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Psychanalyse et animaux.

On ne fait pas d’omelettes sans casser des poules.

24 Juillet 2009, 03:34am

Publié par Jo Benchetrit


 

Un homme qui se définit par les droits de H, ce  n’est pas pareil que si il se définit par ses devoirs. Fink. France culture.  5.04.2008 sur Leo Strauss

 


 

Pour  psychanalyser  l’homme  il y a une autre voie royale que celle du rêve, ou du lapsus, et non décelée par Freud : son rapport aux êtres sur lesquels il a tout pouvoir, ce qui definit avec exactitude les (autres) animaux. Pourquoi ? Mais tout simplement parce que c’est un champ non légiféré par la loi des hommes, la loi sociale, donc non sujette au refoulement, à la censure, à la honte. Le sentiment de culpabilité n’y a pas vraiment cours, et dans  certains coins du globe ou partout avec certains animaux, n’y a pas du tout droit de cité. Or, nous dit Freud dans Malaise, la culpabilité c’est de l’angoisse sociale. Donc de la simple honte.

 Ça  veut dire quoi ? Freud l’a décrit dans Malaise : l’homme n’a majoritairement pas intégré la morale ( qui demande de commencer par envisager ses devoirs avant ses droits). Sans  le regard réprobateur du socius, l’homme serait en permanence à nu, puisque il est s'il le veut sans le frêle vernis de civilisation. Il se révèle de même en temps de guerre, de lynchage ou de génocide avec les autres hommes en étant alors ce qu’il est en permanence avec « les bêtes »   ! En  effet, s’il a le pouvoir dans une zone de non-droit, l’être prétendu humain est un être immoral. Donc, un homme dévoilé est un humain dévoyé. En effet, ce qui se perçoit dans sa relation aux animaux  est bien souvent une objection logique à ce qu’il prétend être, prétention illusionniste qui a tout d’une imposture et qui se résume en un mot qui épuise toutes les vertus morale : un humain.

Il est bien entendu décevant de réaliser que sans la limite du jugement des autres l’homme est un être extrêmement peu scrupuleux.

Ce qui montre bien que l’opprobre sociale ne  va pas jusqu’à la façon dont on agit avec les bêtes, c’est que nul, ou presque, ne se scandalise que l’on traite le bétail  si mal que c’est normalement  insupportable à tout homme de subir cela !    L’homme peut être pour les autres hommes ce qu’il  est pour les autres animaux, à savoir barbare ou du moins sans scrupule ce qu’on  observe dans des expressions comme : « on est traité comme du bétail ».

Parfois pris de lucidité, l’homme va inventer des prétextes à de telles injustices. Le tour de Descartes, son animal-machine et donc insensible, est la plus « parfaite » construction défensive que l’homme se soit donné pour répondre à toute objection de sa conscience et continuer à ne pas placer ce rapport sous l’égide de la loi. 

 

 

 

 

 

Rien ne manque, sinon le manque, à l’homme, hélas ! dans son rapport aux animaux.

Le manque qui manque est le manque de   ce qui se passe à la fin de l’oedipe, l’acceptation du manque pour vivre en tant que sujet désirant.  Ne pas avoir tous les droits, avoir le devoir de desirer contre l'abjection d'une jouissance immorale, c'est cela la maturation humaine qui se voit dans le developpement de l'enfant.

C'est ce que Lacan appelait, du titre d'un de ses séminaires: "parier du père au pire."

Le moins qu'on puisse dire  c'est que c'est le pire que l'homme a choisi dans son rapport aux bêtes, ce pire qui fait qu'on peut toujours soupirer après l'homme civilisé, cette belle image de carton-pâte qui expire à la moindre occasion, entre 2 répits apparents de la barbarie. Apparents car on ne la voit pas là où elle ne se cache  presque pas, derrière le soupirail de notre ignorance volontairement choisie pour garder intact ce qu’on croit être notre paradis terrestre, et qui est l'enfer de la jouissance barbare. Mais cette jouissance ne se sait pas barbare, sauf à reconnaître comme immorale la maltraitance des animaux.  Or on sait l'innocence fantasmée de l' homme dans sa relation aux autres espèces. Homo Sapiens se croit permis de les supplicier, donc il n'est coupable de rien.

Tant qu'on en restera là, à rêver d'un monde qui n'a rien à voir avec la réalité, on ne pourra pas savoir qui on est. Et, du coup, on  ne pourra que rester cet haïssable Ubu roi du Pire, le cauchemar des autres animaux.

 

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