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Psychanalyse et animaux.

Le philosophe de l'ENS Francis Wolff et la corrida : Ho laid, que ça rend bête !

20 Juillet 2007, 08:50am

Publié par Jo Benchétrit

  A propos de la prestation de Francis Wolff contrant Gérard Slama aux matins de France Culture du 19.07.2007.

 
 
 

Corrida…que de rationalisations (défenses contre le ça-voir sur le réel) proférées en ton nom !
La fonction du bla bla dans les arguments pour la chasse et les corridas: "Cachez ce sang que je ne saurais voir!"

  .

Comme Lacan qui aimait les séances courtes afin, disait-il, d’éviter de passer ¾ d’heure à écouter parler de l’œuvre de Dostoïevski….  je n’ai pas voulu laisser les chasseurs parler de leur "art" et de leur "amour de la nature" sic sic, lors de mon "mémorable" passage à l’Arène de France (lien dans l'entête  du blog).
A la place, j’ai opposé un ferme « Blabla » pour remettre à leur juste place les absurdités et tartufferies que les adeptes de la chasse tentaient de nous imposer pour noyer le poisson (Chasseurs =pêcheurs!!). Certains m’en ont voulu.   Lacan s’est bien fait éjecter de l’institut de psychanalyse pour ses séances courtes, à croire que je ne suis pas politiquement correcte, tout comme lui  sur ce plan, celui de la patience devant la mauvaise foi du Narcisse qui veut sauver son image au risque de s’y perdre!

Je reviens aujourd’hui sur les corridas et non la chasse car là s’entendent certainement les plus belles bêtises dans la bouche des plus beaux esprits, comme on dit, du moins ceux qui ont assez louvoyé pour se retrouver comme Francis Wolff à la tête de la Philosophie de l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Excusez moi du peu.
Mais cela ne saurait étonner ceux qui regardent l’état du monde…La décadence se lit dans la valeur morale des élites que nous nous choisissons. Regardez combien étaient nombreux les aficionados lors des   élections de 2007 en France. Et sachez que leur densité au gouvernement est bien supérieure à celle de ceux qui sont favorables à ce « sport », cet « art », en un mot cette saloperie que sont les tortures sur (autres) animaux qu’elles soient ou non…blablatées comme ceci ou cela dans la bouche de nos beaux esthètes ététés sans éthique autre que celle de leur « bon » plaisir.   Wolf a tous les culots: il ose dire que les toreros sont dans l’ascèse alors même qu’ils sont en plein dans la jouissance perverse préoedipienne, sans limite donc, celle que l’enfance doit abandonner  pour devenir civilisable...Conneries labelisées rouges sang ENS que va gober le snob suiveur.

Donc, ce monsieur Wolff a publié chez Fayard une "philosophie de la corrida"  (BOF BOF, que des âneries de beauf: la philosophie ne peut être un alibi du pire.) et ce matin, à France Culture, il est venu vendre sa prose et sa passion glauque au nom de son statut qui, ma foi, est insuffisant pour convaincre ceux qui, avec une tête moins pleine, se débrouillent mieux pour voir l’essentiel pour avoir une éthique, à savoir  le réel.
Mais pour lui qui, au fond, doit bien avoir honte puisqu’il a besoin d’écrire tout un livre pour justifier l’injustifiable, le réel doit être enterré dans ses rationalisations défensives.
Voilà ce qu'il écrit, et ma reponse à lui :
  "Seule est absolue la morale qui nous lie à l'humanité : à l'espèce humaine considérée collectivement et surtout, destructivement, à tous les individus qui en font partie» .
Non, monsieur Wolff, sinon, il faudrait accepter que l'on puisse dire un jour, et Lévi-Strauss dans sa critique effrayée de l'humanisme l'explique très bien, qu'il suffit que l'on vous  classe non homme pour que vous soyez en grand danger. Cela ne peut vous arriver? Croyez vous que dans l'histoire cela ne se soit jamais produit?
Vous parlez de dire avec votre raison vos passions à defaut de vous en defaire...Mais où est donc la raison si on ne sait remettre en cause par l'ascèse ce qui interdit de penser, à savoir la jouissance dont il s'agit dans la passion?
 
  Pourquoi dites vous "destructivement" ? Mot étrange là, mais qui VOUS concerne sans doute.
 Il faut avoir en tête  ce que le mot morale veut dire de non restrictif à une seule sorte de vivant, race, religion, espèce...  Sinon, on sort de la morale. D'ailleurs, ce n'est  pas le genre de la victime qui fait le barbare, mais ses actes barbares.

Un psychopathe ne serait pas de meilleure foi.  Et sa philosophie aussi INEXISTANTE à cet endroit qu'elle l'est dans le discours des amateurs de tortures qui se justifient en se parant dans la toge du sage...scandale de l'abus du pouvoir que lui donne son titre.

On voit ça dans le pseudo-art de certains contemporains qui font passer pour de la sublimation son antonyme, le passage à l'acte pervers. (Mais les naïfs débilisés par leur snobisme se sentent obligés d'applaudir à des "performances" qui se disent de l'art, mais qui sont bien souvent aussi  minables et cruelles que des corridas.)
Faut dire que les débats sur la corrida et la chasse sont les seuls moments où il  est donné à des assassins de s’expliquer sur leur passion coupable, mais où ils se refusent à parle de leur jouissance et ne sont là que pour faire oublier leur jouissance criminelle en justifiant l'injustifiable avec du  grand n'importe quoi, évidemment.
Faut dire aussi que si ce sont des assassins, ceux –ci sont …légaux. Puisque leurs victimes ne sont « que » des bêtes. (c’est là que commence le fascisme)

Donc ce savant monsieur nous a dit que la corrida c’est bien, au sens kantien du terme. Voilà de quoi réjouir Lacan,   qui, justement voyait une équivalence entre Sade et Kant. (cf in les Ecrits, Kant avec Sade)
Le bien absolu de Kant, le « fais ce que tu dois », quelqu'en soient les conséquences  rejoint en effet l’impératif sadien : « Fais ce que tu veux ». Pour Sade, on peut dire que " mon bien c’est LE bien", et ce, quelqu'en soient aussi les conséquences. Nous aurons reconnu ici la formule de tout tyran, la formule donc de l’homme, la botte posée sur les (autres) animaux, la formule de l’humaniste pour qui l’homme est prioritaire et propriétaire de tout sur notre terre. Les (autres) animaux ne jouent pas sous le joug de sa jouissance.

 

Wolf , pour sa part, prétend que Kant dit : « Fais ce que tu es ».
Vous allez me dire : mais les taureaux suppliciés, qu’est- ce qu’ils en pensent de cette philosophie ?
Et bien, une seule chose sans doute : "ces gens-là sont fous. Je ne vois pas où ils veulent en venir mais si l’enjeu de leurs agressions est de me tuer, que ne le font-ils pas plus vite et sans hurler de joie à chaque atroce douleur ?"
L’éthique du taureau, dit Wolf…blabla.

Oui. Ne comptez pas sur moi pour que je réponde de manière philosophique à la mauvaise foi du tortionnaire enrobée dans du papier livresque, fut-il du  papier- Bible…là où un papier-chiotte serait plus adapté.

En ce sens, je suis maoïste : « Il ne faut pas se battre sur le terrain de l’ennemi. »
La seule manière de l’arrêter, c’est la loi, et pour y arriver, la vox populi devrait suffire sans en arriver à devoir avaler La Critique de la raison pure etc. avant de la revendiquer.

Quand la tête bien pleine s’oppose à la tête bien faite, le pire est à craindre pour l’innocent si la formule soixante-huitarde : " Savoir=pouvoir " se vérifie.

Car il s’agit bien d’utiliser son savoir supposé (sa chair à l’ENS doit en impressionner plus d’un) pour asseoir son pouvoir sur les esprits.
Avant lui, mais je suis arrivée trop tard, Slama a défendu la thèse contraire.
 Cherchez sur France Culture si c’est enregistré. Pour ma part mes hauts parleurs ne donnent plus de son…La décadence je vous dis…rions, car devant le crime impuni, que faire d’autre si on n’a pas l’âme belliqueuse ? 

Mais avant d’en finir, sachez que tel Dassault qui, l’œil humide, a plaint les animaux de batterie, Wolff nous a fait un couplet contre les immondes élevages, ainsi que la souffrance terrifiante des (autres) animaux(y compris taureaux) pendant les transports. Sans doute sont-il végétaliens, alors?
Comme si cela ne suffisait pas, ils se servent de ces malheurs non pas pour dire : « On arrête tout », mais pour se donner une légitimité en plus de l'indigne légalité déjà acquise : «  Moi aussi je veux ma part de monstruosités. » Un des droits de l’homme, sans doute ?

Voici l'article logiquement lèche-bottes de Libération, Ultime remarque : La dernière phrase sur l'héroïsme des "pauvres" aficionados persécutés a de quoi faire bondir de rage. Veulent le berk, l'argent du berk et baiser notre sens de la réalité !
Vous remarquerez ce phénomène: quelque soit la culture, le milieu, l'intelligence, l'engagement politique, les arguments des pro-corrida, pro-chasse et autres pro-torture sont toujours semblables et aussi peu convainquants. Belle communion que nous retrouvons dans les autres religions que celle-ci,  qui mène au pire, l'humanisme, humanisme qui est la religion de base des autres religions, y compris et avant tout de l'athéisme...

J'ai trouvé ça, et on peut laisser un avis:
Ne pas s'en priver, merci/:
http://www.evene.fr/livres/livre/francis-wolff-philosophie-de-la-corrida-28707.php
Résumé du livre

"La corrida a inspiré les plus grands artistes et nombre de théoriciens.
Mais nul, à ce jour, ne s'était aventuré à philosopher sur elle. C'est
le défi qu'a relevé Francis Wolff
<http://www.evene.fr/celebre/biographie/francis-wolff-29651.php>. A le
lire, on comprend que la corrida, parce qu'elle touche aux valeurs
éthiques et qu'elle redéfinit l'essence même de l'art, est un magnifique
objet de pensée. La corrida est une lutte à mort entre un homme et un
taureau, mais sa morale n'est pas celle qu'on croit. Car aucune espèce
animale liée à l'homme n'a de sort plus enviable que celui du taureau
qui vit en toute liberté et meurt en combattant. La corrida est
également une école de sagesse : être torero, c'est une certaine manière
de styliser sa vie, d'afficher son détachement par rapport aux aléas de
l'existence, de promettre une victoire sur l'imprévisible. La corrida
est aussi un art. Elle donne forme à une matière brute, la charge du
taureaa ; elle crée du beau avec son contraire, la peur de mourir ; elle
exhibe un réel dont les autres arts ne font que rêver."

 
  

 
"Philosophie
Los aficionados
Le torero est un sage stoïcien, et la corrida une éthique. Olé !
Par Gérard DUPUY
QUOTIDIEN : jeudi 12 juillet 2007
Francis Wolf Philosophie de la corrida Fayard, 322 pp., 20 €.
 

Le goût de certains peintres ou poètes pour la corrida et l'estime qu'ils portent à ceux qui la pratiquent sont notoires. En revanche, les philosophes, du moins dans leurs écrits, semblent étrangers à ce monde. L'un d'eux pourtant vient de se jeter dans l'arène pour prendre le taureau par les cornes du concept. Francis Wolff possède toutes les garanties d'honorabilité professionnelle qu'on peut souhaiter. Spécialiste de philosophie antique, il dirige le département de philosophie de l'Ecole normale. Il est aussi aficionado a los toros , assidu sur les gradins et très savant en choses taurines. Sa Philosophie de la corrida est une tentative pour formuler avec les moyens du technicien de la réflexion les intuitions du spectateur ­ une façon non pas de concilier deux tendances opposées mais au contraire de les aiguiser l'une contre l'autre.

L'auteur commence par lever l'opprobre lancé par certains contre la corrida. Il examine la notion d'«animal» sur laquelle est fondée leur empathie et critique ses fausses évidences. Il en conclut que «seule est absolue la morale qui nous lie à l'humanité : à l'espèce humaine considérée collectivement et surtout, distributivement, à tous les individus qui en font partie» . Cela ne signifie pas que la corrida se place en dehors de toute morale mais que l'éthique à l'égard du taureau dont elle peut se revendiquer consiste à le considérer comme l'animal spécifique qu'il est (différemment donc d'un moustique ou d'un caniche), c'est à dire à «traiter le taureau de combat conformément à sa propre nature et à ce qu'il est pour l'homme, c'est à dire conformément à sa nature d'animal qui combat et aux relations de respect qu'on a vis à vis de celui qu'on affronte comme un égal». 

Le fait que la mise à mort constitue la fin de l'acte tauromachique a fait parler de «sacrifice» à son propos. Wolff ne consent qu'avec réticence à cette approche ethnologisante : justement parce qu'elle gomme la lutte réelle qui se déroule dans l'arène : «le taureau n'est pas la bête qu'on immole mais l'antagoniste absolu auquel on se mesure [...] le matador ne glorifie pas le taureau en le tuant, il se glorifie lui-même» .

Toutefois, l'auteur dessine un profil du torero bien éloigné de la gloriole, pour le faire voisiner... avec le sage stoïcien de l'Antiquité. Pour le praticien de la corrida, contrairement à «la morale universaliste» , «le souverain bien ne consiste pas à agir comme il faut mais à devenir au plus haut point ce qu'on était déjà [...] L'éthique torera est incontestablement une éthique de l'être» . Mais cet «être» ne se témoigne qu'au voisinage de sa disparition : «le Sage ou le torero ne peut faire preuve de son détachement vis-à-vis de la mort qu'à condition de la provoquer» , ce qui amène l'auteur à parler d' «ascèse» .

Philosophie de la corrida contient bien d'autres analyses ­ sur la corrida comme phénomène esthétique d'art-limite, sur l'émotion du spectateur, sur quelques mo- der-nes figures de toreros créateurs et sur leurs singuliers chemins de liberté. Mais sa volonté d'aborder le fait tauromachique par le biais inhabituel de la philosophie morale en constitue le point le plus novateur, et peut-être le plus polémique. En philosophe et en aficionado, Francis Wolff s'est préparé à affronter sereinement la charge des critiques éventuelles."


  

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P
Un peu lourd votre texte, non? Avez-vous lu le livre de Wolff? Il est pourtant intéressant, et les "âneries de beauf" ne sont pas là où vous croyez!
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J
Merci beaucoup, samouraï!!
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J
j'ai regardé l'émission "dans l'arêne" (pas sûr du titre) et j' ai trouvé tes observations, répliques et commentaires d'une efficacité certaine dans la lutte contre la barbarie de la corrida et de la chasse en tout genre; bravo !Personnellement, j'attends toujours qu'un "toréro" relève le défi qui consisterait à combattre non pas contre un taureau  sans défense et surtout amoindri ("préparé) mais contre moi-même armé d'un simple Katana...( je sais, ce n'est pas très "tendance comme proposition...) mais mon âme de samurai serait récompensée de sa réincarnation...Le crois alors que là, avec son aiguille à tricoter, il ne tiendrait pas aussi longtemps que face à un taureau.Mais, celà reste pour moi au stade du fantasme hélas et je rage de ne pouvoir jamais venger ces "fauves" (comme l'a dit un des intervenants) qui sont des animaux comme les autres, que j'aime et qui ne demanderaient qu'une chose, c'est qu'on leur fiche la paix et qu'on les laisse paître paisiblement sur de vastes espaces !
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J
Mais on les laisse parler, ces monstres meprisables!
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S
Dommage que les taureaux ne parlent pas, mais voir le martyre des ces pauvres animaux devrait leur suffire, et faire taire ces assassins de taureaux!!!
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