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Psychanalyse et animaux.

djihadistes et cruaut

Anonymat des assassins djihadistes? BHL et la nuit des «hommes infâmes»

31 Juillet 2016, 08:27am

Publié par Jo Benchetrit

Notre habitude est l'image, le nom, la star.

Dès qu'un quelconque chanteur est un peu connu, son blaze ou son pseudo s'étalent.

Nous ne ferions pas d'article sans photo. Plus un "artiste" est connu, plus il est reconnu en tant qu'artiste.
A l'instar des barbares pseudo- artistes comme les bouchers tortionnaire Nitch et Damien Hirst, plus il est connu, plus il sera aimé, plus il vendra cher, même si ce qu'il vend est de la merde, enfin, pire que de la merde: c'est du sadisme envers les animaux.

Helas, ça marche aussi avec les assassins d'humains!
Faut-il montrer à des coquilles vides des videos, des photos, des tueurs du Daech ?
Si oui, dans quel but? Il faut surtout savoir si ça ne peut nuire.
That is the question.
La bobine de Mohamed Mera, souriant, l'air du Narcisse fier de lui, de la petite frappe à l'oeil cynique à defaut d'une étincelle d'intelligence qu'on chercherait en vain, a beaucoup trop circulé pour ne pas avoir fait des émules chez les mal dans leur peau qui rejettent la faute sur les "autres", et sont pour les sectes des proies faciles.

Comme le furent les "Lacombe Lucien", proies de rêve pour en formater des collabos.

Une fois de plus, le problème est la bêtise, obstacle à la pensée que s'offrent les humains et contre quoi on peut bien peu de choses. Si la betise n'est pas innée, elle provient de la sale habitude de ne pas réfléchir de ceux qui considèrent le mot "intellos" comme une injure et voient dans l'exercice de la pensée une injure à l'énorme couche de crasse de PREJUGES.

Attention, cette couche de PREJUGES - refus de réfléchir est confortable et bien des français dits de souche n'ont rien à envier aux musulmans neo nazis parfois à leur insu sur ce plan! Il existe en effet encore des nazis à l'ancienne parmi nous...Hélas! Et eux aussi s'imaginent intelligents. Mais ils se sont endormis sur cette couche.

Nous aimerions évidemment savoir si le tueur était notre voisin et si ses capacités de nuisance ne risquent pas d'etre partagées par ses frères et soeurs, ses amis, voire ses parents.

On se trouve là dans la problématique du bénéfice -risque et ce n'est pas très facile à trancher.

(mot qui peut faire peur vu ceux à qui nous avons à faire).
Perso, je voudrais qu'on dise les noms, qu'on montre pas les bobines, ou à peine, et surtout pas en gros plan. De l'info, pas de mise en place des conditions d'en faire des stars.

Mais chacun sait que c'est une limite bien floue.

Les pires tueurs ont pu trouver dans le coeur torve de certain-e-s une place prépondérante. La perversion reveille le sado-masochisme au point que les tueurs de femmes aussi font des fans.

La perversion, de tous temps, a fasciné au point que le névrosé moyen croit , à la rencontre son fantasme incarné, avoir trouvé le Dieu de sa jouissance.

BHL répond de maniere non ambiguë dans Libération: "il faut renvoyer les jihadistes à la nuit des "hommes infâmes"."

Comment ne pas être d'accord avec ce souhait ?

Le philosophe plaide pour un grand accord entre médias «réduisant au strict inévitable l’évocation des figures du crime».

  • Renvoyer les jihadistes à la nuit des «hommes infâmes»

Il y a trois raisons au moins d’anonymiser les jihadistes passés à l’acte.

La première est que donner leur nom, diffuser et rediffuser leur visage vivant, et surtout mort, faire d’eux les figurants mondialement célèbres de ce spectacle qu’est aussi, à l’âge du tout puissant visible, la guerre terroriste, revient à exaucer ce qui aura été l’un de leurs désirs ultimes : les tueurs du Bataclan n’exigeaient-ils pas de leurs otages, quelques minutes avant le massacre, qu’ils appellent les chaînes d’information en continu ? L’islamiste de l’Hyper Cacher ne prit-il pas la peine d’exiger de l’une de ces chaînes qu’elle modifie, pour lui, son générique et son bandeau ? Et est-ce un hasard si l’assassin en série de Nice a laissé derrière lui, en évidence, dans son camion, sa carte d’identité ?

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La deuxième est qu’entrer, comme on le fait alors, dans le détail de ces existences zombies, dérouler le fil qui va d’une enfance invariablement «malheureuse» à une radicalisation généralement «éclair», s’attarder sur le soi-disant mystère du monstre qui était aussi un bon père, un mari plutôt normal, un voisin aimable et toujours prêt à rendre service, est le plus court chemin vers cette banalisation du mal dont on sait depuis longtemps qu’elle est, en ces matières, l’un des pires dangers qui soient : à quoi bon apprendre, par exemple, que l’égorgeur de Saint-Etienne-du-Rouvray avait une «personnalité nickel» ? Quelle information décisive nous donne-t-on quand on nous passe et repasse en boucle le témoignage de la veuve d’un des tueurs de Charlie Hebdo confiant qu’elle n’a, un an après, toujours pas trouvé le moindre «signe précurseur» de la radicalisation de son mystérieux mari ? Et fallait-il passer tant d’années à combattre la culture de l’excuse pour finalement donner la parole au «meilleur ami» du tueur de Nice nous confiant que celui-ci était quelqu’un de «magnifique», qu’il avait «les yeux en amande», qu’il lui est même arrivé de dire «Je suis Charlie» – mais qu’il était «frustré», qu’il trucidait des «peluches» et que, de sa personnalité «borderline», est venu son «basculement» ? Il y a, dans cette interminable et souvent dérisoire chronique de l’épouvante, une façon de désarmer les consciences et, sous prétexte de nous montrer le visage du crime, de nous rendre, en réalité, aveugles à ce qu’il a d’insoutenable et de révoltant…

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Et puis la troisième raison de fond qui devrait inciter les médias à flouter, ou évoquer par leurs seuls prénoms ou initiales, ou rejeter, tant que faire se peut, dans l’obscurité de l’anonymat ces noms dont la répétition hypnotique rythme désormais nos jours, c’est que ce mélange instable de trivialisation et d’héroïsation, cette façon de nous dire à la fois que ces hommes sont des hommes ordinaires mais qu’ils ont associé leur destin à des actes inoubliables, va avoir une dernière conséquence – la pire : un effet d’entraînement ; une invitation, chez des esprits faibles, à suivre l’exemple et à passer à l’acte ; la jouissance anticipée, chez le successeur, de cette gloire mondialisée qu’a atteinte, après sa mort, le tueur qui lui sert de modèle…

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(...)

Le terrorisme, à l’âge de l’islamisme radical, a évidemment atteint des sommets inégalés dans le raffinement et l’horreur.

Mais le principe demeure de cette contagion morbide, de cette viralité apparemment sans fin passant d’un corps au corps suivant, de cette réaction en chaîne de noms inspirant d’autres noms et aspirés par eux.

Nul ne s’avancera à dire, bien sûr, qu’il suffira d’éluder ces noms pour rompre la chaîne des sympathies et des mimétismes.

D’abord parce que le règne des réseaux prétendument sociaux a grandement limité le pouvoir de prescription des héritiers du Petit Illustré et du Journal.

Ensuite, parce que le jihadisme a bien d’autres racines qui plongent dans la longue histoire, non de la communication, mais des religions et des fascismes.

Et puis, priverait-on X du vertigineux plaisir d’associer son nom à celui de Y dans la nouvelle phalange noire, qu’il lui restera l’autre jouissance, rigoureusement inverse mais dont on sait qu’elle opère avec une force égale, de voir son nom recouvert par celui, psalmodié, d’un Dieu figé dans son dire des origines – ou bien l’autre encore, non moins délectable, de voir les deux noms, le sien et celui du Tout-Puissant, également fondus dans le même plomb du même nihilisme.

(...)

Il faut un grand accord entre médias réduisant au strict inévitable l’évocation des figures du crime.

Il faut, à rebours de toutes les mises en scène héroïques et mimétiques où nous nous complaisons avec eux, renvoyer les jihadistes à la nuit des «hommes infâmes».

Lire in extenso car c'est passionnant: http://www.liberation.fr/france/2016/07/29/renvoyer-les-jihadistes-a-la-nuit-des-hommes-infames_1469303

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