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Psychanalyse et animaux.

Le foie gras n'a pas à être autorisé par la loi au pretexte que certains aiment ça!

15 Décembre 2005, 16:39pm

Publié par Jo benchetrit

Bravo à Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, juriste et philosophe pour son texte:
"Les sophismes du foie gras".

Le tyran du monde dit que la morale c'est ce qu'il dit.
NON, la morale, c'est transcendant. Le bien n'est pas dicté par ce qui nous fait du bien par où ça passe .

Regardez ceci...nos idées font leur chemin...Les intelligents sensibles se réveillent. Bravo à l'Epress d'avoir laissé passer ce texte si juste et si politiqument incorrect.

La totalité des députés ont decidé de dire que le foie gras, c'est bon DONC que   c'est bien.
C'est cette logique que je dénonce ici, celle du tyran.

L'Express du 15/12/2005
Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, juriste et philosophe
Les sophismes du foie gras:

Au nom de la culture et de la gastronomie, faut-il protéger une exception française? La loi n'a pas à dresser la liste de tout ce qui est bon

Nos parlementaires viennent d'adopter à l'unanimité un article selon lequel «le foie gras fait partie du patrimoine culturel et gastronomique protégé en France». Pourquoi protéger le foie gras? Parce que c'est bon, répond une sénatrice. Et alors? La loi n'a pas vocation à dresser la liste de tout ce qui est bon. Le pruneau d'Agen aussi, c'est bon. La formule, elle, sonne comme une publicité. C'est l'Association de promotion de la volaille française qui proclame que «la volaille s'inscrit au cœur de notre patrimoine culturel et gastronomique». Avec une déclaration similaire, la loi joue donc le rôle d'une association de promotion du foie gras.


Par ailleurs, lorsque le législateur protège, il légitime et cautionne. Il dit en somme: c'est bon, donc c'est bien. Or une chose peut évidemment être bonne pour des raisons gustatives et mauvaise pour d'autres, éthiques en l'occurrence: le foie gras est un patrimoine culturel et gastronomique élevé en batterie.


On explique aussi que la filière représente 30 000 emplois et un solde positif de 7,5 millions d'euros pour notre commerce extérieur. C'est donc le patrimoine économique que l'on protège avant tout. A cette aune-là, l'industrie du tabac, avec ses 35 000 commerces et ses 12 milliards de recettes fiscales, mériterait davantage d'égards.


Oui, mais le foie gras est une spécificité française. Certes. Néanmoins, ce n'est pas parce que nous sommes quasiment les seuls à faire quelque chose que nous avons raison de le faire. Curieuse prétention. On rappelle surtout qu'il s'agit d'une tradition ancestrale, partie intégrante de notre culture depuis toujours. Le même argument sert à autoriser la corrida quand une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. C'est un sophisme bien connu sous le nom d'argumentum ad antiquitam. L'excision est également un rite millénaire, une pratique culturelle, une tradition profondément ancrée. Pourtant, le même législateur l'interdit et fustige ce relativisme culturel… qu'il invoque au contraire quand il s'agit de légitimer une exception française.


La question n'est pas l'interdiction du foie gras. La France, comme les autres, y viendra. Ce bavardage législatif est d'ailleurs la preuve qu'elle est sur la défensive. La véritable question est celle du débat public, de la discussion qui n'a pas lieu dans une France muselée par les intérêts de quelques-uns et qui accepte sans broncher les sophismes de ceux qui pensent avec leur ventre.


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