais attention, Élisabeth de Fontenay s'oppose à ceux qui, dit-elle, font une caricature de la théorie des animaux-machines, au point qu'elle veut tenter "jusqu'à un certain point de la défendre contre ceux qui lui ont imputé la responsabilité des plus grands maux infligés aux bêtes" (Le silence des bêtes, p. 276) ...
Étude de Charles Le Brun sur la physiologie humaine et animale
Comme on l'a mentionné, la pensée philosophique n'est pas unanime sur la question des animaux. Ainsi, à côté de Descartes, il y a Hume: "Chez Hume, les animaux, les Indiens et les femmes auraient donc pour tâche de mener un même combat contre ceux qui monopolisent la raison, accaparent l'humanité, déshumanisent l'autre sexe." (Le silence des bêtes, p. 401) Par ailleurs, il y aura en France une forte réaction anticartésienne: Larousse, Michelet, Hugo et bien d'autres penseurs français s'élèveront contre la réduction de l'animal à une machine. "C'est dans cette optique qu'en juillet 1850 Jacques Delmas, comte de Grammont, un député bonapartiste, fera voter une loi destinée à protéger les animaux contre la cruauté des hommes." Il ne s'agit pourtant pas de reconnaître aux animaux des droits. "La loi ne protège pas les bêtes sauvages et elle ne réprime que la cruauté accomplie en public, c'est-à-dire (...) celle qui peut heurter ou corrompre la sensibilité des êtres humains." ("Les animaux ont-ils des droits?", Luc Ferry, Le Point, 1er avril 1995, no 1176, p.51) On considère que le plus grave dans la cruauté qu'on inflige aux bêtes, c'est que l'homme s'y dégrade lui-même et perd son humanité.
Étude de Charles Le Brun sur la physiologie humaine et animale
Pour la plupart des Européens, écrit Luc Ferry, l'idée s'impose que la cruauté envers les animaux est plus ou moins répréhensible. "Chacun semble admettre, même sans être un fanatique de la cause animale, que le fait d'infliger des souffrances inutiles à ceux que Michelet nommait joliement nos "frères inférieurs" est en quelque façon inhumain." Il existe d'ailleurs une "Déclaration universelle des droits de l'animal", proclamée en 1979 devant l'UNESCO, qui a suscité beaucoup de railleries de la part des philosophes et des juristes.
Car, le principe posé, son application ne va pas de soi, souligne Luc Ferry. "Nos habitudes alimentaires, les nécessités de l'expérimentation sur le vivant, la passion de la chasse ou l'usage des peaux et fourrures, certaines traditions locales, telles que la tauromachie viennent sans cesse contrecarrer d'éventuelles bonnes volontés. Car ces pratiques impliquent bel et bien, inutile de se voiler la face, que l'on maltraite, dans des proportions parfois considérables, des animaux qui nous seraient par ailleurs plutôt sympathiques. (...) Faut-il dès lors interdire, renforcer les lois, souvent timides, qui tentent déjà dans la plupart des pays d'Europe de fixer les règles d'une protection minimale des animaux? Et si oui, jusqu'où faut-il aller? Le problème est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît. Il ne tient pas seulement au fait que des intérêts, au plus haut point contradictoires, s'affrontent. Il touche les principes eux-mêmes." ("Les animaux ont-ils des droits?", Luc Ferry, Le Point, 1er avril 1995, no 1176, p.51)
Image tirée du film Mon oncle d'Amérique
Une question de degré ou de nature?
"Certains penseurs de l'éthologie comparé (Konrad Lorenz, Tinbergen...), insistant sur les similitudes de comportement entre espèces, ont contribué à l'obscurcissement de la ligne de fracture entre la culture humaine et la nature animale, écrit encore Luc Ferry ("Les amis des bêtes deviennent-ils cinglés?", Luc Ferry et Éric Conan, L'express, 26 janvier 1990, p. 33). S'appuyant sur les théories d'Henri Laborit, Mon oncle d'Amérique, le film d'Alain Resnais, s'est plu à mettre en scène l'idée selon laquelle nous nous comporterions comme de vulgaires rats de laboratoire: le stress nous rendrait agressifs pour des raisons purement physiques. On voit mal, dans ces conditions, pourquoi réserver la protection que nous assurent les droits démocratiques aux seuls êtres décrétés "humains". La question est tout à fait sérieuse et la revendication d'un droit des animaux, dont l'importance est déjà considérable outre-Atlantique, se fonde souvent sur cette vonction d'une continuité entre les êtres vivants. Cette confusion est, au contraire, inacceptable pour la tradition philosophique inspiratrice des droits de l'homme: la différence qui sépare l'homme de la bête est non pas quantitative, mais qualitative. (...) La bête est régie par un instinct, un code dont elle est à jamais incapable de s'écarter. Au contraire, l'homme dispose d'une aptitude à prendre ses distances à l'égard de toute définition, biologique ou sociobiologique, dans laquelle on prétendrait l'enfermer: il peut toujours s'arracher au cycle de la vie, mais aussi à son histoire, à sa classe, à sa nation, thèse que l'on retrouvera à la base de la déclaration de 1789."
La différence entre animaux et êtres humains se décline à l'infini, écrit Jean-Yves Goffi, professeur de philosophie à l'Université de Grenoble et auteur du livre Le Philosophe et les animaux: "Ils sont des êtres de nature; nous sommes des êtres de liberté. Ils opèrent seulement un changement de forme dans les matières naturelles; nous réalisons, par le travail, nos buts conscients. Ils sont des machines automouvantes; il y a en nous une âme qui a des pensées. Ils sont des choses dont on peut disposer à sa guise; nous sommes des personnes qu'on ne peut jamais traiter comme des moyens seulement. Ils sont pauvres en monde; nous sommes des configurateurs de monde. Ils sont de simples créatures de Dieu; nous sommes, en outre, créés à Son Image et à Sa Ressemblance. Ils ont, selon les cas, un museau, un groin, une gueule; nous avons un visage. Ils crient; nous parlons. Ils manifestent en toute inconscience l'ordre éternel du cosmos; nous le comprenons par l'activité théorique contemplative." Il y a parfois, ajoute-t-il, quelque penseur pour suggérer que la différence, entre les bêtes et nous, "est de degré seulement et non de nature; que nous formons une communauté de vivants; que leurs souffrances importent. Mais il s'agit là de voix dissidentes."
Élisabeth de Fontenay est l'une de ces voix dissidentes. Sans rejeter totalement l'idée de la différence fondamentale entre l'être humain et l'animal, elle insiste sur la continuité entre l'homme et la bête, sur la proximité entre le monde animal et le monde humain. Elle se refuse d'ailleurs à définir le propre de l'homme, comme elle l'explique dans l'entrevue qu'elle a accordée à Relations: "C'est par respect et par pitié que je refuse de le définir. Un respect et une pitié que je ne veux pas fonder, parce que l'activité fondatrice est une activité métaphysique dont je critique tantôt l'inefficacité, tantôt la dangerosité. Je récuse l'exaltation de l'humain, de la rationalité, de la liberté et de tous ces caractères qu'on énumère en général pour définir l'humain. Je constate qu'il y a, sans aucun doute, et sans que nous puissions donc le justifier ou le fonder, une primauté de l'humain. Mais cet humain dont je reconnais la supériorité - qui n'a rien à voir avec le droit à la totale hégémonie sur ce qui n'est pas l'homme -, je refuse de le définir. Dès qu'on définit, en effet, il y a des exclus, des humains exclus de la rationalité, de la conscience, de la liberté, de la représentation de la mort." ("Question animale, question politique. Entrevue avec Élisabeth de Fontenay", Jean Pichette, Relations, juillet-août 2001, p. 12)
Et plus loin sur la proximité entre monde humain et monde animal: "Au début du XIXe siècle, Hegel disait que l'animal ne meurt pas, il finit. Dans cette tradition de pensée, l'animal est sans monde. Quand on se met à l'écoute de l'éthologie contemporaine, on découvre toutefois le caractère mobile de la frontière entre environnement animal et monde humain. Et pas seulement dans le cas des grands singes. L'animal n'est pas un être de la nature: sa spontanéité, que n'a pas la plante, est déjà une conscience et une visée, et il n'y a pas de visée sans monde visé."
Par contre, Élisabeth de Fontenay se distingue de façon nette de la théoricienne italienne Paola Olivieri, qui réclame ni plus ni moins que l'extension des droits de l'homme aux "grands singes non humains". Paola Olivieri a signé en janvier 2000 un article sur cette question dans la revue française Le débat. "Nous savons que nous partageons avec les autres animaux nombre de nos gènes et une histoire évolutive commune. La biologie moderne nous papprend que les organismes sont regroupés de manière plus ou moins arbitraire, et que les différences sont de degré, non pas de nature. Dans ce cadre, il est désormais peu vraisemblable qu'il existe des capacités proprement humaines."("Les droits de l'homme pour les grands singes non humains?", Paola Olivieri, Le débat, no 108, janvier-février 2000, p. 156) C'est à partir de cette réfutation d'un propre de l'homme et de la démonstration de l'appartenance au monde moral des grands singes non humains que Paola Olivieri réclame pour eux la même protection éthique fondamentale que nous.
Humanisme et utilitarisme
Pour le philosophe utilitariste contemporain Peter Singer, dont Paola Olivieri est la disciple, l'humanisme n'est qu'un égoïsme de l'espèce. Comme Bentham, le père de l'utilitarisme (Élisabeth de Fontenay le mentionne, mais n'en parle pratiquement pas), il pense que les détenteurs du pouvoir politique doivent s'inspirer, lorqu'ils légifèrent, du principe suivant: une action est bonne quand elle tend à réaliser la plus grande somme de bonheur pour le plus grand nombre possible d'être concernés par cette action (c'est le principe d'utilité). "Peter Singer estime que l'agent moral est celui qui se demande, au moment d'agir, comment les conséquences de ses actions vont affecter les intérêts de ceux qui les subiront; et qui choisit d'agir en conséquence, explique Jean-Yves Goffi. Chaque fois qu'un agent moral se refuse à prendre en compte les intérêts d'un être sensible, il s'agit d'une forme sournoise de discrimination. Cette discrimination est tout aussi réelle (et tout aussi condamnable) qu'elle s'exerce contre les membres d'une autre race, d'un autre sexe ou d'une autre espèce. Les animaux dotés de sensibilité (capables d'éprouver du plaisir ou de la douleur) font, de plein droit, partie de la communauté morale: non pas, bien sûr, à titre d'agents car ils sont incapables du type de réflexion que l'agent moral est censé pratiquer; mais au moins à titre de patients. (...)" ("Les animaux et nous", Jean-Yves Goffi, Le Magazine littéraire, janvier 1998, p. 106)
"L'argument central de Bentham et de ses disciples est simple, écrit pour sa part Luc Ferry: les critères invoqués d'ordinaire pour valoriser l'humain au détriment de l'animal (la raison, le langage, l'affectivité, la sociabilité, etc.) ne sont pas pertinents. De toute évidence, en effet, il existe de nombreux cas dans lesquels nous devons bien constater que l'animal est plus intelligent, plus "communiquant", plus affectueux ou sociable que certains humains. Imaginons, dit Peter Singer dans son maître livre, "La libération animale" (Grasset), que nous soyons placés devant le choix suivant: sacrifier un chimpanzé en pleine santé ou un nourrisson débile dont le cerveau est radicalement endommagé. À l'évidence, le chimpanzé est, à tous égards, plus raisonnable, plus sociable, plus affectueux que le bébé. Quel que soit le critère retenu, c'est lui qu'il faudrait choisir de sauver si nous agissions de façon rationnelle, en accord avec nos propres critères. Nos hésitations ne tiendraient donc qu'à nos préjugés "spécistes"." ("Les animaux ont-ils des droits?", Luc Ferry, Le Point, 1er avril 1995, no 1176, p.55)
C'est effectivement ce type d'arguments qu'utilise Paola Olivieri dans son texte. "Est-il des êtres non humains qui possèdent effectivement ces capacités mêmes que nous jugeons pertinentes nous concernant? Nous avons vraisemblablement maintenant assez d'informations pour répondre par l'affirmative, du moins en ce qui concerne les grands singes non humains. Ce n'est guère surprenant. Les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans sont les êtres les plus proches de nous dans l'arbre de l'évolution: ils partagenant avec nous de 98% à 99% de leur ADN (...), les gestes par lesquels ils communiquent sont très semblables aux nôtres et sont employés dans des contextes analogues avec des significations analogues; ils sont capables de communication sophistiquée (...); les liens entre les membres de la famille sont fort et durables; la transmission culturelle se fait par un véritable enseignement (...)", etc.
Ainsi Paolo Olivieri montre la proximité entre grands singes et êtres humains. Elle démontre aussi que les critères qu'on retient pour définir l'humanité excluent nécessairement certains individus sans que pour autant on les exclue de la communauté morale: c'est ainsi qu'elle définit un statut à part de "patient moral" pour les grands singes. "Certes, ils ne sont pas des agents moraux à part entière et ils ne sont pas à même de prétendre directement à une telle protection, mais il en va de même des enfants et des membres de notre espèce qui ne sont pas pleinement autonomes et auxquels nous ne refusons pas pour autant des droits moraux fondamentaux égaux." ("Les droits de l'homme pour les grands singes non humains?", Paola Olivieri, Le débat, no 108, janvier-février 2000, p. 156)
Plusieurs penseurs ont réagi à cet article, dont Luc Ferry et Élisabeth de Fontenay (le texte de cette dernière a été publié à part des autres réactions, dans un numéro subséquent, avec une réplique de Paola Olivieri). Luc Ferry affirme que ce que qualifie un "être moral", ce n'est ni son intelligence, ni ses capacités linguistiques, ni même sa faculté d'éprouver du plaisir ou de la peine, mais "tout simplement sa liberté entendue comme faculté de s'arracher aux déterminismes naturels et historiques particuliers qui pèsent de part en part sur les formes de vie "naturelles"". Et vlan pour l'appartenance des animaux au monde moral.
"Les grands singes ne pourront jamais être plus, et encore s'exprime-t-on là par simple analogie, que des "citoyens passifs", à la différence des enfants qui ne le resteront pas, des handicapés mentaux sévères qui pourraient auraient pu ne pas l'être, et des vieillards séniles qui ne l'ont pas toujours été. S'ils avaient réellement des droits subjectifs, ils auraient aussi des devoirs, ce qui n'a guère de sens. Ils ont donc, tout au plus, des "droits objectifs", comme les monuments naturels ou historiques, par exemple, que l'on protège du vandalisme." ("Des "droits de l'homme" pour les grands singes? Non, mais des devoirs envers eux, sans nul doute", Luc Ferry, Le débat, no 108, janvier-février 2000, p. 167)
Selon Luc Ferry, "il faut cesser de penser en termes de droits pour parler plus sérieusement des devoirs que l'homme doit assumer envers des êtres qui, parce qu'ils sont comme lui doués de sensibilité, possèdent une aptitude à la souffrance, écrit Luc Ferry. Après avoir longtemps adopté la définition cartésienne des "animaux-machines" (aussi insensibles que des automates), notre législation a adopté la position kantienne: les animaux sont aptes à la douleur. Ils se martyrisent d'ailleurs les uns les autres sous l'empire de la nature. Mais le sens de la dignité de l'homme, sa culture, lui imposent au contraire le devoir de ne pas faire souffrir gratuitement ces "êtres sensibles"." ("Les amis des bêtes deviennent-ils cinglés?", Luc Ferry et Éric Conan, L'Express, 26 janvier 1990, p. 34)
Sur cette question des droits des animaux, Élisabeth de Fontenay est plus plus proche de Luc Ferry que de la tradition anglo-saxone représentée par Peter Singer, qu'elle trouve carrément dangereux. "Un droit des animaux impliquerait un droit différentiel: les droits des chimpanzés ne peuvent pas être les mêmes que ceux des souris. Cela suppose donc une inflation de cas spécifiques... Je crois malgré tout qu'il faut garder l'idée d'un droit des animaux comme un idéal régulateur. Cela ne signifie pas qu'on peut, comme Paola Cavalieri, auteur italien et disciple de Peter Singer, réclamer les droits de l'homme pour les chimpanzés! C'est justement le genre de revendication qui braque tout le monde (...)." ("Question animale, question politique. Entrevue avec Élisabeth de Fontenay", Jean Pichette, Relations, juillet-août 2001, p. 13)
Mais contrairement à Luc Ferry, Elisabeth de Fontenay, comme on l'a vu, ne réduit pas les animaux à des êtres de nature. Pour elle, ils ont un monde. Et cela concerne, à différents degrés, bien sûr, tous les animaux. Dans sa réponse à Paola Olivieri, "Pourquoi les animaux n'auraient-ils pas droit à un droit des animaux?", elle souligne d'ailleurs qu'étendre les droits de l'homme aux grands singes ne ferait rien pour la protection des autres animaux.
Conclusion: quelle éthique adopter face aux animaux?
Quelle éthique adopter face aux animaux? "Le respect", répond Élisabeth de Fontenay. Le respect de l'animal qu'on mange, d'abord: "il faut toujours se rappeler, pendant ce repas, qu'on a tué un animal pour pouvoir être heureux ensemble. Il faut en quelque sorte réciter un benedicité, ce qui serait un confiteor." ("Question animale, question politique. Entrevue avec Élisabeth de Fontenay", Jean Pichette, Relations, juillet-août 2001, p. 15) Le respect dans l'expérimentation: selon elle, l'utilisation des animaux dans ne devrait être permise que dans le cadre des recherches médicales, et interdite pour la recherche sur les produits cosmétiques. Sur la question des biotechnologies, elle résume ainsi sa position dans Libération:
"Voici les questions que peut poser quelqu'un pour qui le fait que les animaux, les mammifères, les vertébrés, soient sensibles au stress et à la douleur doit être pris sérieusement en charge par le droit:
1) Est-ce bien nécessaire? Réponse: oui, pour sauver les hommes de la souffrance, du handicap, d'une mort prématurée. Non, si c'est pour des questions de confort, d'amélioration des performances, etc.
2) Le traitement par lequel on "humanise" les bêtes les fait-il souffrir, momentanément ou durablement? Je suis alarmée qu'on nous renseigne aussi peu sur cette question, et que les réglementations surveillent si négligemment l'incontournable et barbare expérimentation animale.
3) Le clonage qui fait gagner du temps en évitant la longueur des gestations ne menace-t-il pas à court terme des équilibres fondamentaux, des données immémoriales, qui constituent à la fois notre environnement traditionnel et nos a priori symboliques? Car clonage et "humanisation" des bêtes ne s'inscrivent quand même pas dans la continuité des pratiques d'élevage et de domestication. Il est insensé de nier qu'il y a un saut qualitatif dans cet anthropocentrisme implacable et cette démiurgie débridée. On refuse de voir qu'a commencé une nouvelle ère: celle de la confusion, de l'abstraction et d'une transgression qui est inconsciente de la réalité de "cela" qu'elle outrage: "cela" que je me garderai bien de nommer la "nature". Je me demande ce que Darwin aurait pensé de tout ça.
Plus généralement, l'expérience que nous faisons aujourd'hui, c'est celle d'un abaissement impressionnant des frontières entre l'espèce humaine et les espèces animales. L'encéphalopathie spongiforme du bovin devenant maladie de Cretzfeld-Jakob nous rappelle, entre autres catastrophes, que nous n'aurions pas dû pouvoir, en les nourrissant de farines animales, disposer de la nutrition des herbivores.
Mais tout n'est pas négatif dans cette abolition des différences. Quand les xénogreffes réussiront, et à condition que l'animal mis à mort n'ait pas au préalable été martyrisé, je pourrai éventuellement aimer que batte dans ma poitrine un coeur de porc. Je témoignerai ainsi par ma reconnaissance d'être maintenue en vie grâce au sacrifice d'une bête et à la substitution de son organe au mien, de ma foi dans une communauté des vivants, j'assouvirai ma nostalgie des récits de métamorphoses, j'afficherai ma fierté de réhabiliter un animal admirable et méprisé. Et je ne craindrai en rien pour mon humanité, sachant que, de toute façon, l'homme est le seul être vivant dépourvu d'innocence." ("Oui: "Demandons-nous ce que Darwin aurait pensé"", Élisabeth de Fontenay, Libération, 30 septembre 2000, p. 58)
La manticore
Encore plus
Le philosophe et ses animaux, Jean-Yves Goffi, éd. Jacqueline Chambon, 1994.
Sans les animaux le monde ne serait pas humain, Karine Lou Matignon, Albin Michel, 2000.
Comment l'esprit vient aux bêtes. Essai sur la représentation, Joëlle Proust, NRF Essais, Gallimard, 1997.
L'animalité, Dominique Lestel, Hatier, 1996.
La libération animale, Peter Singer, Grasset, 1993.