Eternel Treblinka.Il est interdit de dire la vérité: l'homme est un nazi pour les animaux. Pourquoi?
Il existe un tabou qui soulève un énorme rejet si on le transgresse: Il ne faut jamais comparer la souffrance imposée à des hommes et celles que subissent de leur faute les bêtes. Le must de ce tollé se pousse si on compare les hommes qui torturent les animaux à des nazis.
Ainsi, c'est considéré comme un blasphème (ce mot appartenant au domaine religieux n'est pas là par hasard car l'homme se voue un amour de cet ordre) si on dit ce que j'affirme, à savoir que le traitement que des nazis firent à des hommes, pas tous pour les mêmes raisons, les juifs en premier dans la ligne de mire de leur haine, puis les handicapés, les tziganes, les homos, que ce traitement infâme est précisément le même que celui imposé aux animaux.
Le mot génocide qui y trouva son 1° emploi, étymologiquement, signifie assassinat d'une espèce et non pas d'une race. Ce qu'on pourrait considérer comme un lapsus est-il de hasard? Pourquoi ne pas avoir plutôt choisi ethnocide plus pertinemment de ce point de vue étymologique sinon par contamination par le désir des nazis? Celui-ci, en effet, était de faire changer d'optique sur des hommes en les considérant comme des bêtes ce qui lève le tabou qui cimente la société des hommes, celui qui leur interdit de s'entretuer et de se manger entre eux. (Référence au meurtre du père de la horde primitive.)
C'est donc au coeur du désir nazi qu'on retrouve le tabou de comparer un bourreau d'animal à un bourreau de victime du nazisme. Qui en serait étonné puisque "le désir, c'est le désir de l'Autre" Lacan. ?
Le désir de celui-ci, de ce bourreau nazi, était de croire ne tuer que des bêtes (nuisibles)! Au moins pouvait-il s'en persuader facilement par le matraquage idéologique instigué par la sorcellerie d'Adolf Hitler dès Mein Kampf qui, d'un juif, faisait un rat ou un poux.
Au fond,il est clair que le tabou de comparer ce qu'on impose banalement aux bêtes aux crimes nazis n'est pas un refus qu'on fasse comme les nazis, à savoir comparer des hommes , en l'occurence juifs majoritairement, à des bêtes. Mais bien plutôt un refus de l'homme "normal" d'être assimilé à ce qui represente le pire en notre espèce, cette capacité de tomber facilement dans l'abjecte, et ce pire eut un jour pour nom le nazisme.
Le nazisme n'est pas un crime banal, car il fut un analyseur de la société occidentale qui avait jusque là d'elle une image de civilisé accompli. Le voilà confrontée à une image désidéalisée: l'occidental ne vaut pas mieux que les étrangers de sociétés qu'il considère comme barbare. Et une autre question commença à sourdre: vaudrait-il encore moins?
Si, en plus, on lui dit qu'en permanence avec les bêtes il est ce monstre qu'il ne veut pas reconnaitre comme étant lui, alors, là, il a 2 solutions: soit se déprimer, sans illusion sur lui-même, son narcissisme gravement blessé, soit il se rebiffe et alors, c'est en tant que victime d'une grave diffamation que l'homme atteint vous tue , sûr de trouver avec lui et contre vous l'alliance qui lui sera nécessaire pour casser ce miroir que vous tendez, avec l'humanité toute entière.
Une 3° solution serait de se reconnaitre dans ce miroir et alors se dire que s'il est ainsi, il doit changer.C'est ce pari que prennent les militants de la défense des droits des animaux, qui, de ce fait cherche en même temps à agir pour l'amélioration de la race humaine, une sorte d'INRA pour hommes!!!
Tant qu'être comparé à un animal sera honteux, tabou car depreciatif, nous serons en position de nous croire supérieur aux animaux. Tant qu'il sera jugé moins grave de faire du mal à un animal qu'à un "humain", la porte des pulsions partielles non castrées sera ouverte et nous serons tous exposé au pire en nous.
L'avis des cahiers anti-spécistes sur Eternet Tréblinka. Tout cela ne pouvait qu'interpeler les anti-spécistes. Ceux du cahier ont pondu un article sur le livre de Paterson qui fonce "gaiement" dans le tabou dès la porte, le titre. Voici donc la critique des cahiers http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article213 :
Eternal Treblinka se divise en trois parties, chacune composée de deux ou trois chapitres. Elles s'intitulent respectivement « Erreur capitale », « Espèce suprême, race suprême » et « Échos de l'Holocauste ». L'ensemble est riche de faits historiques, de citations, de références et d'anecdotes diverses.
La première partie retrace, assez brièvement mais de manière fort intéressante, l'histoire de l'exploitation des animaux non-humains par le biais de leur domestication depuis l'Antiquité, en notant par ailleurs ce qu'en disaient les principales religions ainsi que des philosophes, tels Platon ou Aristote. Par exemple, ce dernier arguait que la domination des hommes sur les animaux s'étendait aux esclaves et aux femmes, que les peuples voisins « non-civilisés » étaient des esclaves par nature. Patterson établit ainsi une corrélation entre l'esclavage des animaux et celui des humains. Il cite également la loi romaine, Cicéron, saint Thomas d'Aquin ou encore Francis Bacon, selon qui « l'homme était le centre du monde », sans oublier Descartes.
Le fossé ainsi établi entre humains et non-humains, au moyen de « critères tels que la possession de raison, la capacité à utiliser un langage intelligible, la religion, la culture ou les mœurs a procuré aux hommes les outils pour juger les autres peuples. Ceux qui ne possédaient pas les qualités requises étaient considérés comme sous-humains. Ceux-là devenaient ainsi des bêtes d'une certaine utilité qu'il fallait domestiquer et rendre dociles, ou bien des prédateurs, des parasites dont il fallait se débarrasser » (p. 25).
Le deuxième chapitre expose comment le fait de qualifier d'animaux certaines catégories de personnes a pu servir de prélude à leur persécution, exploitation et meurtre. Ainsi les Anglais comparaient les Hottentots à leurs troupeaux d'animaux, qui semblaient davantage caqueter telles des poules ou des dindes que parler comme des hommes ; Georges Cuvier (1769-1832) décrivait les Africains comme « la race humaine la plus dégradée qui soit et dont les formes se rapprochent de celles des bêtes » ; Paul Broca (1824-80), un pathologiste français, anthropologue, mesura des crânes humains pour démontrer que la taille du cerveau était proportionnelle à l'intelligence, déclarant que la taille du cerveau, et donc l'intelligence, des hommes blancs était supérieure à celle des femmes, des pauvres et des « races inférieures » non-européennes (pp. 28-29).
Patterson consacre ensuite quelques pages au génocide des Indiens d'Amérique, eux aussi considérés comme non-humains à l'époque ; puis il traite de la guerre des Philippines et de la Shoah en passant par Hiroshima et Nagasaki. Il relate comment, pour chacun de ces massacres, les assaillants avaient traité leurs victimes de « sauvages, gorilles, « gooks » (littéralement Asiate- synonyme de saloperie en américain), singes jaunes, babouins, chiens, rats, vipères, vermine, cochons, moutons », et j'en passe.
Patterson nous dit plus loin : « En 1991, pendant la guerre du Golfe, les pilotes américains comparaient les tirs sur les soldats iraquiens à des tirs sur des dindes ; les civils qui couraient s'abriter n'étaient que des « cafards ». En temps de guerre, ce genre de comparaisons permet de déshumaniser l'ennemi et facilite ainsi le meurtre [...], il s'agit d'une redéfinition nécessaire pour que des non-psychopathes puissent massacrer des innocents sans toutefois se reprocher quoi que ce soit. Enfin, dans Mein Kampf, Hitler décrivait les Juifs comme étant « des araignées qui sucent lentement le sang du peuple, une bande de rats qui se battent entre eux (...) les sangsues éternelles. »
La deuxième partie (chapitres 3 à 5) commence par deux citations ; la première est tirée de The Lives of Animals3, de J.M. Coetzee, la seconde est de Theodor Adorno : « Auschwitz commence lorsque quelqu'un regarde un abattoir et se dit : ce ne sont que des animaux. » Cette deuxième grande partie étudie la manière dont le massacre industrialisé des animaux, d'une part, et des humains, d'autre part, se sont enchevêtrés au cours du vingtième siècle, et comment l'eugénisme et l'abattage à la chaîne ont traversé l'Océan Atlantique pour trouver une terre fertile en Allemagne nazie.
Le chapitre trois, intitulé « L'industrialisation de l'abattage - La route qui mène à Auschwitz en passant par les États-Unis », nous présente le célèbre Henry Ford sous un jour nouveau, nous apprenant qu'il était antisémite et qu'il a aidé au développement de la propagande nazie. On y apprend également que Ford a tiré son idée de travail à la chaîne d'un abattoir de Chicago. On y découvre par ailleurs de nombreuses descriptions des abattoirs américains du début du siècle dernier, notamment grâce à Work and Community in the Jungle: Chicago's Packinghouse Workers, 1894-19224, de l'historien James Barrett (p. 60). Ou encore, par l'intermédiaire de l'artiste engagée Sue Coe, qui dans les années 1990 a passé six ans à visiter des abattoirs à travers les États-Unis ; elle a publié un ensemble de croquis et descriptions5 depuis les petites entreprises familiales jusqu'aux géants de l'abattage (p. 65).
Le chapitre 4, « Pour un meilleur troupeau », nous présente l'histoire de l'eugénisme, sa naissance aux États-Unis au sein de l'Association des Éleveurs Américains, puis son implantation en Europe. Voici une anecdote tirée de ce chapitre : Lothrop Stoddard, anthropologue américain reconnu, passa quelques mois en Allemagne nazie au cours de l'année 1940. Il eut accès aux secrets de la recherche scientifique et assista à un jugement de la Cour suprême en matière d'hérédité, qui devait statuer sur le sort d'une enfant retardée mentale ; d'une sourde et muette dont la famille présentait de nombreuses tares héréditaires ; d'un maniaco-dépressif (au sujet duquel Stoddard écrivit qu'il fallait le stériliser) ; et enfin d'un homme « semblable à un singe » avec des antécédents homosexuels, marié à une Juive, dont il avait eu trois enfants « qui n'allaient jamais bien ».
Stoddard quitta la séance en étant très impressionné par l'efficacité de la Cour à éliminer les « éléments inférieurs ». De retour aux États-Unis, il assura à ses compatriotes Américains que « les Nazis retiraient les mauvaises graines du troupeau allemand de manière scientifique et tout à fait humaine ». Quant au « problème des Juifs », celui-ci était déjà réglé en principe, il ne restait plus qu'à appliquer ce qui était prévu, à savoir les « éliminer physiquement » (p. 100).
Patterson remarque ensuite que les centres agricoles travaillant sur l'eugénisme ont fourni une grande partie du personnel envoyé dans les camps de la mort. Il termine le chapitre sur la phrase suivante : « Pour le personnel T4 et les ouvriers des camps de la mort envoyés en Pologne pour exterminer les Juifs, leur expérience dans l'exploitation et l'abattage des animaux s'est révélée être un excellent entraînement. » (p. 108)
Dans le chapitre 5, « Sans même une larme en hommage », on apprend que : « Au cours du vingtième siècle, deux des nations industrialisées du monde, les États-Unis et l'Allemagne, ont tué des millions d'êtres humains et des milliards d'autres êtres. Chacune a donné sa propre contribution au carnage du siècle : l'Amérique à donné les abattoirs au monde moderne ; l'Allemagne nazie lui a donné les chambres à gaz. Bien que ces deux opérations fatales aient des victimes et des buts différents, elles ont plusieurs traits en commun. »
Patterson étudie ainsi la terminologie commune aux deux espaces de meurtre.
Il poursuit avec le fait que les personnes malades, faibles ou blessées à leur arrivée dans un camp étaient immédiatement écartées, puis « éliminées » pour ne pas représenter une gêne ; il en va de même aujourd'hui encore pour les animaux trop affaiblis à leur arrivée pour se tenir debout et qu'on abandonne dans un coin jusqu'à ce que quelqu'un ait le temps de « s'occuper » d'eux.
Ensuite, Patterson nous parle des « petits » (p. 116) et nous dit notamment que nombre des animaux mangés ne sont que des bébés : cochons, agneaux, veaux âgés de quelques mois, ou cochons de lait âgés d'une à neuf semaines.
Certains ouvriers admettent que le plus dur est de tuer les agneaux et les veaux « parce qu'ils ne sont que des bébés » ; « parfois un veau tout juste séparé de sa mère vient téter le doigt d'un ouvrier dans l'espoir de recevoir du lait, mais il ne reçoit que la méchanceté des hommes ». En parallèle, la plupart des membres composant les Einsatzgruppen (groupes d'action allemands chargés de massacres de civils) trouvaient qu'il était plus dur de tuer les enfants que les hommes et les femmes ; dans les camps, cette tâche était exécutée tellement vite que certaines victimes étaient jetées dans la fosse encore vivantes.
Les paragraphes suivants traitent du rapport entre Hitler et les animaux, nous expliquant qu'il traitait ses ennemis de « porcs », les diplomates anglais de « petits vers », son propre peuple de « stupide troupeau de moutons » tandis que ses sœurs n'étaient que « des oies stupides ».
Patterson réserve également une place au fait qu'Hitler était anti-végétarien, qu'en arrivant au pouvoir en 1933 il a interdit toutes les associations végétariennes allemandes, fait arrêter leurs présidents, puis interdire également ce type d'association dans les territoires occupés.
Patterson donne ensuite une explication au mythe de Hitler-végétarien (p. 127 et suiv.).
Enfin, la troisième partie (chapitres 6 à 8) nous présente le parcours de Juifs et d'Allemands concernés par l'Holocauste qui se sont tournés vers les droits des animaux. Elle commence notamment par une citation de Helmut Kaplan : « Un jour, nos petits-enfants nous demanderont : où étais-tu pendant l'Holocauste des animaux ? Qu'as-tu fait contre ces crimes horribles ? Nous ne pourrons donner la même excuse une seconde fois, dire que nous ne savions pas. »
Le chapitre 6 « Nous aussi, nous étions comme ça » nous parle donc de victimes directes ou indirectes de la Shoah qui se sont tournées vers la libération animale. Beaucoup d'enfants de survivants à l'Holocauste ont fait leur carrière dans des professions tournées vers autrui : professeurs, conseillers conjugaux, psychiatres, psychologues ou assistants sociaux. Une femme dont douze membres de la famille sont morts en camp confie : « Quand on grandit en apprenant que sa famille a été tuée par un gouvernement et un peuple qui les jugeaient sans valeur, qui avaient un pouvoir total sur eux et qui l'exerçaient sans ménagement, en leur prenant tout, jusqu'à leur vie, on ne peut s'empêcher d'avoir de l'empathie pour ceux qui sont encore dans cette situation. Les animaux sont faibles, sans voix, ils ne peuvent s'entraider ni s'aider eux-mêmes. Nous aussi, les Juifs, nous étions comme ça. » (p. 140)
Plus loin, on découvre l'histoire de « Hacker », pseudonyme d'un militant de l'ALF, qui porte encore le tatouage qu'il s'était vu attribuer, enfant, à Auschwitz. Arrivé aux États-Unis à l'âge de dix ans, il fut adopté par un boucher, dont il finit par reprendre le commerce, jusqu'à ce qu'il en soit dégoûté et devienne végétarien (p. 142).
Quelques paragraphes plus loin, Patterson nous présente Susan Kalev, elle aussi rescapée des camps de concentration, qui participa à sa première manifestation pour les animaux juste après avoir accosté une femme qui arborait un tee-shirt décrivant la vie des veaux séparés de leur mère (p. 143).
Le dernier exemple que je vous présenterai est celui de Lucy Kaplan, diplômée de Princeton et de l'université de droit de Chicago, auteure de la préface de Eternal Treblinka. Ses parents se sont rencontrés dans un camp autrichien. Lucy Kaplan a été hantée par des images de l'Holocauste toute sa vie ; elle est « certaine d'avoir en partie été attirée par la libération animale parce qu'elle perçoit des similitudes entre l'exploitation institutionnalisée des animaux et le génocide nazi » (p. 146).
Les interviews s'enchaînent pour conclure sur cette remarque pessimiste d'Albert Kaplan, fils de Juifs russes : « La grande majorité des survivants à l'Holocauste est carnivore et ne s'intéresse pas plus à la souffrance des animaux que les Allemands se préoccupaient de la souffrance des Juifs. Qu'est-ce que cela signifie ? Laissez-moi vous le dire. Cela signifie que nous n'avons rien appris de l'Holocauste. Rien. Tout cela pour rien. Il n'y a aucun espoir » (p. 167).
Je ne détaillerai pas le chapitre 7, « Cet abattoir sans limites », dans lequel Patterson nous donne un aperçu très fourni des livres de Isaac Bashevis Singer, en nous faisant partager quelques moments clefs de ses récits, illustrant ainsi la compassion de cet admirable auteur yiddish, prix Nobel de littérature. Un régal.
Le chapitre 8, « De l'autre côté de l'Holocauste - Des Allemands donnent leur voix aux sans-voix », nous présente des histoires individuelles, comme dans le chapitre 6, mais cette fois-ci les interviewés sont allemands. Permettez-moi de vous rapporter le récit de Liesel Appel, que Patterson nous livre sous le titre « Le bébé d'Hitler » (p. 210).
Liesel, née en 1941, était l'enfant tant attendu d'un couple d'Allemands désireux de faire honneur au Führer en lui « donnant » un petit Aryen de plus. Son père lui disait qu'elle devait sa vie à Adolf Hitler et qu'elle avait pour devoir de s'assurer que l'Allemagne reste un pays fort. « Mon père était mon héros ». Liesel ne savait rien des activités nazies de ses parents et c'est au cours du printemps 1951 qu'elle tomba de haut, un an après la mort de son père. Elle jouait à la marelle lorsqu'un jeune homme très bien habillé et parlant parfaitement l'allemand lui demanda : « Ma petite, où habites-tu ? ». Liesel sourit et lui montra sa maison du doigt. Lorsque l'étranger acquiesça d'un signe de tête, Liesel remarqua qu'il portait une petite casquette sur l'arrière de la tête. Il lui raconta qu'il avait habité dans la maison voisine et qu'un grand homme lui avait sauvé la vie au cours de Kristallnacht6. Devant l'air dubitatif de l'enfant, l'étranger lui expliqua qu'en novembre 1938 Hitler avait donné l'ordre de détruire tout ce qui appartenait aux Juifs. Il n'avait lui-même que 9 ans à l'époque ; on avait tué ses parents, on l'avait jeté par la fenêtre du deuxième étage et un voisin était venu le chercher pour le cacher. Il habitait désormais en Israël et était revenu pour remercier l'homme qui lui avait sauvé la vie. Liesel était fort étonnée d'entendre parler d'Israël, de Kristallnacht ou de gens se faisant tuer à côté de chez elle. Mais tout à coup, elle fut certaine d'une chose : c'était son père qui avait sauvé ce jeune homme ! Elle le prit par la main et le mena jusqu'à chez elle pour que sa mère le rencontre. Lorsque cette dernière l'aperçut, son visage se glaça et elle envoya sa fille dans sa chambre. Par la fenêtre, Liesel vit le jeune homme partir à toutes jambes, puis entendit sa mère monter l'escalier. Elle était rouge de colère : « Ne t'avise plus jamais de faire ren-trer des gens comme ça chez nous !
- Des gens comme quoi ? » Liesel eut soudain le pressentiment que ses parents étaient pour quelque chose dans l'horrible histoire du jeune homme.
« Maman, qu'est-ce qu'on a fait pendant la guerre ? On n'a pas sauvé cet homme ? »
Sa mère l'attrapa par le bras et la secoua violemment.
« Ton père était un homme respectable ! Ses croyances étaient justes ! Pourquoi aurait-il sauvé un Juif ? »
Liesel n'avait jamais répondu à ses parents, elle était une petite fille bien élevée. Elle regarda sa mère dans les yeux et lui répondit :
« Vous êtes des assassins ! Ne pose plus jamais la main sur moi ! »
Elle poussa sa mère hors de la chambre et claqua la porte.
« Ce fut la fin de mon enfance, confie Liesel. Je ne l'ai plus jamais touchée, ni appelée maman. »
Patterson nous livre la suite de cette histoire, la vie de Liesel, devenue végétarienne, et je vous laisserai la découvrir par vous-même, en espérant que vous aurez bientôt l'occasion de lire Eternal Treblinka.
Avant de rédiger le synopsis que vous venez de lire, j'ai traduit l'article que Charles Patterson a lui-même rédigé pour présenter son livre, Animals, Slavery and the Holocaust, et que vous pouvez consulter en anglais sur le site d'une association norvégienne pour les animaux7. Il sera prochainement disponible en français sous le titre, Les animaux, l'esclavage et l'Holocauste, sur le site des Cahiers*.
1. Toutes les citations contenues dans cet article ont été traduites par Anne Renon.
2. Isaac Bashevis Singer, tiré de la nouvelle The Letter Writer.
3. J.M. Coetzee, The Lives of Animals, Profile Books, London, 2000 (cf. Cahiers antispécistes n°20)
4. Ouvrage romancé sur le travail des ouvriers d'abattoirs, publié en 1987, en anglais, aux éditions Urbana, University of Illinois Press.
5. Sue Coe, Dead Meat, New York : Four Walls Eight Windows, 1995.
6. La Nuit de Cristal : il s'agit de la nuit du 9 au 10 novembre 1938, au cours de laquelle une centaine de personnes furent tuées, une centaine de synagogues brûlées et 7 500 magasins pillés en Allemagne. Ce titre lui a été donné en référence aux vitrines et à la vaisselle brisées cette nuit-là.
7. http://www.dyrevernalliansen.no/art....
*. Après une longue hésitation, nous, La Rédaction, avons choisi de ne pas publier cet article, jugeant qu'il ne reflétait pas fidèlement l'ensemble des sujets abordés dans Eternal Treblinka, car il se focalisait essentiellement sur le rôle d'Henry Ford dans le mouvement antisémite et sur l'eugénisme. Comme vous avez pu le constater, je l'espère, à la lecture de ce synopsis, l'impression que donne la lecture d'Eternal TreblinkaEternal Treblinka de la façon la plus neutre possible en réalisant ce résumé. est bien différente : Patterson met à notre disposition un certain nombre de faits, d'éléments historiques, de citations, de témoignages, etc. sur des sujets bien plus divers que Henry Ford et l'eugénisme, pour nous laisser ensuite libres d'en tirer des conclusions. Voilà pourquoi nous avons préféré vous parler d'