Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Psychanalyse et animaux.

Etre bestial est-ce le propre de l'homme?Article d'Eric Fromm.

30 Juillet 2006, 14:37pm

Publié par Jo benchetrit

Erich Fromm, La Passion de détruire (1973), Robert Laffont, 1975, p. 202.

 " La destructivité et la cruauté peuvent [...] faire éprouver [à l'être humain] un profond sentiment de satisfaction ; des masses humaines peuvent être soudain saisies par la soif de sang.

Des individus et des groupes peuvent avoir une structure de caractère qui leur fait espérer avec impatience - ou même créer - des situations qui leur permettent d'exprimer leur besoin de destructivité.

Les animaux [...] n'aiment pas infliger de souffrances aux autres animaux et ne tuent pas 'pour rien'.

Il arrive parfois qu'un animal paraisse manifester un comportement sadique, comme le chat jouant avec une souris ; mais c'est adopter une attitude anthropomorphique que de supposer que le chat éprouve du plaisir à faire souffrir la souris ; n'importe quel objet mobile, que ce soit une souris ou une pelote de laine, peut lui servir de jouet.

Prenons un autre exemple : Lorenz relate un incident survenu entre deux tourterelles enfermées ensemble dans une cage étroite. La plus forte des deux se mit à plumer vive l'autre, plume par plume, jusqu'au moment où Lorenz vint les séparer.

Mais, là aussi, ce qui peut sembler être une manifestation de cruauté extrême n'est, en réalité, qu'une réaction à la privation d'espace et tombe dans la catégorie de l'agressivité défensive.

 Le désir de détruire pour le plaisir est différent. Seul l'être humain semble se complaire à détruire la vie sans autre but que la destruction elle-même.

Pour s'exprimer d'une façon plus générale, seule l'homme semble être destructeur bien au-delà du besoin de se défendre ou de se procurer ce dont il a besoin.

La thèse qui sera développée dans ce chapitre est que la destructivité et la cruauté humaines ne peuvent pas s'expliquer dans les termes d'une hérédité animale ou d'un instinct de destruction, mais qu'elles doivent être comprises sur la base des facteurs par lesquels l'homme diffère des animaux.

Le problème consiste à examiner de quelle manière et à quel degré les conditions spécifiques de l'existence humaine sont responsables de la qualité et de l'intensité du plaisir que prend l'homme à tuer et à torturer. "

Interessante annonce qui donne envie d'en savoir plus.

Mes lecteurs savent que ma thèse est la suivante: les hommes restent des enfants cruels. La simple étape que devrait être la perversion polymorphe du jeune enfant est devenu son piège et son habitat. Il ne peut en bouger du fait de son attitude hors-Loi de l'Oedipe avec les animaux.

Je ne résiste pas à vous coller la 4° de couverture qui est un bon éclairage de ce texte de Fromm:

Quatrième de couverture
Nous vivons dans un monde de violence. Et nous ne pouvons que nous interroger sur ce besoin de cruauté propre à l'homme. Erich Fromm dissèque ici tous les aspects de cette destructivité en faisant appel à toutes les disciplines qui peuvent jeter une lumière nouvelle sur la question : la neurophysiologie, la préhistoire, l'anthropologie, la psychologie animale, la psychanalyse. Fromm va au-delà de la controverse entre les instinctivistes, tel Lorenz, qui voient dans la destructivité humaine l'héritage de nos ancêtres animaux, et les behavioristes, tel Skinner, pour qui il n'y a pas de traits humains innés, ceux-ci résultant du seul conditionnement social. Fromm distingue plusieurs types d'agressivité : une agressivité défensive que l'homme partage avec l'animal et qui assure sa survie. Et une agressivité maligne - qu'il appelle destructivité -, qui incite l'homme à tuer sans but social ni nécessité biologique et qui est spécifiquement humaine et non instinctive. Faisant partie du caractère de l'homme, elle serait l'une de ses passions, comme l'amour, l'ambition, l'avidité. La destructivité est vue à travers les rêves et associations des patients de Fromm et à travers l'étude de personnages tels que Staline - remarquable exemple de sadisme -, Himmler - sadique bureaucrate -, Hitler enfin, en qui Fromm voit un nécrophile ; la nécrophilie étant l'une des formes de l'agressivité maligne. Cette étude du caractère de Hitler représente certainement l'une des plus originales et brillantes contributions à la connaissance du Führer. La Passion de détruire demeure un ouvrage de référence pour tous ceux qui, comme Erich Fromm, souhaitent, à travers un nouvel humanisme, susciter une évolution positive et défendre la dignité de l'homme.

Commenter cet article