Réponse à Xavier Klein, puis Hitler, vivisection et désinformation. Article d'Elisabeth Hardouin-Fugier.
Là où Xavier Klein désinforme, j'informe, avec l'aide d'Elisabeth Hardouin.
L'esprit de l'homme est ainsi fait que
le mensonge a cent fois plus de prise
sur lui que la vérité.
Hitler, vivisection et désinformation.
Article d'Elisabeth Hardouin-Fugier, historienne, à qui je rends hommage dans la foulée.
Je copie colle ce "ça peut servir quand on a à faire à des rouleurs dans la farine ".
Je ne parle pas de la gente boulangère mais bien plutôt de la bouchère, QUI EST TOUT, SAUF BELLE.
Quoique rien de plus évident à propos du bla-bla castagnettes des aficionados sur leur prétendu art boucher ( bouché?) que cette phrase de Lacan: "Le beau est le dernier rempart contre l'horreur."
Mais pourquoi donc le mate-horreur tarémachique a-t-il tant besoin de penser qu'il n'est pas Hitler? Serait-ce un TOC qui ne couvre que la réalité de sa dénégation?
Car l'inconscient ne connaît pas la négation. Et dire: " Je ne suis pas Hitler"... signifie l'inverse pour l'inconscient de celui qui l'énonce, ici, M. Klein qui, à ce niveau est confronté à son conflit psychique.
ça s'écrit ainsi : Si les animaux sont des sujets, alors la corrida est abjecte, et donc, je suis un monstre, tout comme celui qui est l'étalon-or de l'ignominie humaine.
Mais, X. Klein, personne à part vous ne vous accuse d'être Hitler!
La monstruosité humaine peut se décliner autrement.
Même si on peut dire que la seule chose qui ressemble au traitement qui fut fait aux juifs est celui qui est réservé aux animaux.
Et pour cause que cette "chose" ne fut possible qu'en levant le tabou qui frappe les humains entre eux en assimilant certains à des animaux.
En effet, les animaux sont vues comme des choses livrés à la jouissance humaine.
La zone de non-droit où nous confinons notre rapport aux animaux fait de nous des êtres regressés au stade amoral devenu immoral après coup, de la perversion du jeune enfant (avant 3 ans, en gros). Où l'Autre est un melting pot d'objets partiels "à en profiter"...
Aussi, pour en faire autant avec les humains, il faut les assimiler à des animaux, n'est-ce pas?
Mais si cette zone de non droit était éliminée? Il n'y aurait plus de porte ouverte à notre perversion.
Je vous remercie au passage pour la pub que vous me faites sur votre blog. Vous m'y faites l'honneur de quelques sarcasmes et injures peu ragoûtantes selon mon souvenir.
Bien entendu, parler de moi en tant que virago ne manque pas de saveur pour ceux qui me connaissent. Je pourrais vous attaquer en dit-femmation, non?
Mais je ne vois rien dans le code pénal (ou plutôt, ici, pénien) qui vous interdise de le faire. Je suis suffisamment indignée par votre barbarie, et je n'ai pour mon ego aucune adulation. Mon combat est ailleurs que dans mon amour propre qui ne peut qu'être mis à mal par une guerre contre le pire en l'homme. 7 milliards d'humains décérébrés par leur jouissance grotesque, ubuesque, arc-boutés sur leurs privilèges humanistes, et moi et moi et moi...et quelques autres.
:)
Je vous laisse enfin avec E.H-F, HISTORIENNE
Revue Semestrielle de Droit Animalier – RSDA
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HISTOIRE DES CULTURES ET DES CIVILISATIONS
« La vivisection est supprimée en Allemagne »
Recyclage et exploitation d'une désinformation récurrente (1933-2009)
Elisabeth HARDOUIN-FUGIER
Professeur honoraire d’Histoire de l’art de l’Université Jean Moulin Lyon III
« Respecter les animaux est considéré comme une trahison envers le
progrès1 ».Theodor Adorno montre que sortir de l’anthropocentrisme
occidental pour défendre les animaux c’est s’exposer à être classé parmi
les traîtres de l’humanité. En effet, à deux reprises, (Nerson, 1963, Ferry,
1992-94 et ses suiveurs jusqu’à 2008), les abominations du nazisme ont été
instrumentalisées pour criminaliser la protection juridique de l’animal. Voici
l’histoire de cette incroyable désinformation.
Dans un article intitulé « La condition animale au regard du droit », on
découvre une déclaration stupéfiante : « De monstrueux hypocrites figurent
parmi les défenseurs des animaux puisque les nazis interdisaient le gavage
des oies dans le Troisième Reich et prohibaient l’expérimentation sur
l’animal dans ce même camp d’Auschwitz où des hommes servaient de
cobayes ! ».2 D’après cet auteur, l’éminent juriste Roger Nerson, les
bienfaiteurs de l’animal auraient obtenu, dans le camp d’Auschwitz, de
remplacer les animaux de laboratoire par des hommes. Trente ans plus tard,
le philosophe Luc Ferry affirme que la loi allemande de protection animale
du 24 novembre 1933, selon lui longue de « 180 pages », est si« chèr(e) au
cœur » d’Hitler qu’il en « faisait une affaire personnelle ». L. Ferry
développe longuement le sophisme de « la mauvaise compagnie », avec le
cas d’Hitler3. Malgré les criantes invraisemblances de ces thèses, qu’il suffit
de documenter4 pour anéantir, elles sont passées au rang d’un axiome encore
présent dans des quotidiens réputés.
1
Horkheimer, Max, Adorno, Theodor, La dialectique de la raison [1944], trad. de
l'allemand par Eliane Kaufholz, Paris, Gallimard, 1974, p. 276.s
2
Nerson, Roger, Recueil Dalloz, Chronique, 1963, pp. 1-7.
3
Ferry, Luc, Le Nouvel ordre écologique, Paris, Grasset, 1992, p. 182.
4
Hardouin-Fugier, Elisabeth, « Un recyclage français de la propagande nazie, la
protection législative de l’animal » in Ecologie et Politique, janvier 2002, pp. 53-70.
« Der französische Erziehungsminister Luc Ferry als Geschichtsfälscher entlarvt », in
Journal Franz Weber, n° 65, Juli-Sept 2003, pp.14-17.
Points de vue croisés
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Une abondante documentation sur la législation animalière allemande permet
d’analyser l’origine et le cheminement de ces désinformations. L’Université
de Freiburg-en-Brisgau fournit les textes juridiques essentiels ; de
nombreuses thèses vétérinaires ou juridiques sont accessibles grâce à
l’Institut Historique Allemand (DHI) de Paris, à la Bibliothèque Cujas ou à la
Bibliothèque Nationale. Les copieux Commentaires (Kommentar) successifs
des lois animalières (entre 1939 et 1945, autour de 360 pages) ressemblent à
nos textes d’application ; ils peuvent être considérés comme Lex Ferenda ou
source d’informations pour d’éventuels législateurs. Au XIXème siècle, un
langage juridique spécifique était obligatoire, au XX° siècle, le style s’allège.
Le lecteur reste confronté à des constructions complexes au sein de phrases
dépassant les vingt lignes et à la typographie gothique, abandonnée vers
1940. Enfin et surtout la très belle thèse de droit animalier d’un Professeur de
Kiel5 couronne une documentation qui annihile définitivement ces mythes.
I- DIABOLISER LES OPPOSANTS À LA VIVISECTION
A- Une abominable permutation (Roger Nerson)
Dans la phrase « et prohibaient l’expérimentation sur l’animal dans ce même
camp d’Auschwitz », R. Nerson emploie de façon impropre la forme
adjectivale de « même », antéposé devant « camp », (« même camp « ) qui
implique une ressemblance avec un second élément ici absent (même...que
quoi ?). Si l’auteur voulait employer « même » comme déterminatif
d’identité, il fallait écrire : « dans le camp même », pour localiser le fait cité,
l’expérimentation sur des humains. Malgré ce tour de passe-passe, ou grâce à
lui, Nerson établit une corrélation entre la protection juridique de l’animal et
la « vivisection humaine », puisqu’il accuse les protecteurs des animaux de
« monstrueuse hypocrisie ». L’accusation de Nerson présuppose une
interdiction de la vivisection sur les animaux en Allemagne, qu’il croit
découvrir dans l’ouvrage d’Edmond Bocquet qu’il cite. Ce juriste compétent
passe en revue toutes les législations animalières européennes, et mentionne
en effet (p. 71) une « interdiction du principe » de la vivisection proclamée
par un décret de Göring. Le dessinateur du périodique Simplissicimus met en
image cette interprétation en représentant les animaux de laboratoire vivants,
lapins, souris et cobayes, adressant le salut hitlérien à Göring devant une
inscription « vivisection interdite, signé Göring » (voir II, B). Les faits sont
les suivants : l’interdiction du gavage figure en effet dans la loi du 24
5
Eberstein, Winfried, C.J., Das Tierschutzrecht in Deutschland bis zum Erlass des
Reichs-Tierschutzgesetzes vom 24 Nov. 1933, Peter Lang, 1999, Thèse de droit, Kiel.
(Le droit animalier en Allemagne juqu’à la promulgation de la loi de protection
animale du Reich du 24 novembre 1933)
Revue Semestrielle de Droit Animalier – RSDA
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novembre 1933 (II, §2, 11), bien que dérisoire dans un pays affamé. Les
expérimentations sur des hommes sont tragiquement vraies. C’est en réalité
un scoop de propagande lancé par Göring (voir II) puis colporté par un
ouvrage juridique6 : « la vivisection est supprimée en Prusse.» Selon Nerson,
les protecteurs des animaux, ayant obtenu la suppression de la vivisection sur
les animaux, auraient contraint les médecins nazis à utiliser l’homme comme
cobaye. Luc Ferry se montre plus circonspect que Nerson, il ne fait
qu’évoquer le crime supposé commis par les protecteurs d’animaux « ... la
zoophilie la plus sincère n’en n’est pas restée aux paroles, mais s’est incarnée
dans les faits7. » Il réserve la révélation de la permutation criminelle aux
auditeurs de ses conférences ou interviews.
Les documents réduisent à néant cette abominable accusation de substitution.
En effet, d’innombrables textes montrent que l’expérimentation sur l’animal
n’a jamais cessé en Allemagne nazie8. Des animaux sont explicitement
signalés dans les laboratoires des camps de Natzweiler, Dachau, Auschwitz et
Buchenwald. Le docteur Adélaïde Hautval, déportée, affectée comme
médecin au bloc 10 d’Auschwitz, mentionne qu’Himmler promet de mettre à
la disposition du professeur Clauberg le camp d’Auschwitz « pour ses
expériences sur les êtres humains et sur les animaux »9. Une quarantaine des
lettres (1942-1944, signées, localisées) de médecins adressées à Himmler
sont publiées par F. Bayle10 et figurent parfois dans les Actes des Procès de
Nuremberg. Elles demandent à Himmler l’autorisation de poursuivre sur des
hommes leurs expériences menées aussi loin que possible sur les animaux,
condition indispensable et sans doute légale pour obtenir un « modèle
humain ». Certaines de ces lettres font allusion à un décret (29 décembre
1900) et à une directive (29 novembre 1931) qui traitent le délicat problème
du passage de l’animal à l’homme. En effet, en 1930, un traitement
antituberculeux préventif appliqué à des enfants entraîne une grande
mortalité parmi eux ; on tente alors d’encadrer juridiquement le passage de
l’animal à l’homme.
6
Bocquet, Edmond, La protection des animaux dans les législations françaises et
étrangères, Sirey, 1934.
7
Ferry, Luc, Nouvel ordre...1992, op. cit., p. 184.
8
Hardouin-Fugier, Elisabeth, « L’animal de laboratoire sous le nazisme », CD Dalloz,
juin 2002.
9
Hauteval, Adélaïde, Lettich, Dr, Médecine et crimes contre l’humanité, Actes Sud,
1991, p. 89, souligné par nous.
10
Bayle, François, Croix gammée contre caducée, les expériences humaines en
Allemagne pendant la Deuxième guerre mondiale, l’auteur, 1950, 1942-1944.
Points de vue croisés
B- Sophisme de la (très) mauvaise compagnie d’Hitler (Luc Ferry)
Pour disqualifier la protection animale, Luc Ferry use et abuse du sophisme
de la mauvaise compagnie, ici du personnage redoutable d’Hitler qui serait
l’auteur d’une législation animalière d’avant garde. L. Ferry magnifie le titre
III de la loi du 24 novembre 1933, concernant l’expérimentation animale,
« en avance de cinquante ans (et même plus) sur son temps11. » Or, il ne fait
que suivre la tendance européenne qui, après l’Act anglais du 22 mai 1876
beaucoup plus répressif, tente divers compromis.
Mieux renseigné sur les pensées intimes d’Hitler que nos plus grands
biographes actuels du Führer, Ferry pare le dictateur d’un profond amour
pour l’animal, qu’exploite aussi le Ministère nazi de la propagande.
Goebbels, dans son Journal de 1933, explique qu’il veut lancer l’image d’un
« homme simple et bon ». Des séries de cartes postales montrent Hitler avec
sa chienne Blondie, nourrissant des biches ou caressant des enfants. L. Ferry
soutient qu’Hitler « tiendra à suivre personnellement l’élaboration de cette
gigantesque loi de protection animale (« de plus de 180 pages »12). »
Outre diverses approximations de traduction et sur l’origine des références
(consultations indirectes des documents données pour directes), L. Ferry
commet des erreurs flagrantes :
1- La loi du 24 novembre 1933 n’a pas 180 pages, mais à peine trois dans le
Journal Officiel du Reich13. S’il s’agit du commentaire de la loi (1939), cet
ouvrage a 305 pages.
2- Dans les délibérations des six réunions préparatoires à la loi du 24
novembre 1933, ni Hitler, ni son nom, ni même l’évocation du Führer
n’apparaissent (cf. Eberstein, 2, B), alors que L. Ferry, attribue ce texte « à la
volonté personnelle d’Hitler14 ».
3- Ferry prétend fournir le début de la loi du 24 novembre 1933, mais les dix
lignes qu’il donne sont, non pas la loi, mais le commencement du
Commentaire de celle-là, écrit par un vétérinaire et un juriste : « La loi de
protection animale du Reich ne se restreint pas (ici Ferry supprime : comme
rotection animale (« de plus de 180 pages »). »
Outre diverses approximations de traduction et sur l’origine des références
(consultations indirectes des documents données pour directes), L. Ferry
commet des erreurs flagrantes :
1- La loi du 24 novembre 1933 n’a pas 180 pages, mais à peine trois dans le
Journal Officiel du Reich13. S’il s’agit du commentaire de la loi (1939), cet
ouvrage a 305 pages.
2- Dans les délibérations des six réunions préparatoires à la loi du 24
novembre 1933, ni Hitler, ni son nom, ni même l’évocation du Führer
n’apparaissent (cf. Eberstein, 2, B), alors que L. Ferry, attribue ce texte « à la
volonté personnelle d’Hitler14 ».
3- Ferry prétend fournir le début de la loi du 24 novembre 1933, mais les dix
lignes qu’il donne sont, non pas la loi, mais le commencement du
Commentaire de celle-là, écrit par un vétérinaire et un juriste : « La loi de
protection animale du Reich ne se restreint pas (ici Ferry supprime : comme
11
Ferry Luc, Germé Claudine, Des Animaux et des Hommes, Paris, Librairie Générale
Française, 1994, 1994, p. 506-507, 513, 514.
12
Ferry, Luc, in Vincent, Jean-Didier, Noble, D., L’Éthique du vivant, UNESCO
1998, p.73.
13
RGB, (Journal Officiel du Reich) 1933, 23 ou plutôt 25 novembre (lecture difficile)
n° 132, p. 987-989.
14
Ferry, Luc, Nouvel ordre...1992, op. cit., pp.28-29.