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Psychanalyse et animaux.

Jouir et encore svp. Devise humaine...jusqu'à plussoif et encore après.

27 Août 2007, 19:18pm

Publié par Jo Benchetrit

Lorsqu’on observe les animaux, il semble que l’homme soit le seul à avoir une telle monstruosité en lui. La question se pose de savoir si c’est inné ou acquis. Une autre question est de savoir si c’est le propre de l’homme ou si ça vient à l’homme parce qu’il en a le pouvoir mais que ce désir de détruire pourrait se trouver chez beaucoup, mais ne trouver la force de se réaliser réellement que chez cet animal supérieurement astucieux et puissant.  Ce qui le rend fou de sa puissance, occasionnellement.

Il est possible que ce que dit Freud dans Malaise soit vrai, et que finalement il ne nous reste que les yeux pour pleurer car il n’y a pas d’espoir d’éradiquer cette saloperie de barbarie.

Il est possible que cette barbarie soit  à traiter comme une maladie mentale. Dans ce cas, il faudrait mettre les milliards d’humains sur le divan pour espérer qu’ils s’en sortent. Mais encore faudrait-il qu’ils en souffrent et soient assez conscients d’être, eux, cause de leur malheur. Ce qui nous renvoie à la case départ.
Car la tentation  de ne pas avoir conscience de ses propres limites est grande et c’est cela qui nous fait passer les bornes si le tabou de nuire est levé par un maître assez convainquant pour vaincre …le  con  en nous qui ne demande qu’à jouir  bêtement.

 

 

 

En tous cas, on le déplore avec Freud dans MALAISE DANS LA CIVILISATION, « La civilisation n’est qu’un mince vernis prêt à craquer pour laisser apparaître la barbarie. » On ne peut vraiment plus le nier depuis que les nations qui se croyaient les plus civilisées ont lamentablement échoué sur les bords du fleuve putride du nazisme qui pourrait s’appeler le Glauque, tant les hommes y ont manifesté ce qui est le plus boueux en eux. Le réel de l’humain civilisé, une fois pour toutes, c’est alors dévoilé en se confondant avec le réel barbare. L’illusion ne devrait plus être possible… Encore qu’on ne puisse pas facilement en venir à bout.

 

Héraclite disait : « on ne se baigne jamais 2 fois dans le même fleuve. » Parions que si, pour celui-là.  Sauf si nous prenons la décision de l’éviter.  Mais pour ce faire , il ne faut plus se contenter de devoir de mémoire mais de celui de s’analyser, de se penser, de réfléchir, c’est à dire de ne plus se réfléchir dans l’eau de son narcissisme idéalisant. Car la barbarie est là, présente sous le maquillage. Lorsqu’elle semble absente, que fait-elle ? Est-elle comme on le croit en train de dormir, prête au réveil ? Ou bien est-elle au contraire en permanence active sous le vernis ? Ou bien est-elle invisible au regard qui se leurre, au sein même du vernis ? 

C’est une question. Je pense que   pouvoir répondre oui aux 3 dernières questions.

D’une part, elle dort, prête à se réveiller contre les autres hommes.
D’autre part, elle est en activité, telle un volcan qui crache sa lave, mais ce serait une lave qui, pour l’instant serait sélective, et ne brûlerait qu’une seule catégorie de vivants. Ou plus exactement qui n’en épargnerait qu’une, les hommes.

Le contrat social  en effet  va  dans le sens de l’intérêt général : que les hommes se respectent assez pour cohabiter sans s’entretuer.
L’homme n’est pas un animal solitaire malgré sa méfiance haineuse par rapport aux autres, sans doute parce que la division du travail rend la vie plus simple pour chacun. Mais ce n’est pas une sinécure. Et, comme on le voit dans le mythe fondateur de l’humanité civilisée qui est décrit par Freud comme le meurtre du père, dans Totem et Tabou, les lois ne protégent que les hommes de la tribu dans un 1° temps, pas les autres, a fortiori pas les (autres) animaux.

Cependant, on va voir émerger un animal avec un statut particulier, qui sera en général protégé lui aussi, mais qui sera en grand danger lorsque les frères voudront commémorer le meurtre du père, car ce sera à son tour de subir.
Etrange façon qu’ont les hommes pour se racheter de leurs fautes, que cette manie de les reproduire.
Le sentiment de culpabilité est difficile à supporter et comme cela s’observe dans le cadre des addictions, une transgression comme un verre d’alcool permet d’oublier le verre précédent qui vous taraude la conscience. Idem des addictes au chocolat etc.

La jouissance transgressive est issue de la satisfaction d’une pulsion qui est elle-même sous la domination de la pulsion de mort. Celle-ci préside à la compulsion de répétition.

Une fois ouverte la voie de la Jouissance, on n’en finit jamais. C’est fichu. La drogue agit certes physiquement mais le manque est aussi psychique. a un effet traumatique qui

 à cette fin, se défendre de la dangerosité de chacun.

La loi des frères assassins du père n’est donc en rien une loi morale dans sa fonction première mais c’est un bouclier qui répond à l’instinct de survie des hommes. De la mort du père est né la survie des fils qui sont reliés par cette culpabilité traumatisante et leur pulsion de vie.

Mais en même temps cette jouissance veut se répéter.
Et si ils ne veulent pas  qu’elle se perpétue entre eux, les êtres non protégés par la loi, les (autres) animaux vont payer la dette des frères. Telle est la fonction du sacrifice, une jouissance de lâche qui se sert de l’autre pour régler sa dette, ce qui est un leurre et ne fait que creuser celle-ci.

Ce n’est pas pour rien que les juifs qui furent les seuls à être mis en position de réclamer le paiement de dette (en étant quasiment cantonnés par la chrétienneté au seul métier d’usurier interdit aux chrétiens) furent stigmatisés par les antisémites et assassinés au nom de cela même. Molière a   choisi de manière pertinente  chez un ecclésiastique son Tartuffe. En cela le mythe du juif banquier et prêt de ses sous de manière atavique est  un fantasme créé par le tabou de l’argent du christianisme. Pourquoi ce tabou ? Ne serait-ce pas lié au paiement de la dette ? Or l’argent (symbolique) est bien plus civilisé que le sacrifice (d’êtres réels) lorsqu’il s’agit de payer. Et sacrifier revient à transgresser la loi qui interdit l’agression, sauf à exclure de l’humanité un certain nombre d’êtres.

Le souci, c’est que l’homme ne peut exclure de la loi une catégorie des vivants sensibles que sont les (autres) animaux, humains ou pas, sans rester dans la répétition du meurtre qui l’a rendu là.

Ce qui fait qu’il patine au même stade sans espoir de progrès moral nécessaire à l’éradication de la barbarie.

Tout comme le meurtre de Jésus, ou plus près de nous du meurtre de l’Orient –express, l’acte sacrificiel va   donner une identité, une histoire commune, celle de la faute partagée, à des hommes qui se sont installés dans le lit de la jouissance du père réel tué. Ce qui se distingue du meurtre du père symbolique   qui amène à une autre identification, celle au trait unaire, qui peut être simplement le nom du père. Je crois que c’est  là que le bât blesse. Du fait que la morale est absente  de cette effroyable prise de conscience qui les a saisi après le constat de ce qu’ils ont fait, même si ça s’appelle sentiment de  culpabilité, cette lucidité nouvelle sur eux-mêmes ne les a hélas pas   amené à la seule chose capable de les faire franchir le pas de la morale civilisée comme essence et pas comme vernis de la barbarie, à savoir une ascèse morale pour protéger les autres êtres sensibles. Cette loi, au contraire, impose  une ascèse partielle, opportuniste, puisque entre soi, pour soi, et pas au nom du devoir, c'est-à-dire  de la compassion due aux êtres faibles et sans défense en face de nous, qui, du coup,  se retrouvent perdants tous leurs droits sous notre pouvoir.

Or seule l’ascèse morale,   quelque soit l’objet, est salvatrice. L’homme qui, tel Francis Wolff dans texte « philosophie de la corrida » publié chez Fayard en 2007, dit que la morale n’est obligatoire qu’entre hommes signe ainsi que la barbarie n’est en rien exclue de son discours, ni de sa pratique d’aficionado, ça va de soi.

  

La civilisation, c’est ce que l’homme se donne comme arme  contre la barbarie.
Mais si ce que dit Freud est vrai, si donc le réel de la civilisation est ce contre quoi elle est censée se battre, si la civilisation est un agent double au service des sévices les plus abjects, alors tout est perdu. On est là devant un roc aussi indépassable que le bout de l’univers, qui, selon Einstein est, contrairement à la bêtise, peut-être fini.

Mais enfin, pourquoi cette apparente fatalité ?

Faut-il chercher dans un propre de l’homme l’explication à cette destructivité que l’on observe dans l’histoire de  notre espèce, depuis les guerres jusqu’aux dégâts faits à la nature, allant jusqu’à compromettre les conditions minimales pour que la vie y soit possible ?

On sait que les propres de l’homme, peu à peu, sautent. Au fur et à mesure que se perfectionne l’éthologie, que se reçoivent comme paroles les « cris » des (autres) animaux, que l’on sait reconnaître en l’animal un alter ego malgré ses différences, le propre de l’homme s’amenuise. Alors, serait-ce la capacité à parler comme nous, sur des choses que l’on peut ainsi présentifier en leur  absence, ce qui est propre au symbolique ?

Certains le pensent. Mais sans doute conviendra-t-il d’affiner encore car il n’est que de décrypter la danse des abeilles pour savoir que celles-ci indiquent ainsi à leurs collègues de travail avec précision et selon une équation mathématique le lieu où se trouvent les fleurs à butiner.

Peut-être, disent certains, la différence réside dans l’accès à la polysémie. Un même son donne plusieurs sens. Alors que, selon eux, comme pour les psychotiques, l’animal(entité fallacieuse et globalisante préfabriquée dans notre langue) est dans un univers de signes avec un mot pour un sens.
Ceux qui ont un chien et lui parlent, savent pourtant sans doute que selon le contexte le chien peut savoir que, par exemple,  le mot « bois » peut soit signifier qu’on l’invite à boire et lç, il va se diriger vers son bol d’eau, même si c’est pour refuser, ou bien  le bois où l’on se promène, promesse de plaisirs provoquant un comportement spécifique du genre aller vers la porte en remuant la queue.. Le « marché », endroit magique plein de denrées appétissantes,  entraîne une manifestation aussi joyeuse et cela suppose qu’on doive « marcher » pour s’y rendre, pour ne pas dire courir avec son « maître » haletant de l’autre côté de la laisse. Ma chienne comprenait parfaitement ces nuances et bien d’autres encore.

Mais bon, certes, ma chienne ne philosophait pas sur la question, du moins je  le suppose n’ayant pas été voir ce qui se tramait dans sa tête. Soyons ce qu’on oublie d’être avec eux, humbles.

 

 

L’homme, nous dit la psychanalyse, est donc un animal qui n'a accès au réel qu'en l'imaginant . Le mot qui represente  donc symbolise le réel induit en nous, par lamultiplicité de ses sens, une certaine vision. Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela veut dire qu’un mot se donne comme la représentation du réel ou plus encore comme sa présentation. De même qu’on peut prendre des vessies pour des lanternes, on prend des mots pour la chose  dont ils parlent.
Ce qui donne des hommes parfaitement prêts à ne rien comprendre mais à croire saisr tout ce uqi se presente...bien souvent loin de ce que ça peut être en realité.
Les animaux en sont d'ailleurs les premières victimes.

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