Canada: l'ère postbio, c'est la viande "HUMANE": des elevages qui tiennent compte dela vie des b^tes plebiscité par les acheteurs.
La viande humane arrivera-t-elle en France? ce serait un trop beau progrès vue la mentalité locale.
Et si la seule "viande humaine" ou humane était celle qu'on ne mange pas faute de tuer des animaux?
L'ogre humain va-t-il enfin l'entendre?
Le dimanche 16 septembre 2007
http://www.cyberpresse.ca/article/20070916/CPACTUALITES/709160412/6691/CPACTUEL
Des cochons traités aux petits oignons
La Presse
Les consommateurs ne se contentent plus de la viande bio. Ils veulent savoir si la bête qui se retrouve finalement dans leur assiette a eu une vie décente. Ils veulent connaître les méthodes de production des fruits, légumes et céréales du supermarché. Pour renseigner ces clients de plus en plus curieux et exigeants, les sceaux de certification se multiplient. C'est l'ère postbio de la surspécialisation alimentaire.
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Les images de canards maltraités filmées dans une ferme québécoise montrées à la télévision ont touché de nombreux consommateurs cet été. On veut bien être carnivore, mais de là à rudoyer les animaux d'élevage...
Sensible à cette cause, un organisme américain a créé une certification qui assure aux consommateurs que l'éleveur pratique son métier dans les règles de l'art. Et dans le respect des animaux.
«Ce mouvement est venu du Japon vers la fin des années 90», explique Vincent Breton. Les viandes duBreton sont la première entreprise québécoise à obtenir la certification Humane, qui garantit que les animaux sont bien traités.
La compagnie québécoise y a vu un moyen d'ouvrir des marchés spécialisés. Elle a ensuite tâté le terrain du côté de ses clients américains pour découvrir que cette étiquette post-bio a déjà sa clientèle. Finalement, duBreton a trouvé des éleveurs qui étaient attirés par cette forme d'élevage plus humaine.
«On voulait faire de l'agriculture, oui, mais on voulait que nos bêtes soient bien», explique Richard Samson. Sa porcherie de North Lancaster, en Ontario, tout près de la frontière québécoise, est associée à duBreton. Les Samson vendent toute leur production au transformateur québécois pour son marché Humane.
Humaine, la ferme de Richard et Louise Samson l'est. Les cochons sont vraiment traités aux petits oignons. Ils vont se nourrir librement à une des stations d'alimentation gérées par ordinateur. Quand un animal se présente, l'ordinateur sait s'il a mangé et, si oui, quelle quantité. Il aura droit à la portion restante ou à rien du tout. Les cochons gloutons qui espèrent avoir un traitement de faveur sont repérés, puis renvoyés avec les copains. Car on vit en groupe, dans la porcherie Samson.
«Les défenseurs de la philosophie Humane sont arrivés à la conclusion que les animaux, pour être heureux, doivent pouvoir bouger, explique Germain Camiré, qui s'occupe des fermes associées à duBreton. On veut les ramener à leurs instincts naturels. Ils doivent pouvoir voir la lumière, vivre en groupe, se rouler par terre. C'est un peu un retour en arrière pour les méthodes, mais avec les moyens actuels.»
Marché en croissance
On risque de voir de plus en plus de sceaux de type Humane. De plus en plus de consommateurs acceptent de payer plus cher pour une viande qui a été produite dans des conditions qui respectent les animaux.
Une inspection est faite chaque année. «Les fermes s'engagent aussi à nous ouvrir leurs portes n'importe quand si nous croyons devoir faire des visites supplémentaires», explique Mary Chesnut, porte-parole de l'organisme à but non lucratif Humane, jointe à ses bureaux, en Virginie. En Amérique du Nord, 62 compagnies sont certifiées, dont trois canadiennes, en comptant duBreton.
Si l'entreprise de Rivière-du-Loup a décidé de faire partie de la famille Humane, ce n'est pas pour prouver aux consommateurs québécois qu'elle est gentille avec ses animaux. Ce créneau très spécialisé ne représente qu'une petite partie du porc de cet important transformateur québécois. Environ 70% de la viande duBreton est destinée à l'exportation. Les États-Unis constituent le principal marché du groupe. Et une partie des consommateurs américains est friande de ce genre de produits spécialisés.
Les marchés d'alimentation Whole Foods l'exigent maintenant. Whole Foods est cette chaîne qui ne vend plus de homards en vivier parce qu'elle considère que cette pratique est cruelle. La chaîne de restauration rapide Chipotle, qui appartient à McDonald's, refuse quant à elle de servir du porc qui a été élevé dans de mauvaises conditions. Whole Foods et Chipotle sont deux importants clients des Viandes duBreton. La certification Humane leur garantit que les éleveurs partagent leur philosophie.
Pour l'instant, il est impossible de mettre la main sur ce précieux porc heureux au Québec, faute de marché. Au Québec, duBreton a plutôt lancé en grande pompe cet été son porc «élevé sans antibiotiques et nourri aux grains végétaux», vendu dans certains supermarchés. C'est un autre créneau, différent du bio et du Humane. Cette fois, on assure qu'il n'y a pas d'additifs à la côtelette. La bête n'a pas été soignée avec des antibiotiques de son vivant et elle n'a pas été nourrie avec des sous-produits animaux.
Pourquoi ne pas faire des «superfermes» qui seraient à la fois certifiées bio, naturelles et Humane? Question de coûts, répond le vice-président des Aliments Breton, Vincent Breton. «Chaque restriction à l'élevage augmente inévitablement le prix de détail», dit-il. Le bio est la certification la plus coûteuse parce que l'éleveur doit alimenter ses animaux avec de la nourriture certifiée biologique, nettement plus chère.
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