On dit "vivisection"...Mais on ne voit pas les victimes. Un site d'une photographe vous en dira plus long que les discours, enfin si vous savez voir.
http://webhome.idirect.com/~ravage/
cliquez sur Essais 1 et 2.
Et si, malgré ce que vous diront ces singes, vous croyez que leur torture est un mal nécessaire, dites vous bien que ces êtres ont la même sensibilité au mal que nous. Alors, de quel droit cette souffrance ne serait-elle pas prise en compte, afin de nous servir, nous, contre notre souffrance ?
Croyez-vous en la Loi du plus Fort comme base de la civilisation? Si vous répondez oui, alors croyez-vous vraiment que l'humanité sera un jour sortie d'affaire, sortie définitivement du cycle de la violence où elle s'enlise, faute de vouloir analyser pour combattre sa barbarie envers les faibles ?
Le monde actuel illustre les résultats de cette attitude avec maestria et il faut vraiment faire de l'aveuglement volontaire pour ne pas voir que notre attitude est nulle car destructrice.
C'est pourquoi la véritable question, la plus urgente car elle concerne des milliards d'êtres dont les milliards d'hommes, n'est pas: "va-t-on trouver un remède contre le SIDA?" mais bien plutôt que faire contre le suicide de notre espèce au complet, suicide kamikaze d'où peu d'espèces se sortent?
De même que Robespierre qui lui aussi était mû par de bons sentiments, finit executé par une guillotine qu'il avait fait fonctionner sans répit, de même notre espèce est dépassée par le déchaînement de ses crimes...non stop envers le reste des vivants, et ces crimes la rattrappent.
Qui veut sauver des hommes doit épargner les animaux.
Portraits de singes
Émilie Dubreuil
La Presse
Collaboration spéciale
La photographe Julie Gauthier a braqué son objectif sur les chimpanzés de la
fondation Fauna, à Carignan. Histoire de témoigner de la parenté entre
l'homme et le singe, et de sensibiliser au sort des animaux de laboratoire.
Avec ses lunettes carrées à la monture noire et sa chevelure de jais coupée
à angle droit, la photographe Julie Gauthier semble tout droit sortie d'une
bande dessinée japonaise. C'est peut-être pour cette raison que le récit de
son séjour chez les chimpanzés tient de l'intrigue du conte pour enfants.
Du plus loin qu'elle se souvienne, Julie Gauthier a toujours été fascinée
par les grands singes. Petite, elle passait des heures à regarder des grands
livres d'images de chimpanzés ou de gorilles en rêvant du jour où elle
prendrait elle-même des photos de ces grands animaux. Adolescente, elle
s'abonne au National Geographic dans lequel elle ne manque pas de lire la
moindre ligne ayant un lien avec sa passion enfantine. C'est ainsi qu'il y a
quelques années, Julie découvre, dans un entrefilet du célèbre magazine
américain, l'existence d'un sanctuaire pour les animaux maltraités, situé à
Carignan sur la rive-sud de Montréal. Il s'agit de la fondation Fauna qui
accueille, entre autres, des chimpanzés ayant servi de cobayes dans des
laboratoires de recherches biomédicales américains.
«Je me suis dit que si moi, je n'en avais jamais entendu parler, il y avait
peu de chance que l'oeuvre soit connue du grand public. J'ai donc offert à
Gloria Gow et à son mari, Richard Allan, fondateurs de Fauna, de leur donner
un coup de pouce et de faire des photos des chimpanzés. C'était une façon de
contribuer à ma manière à faire connaître la cause de ces animaux qui ont
tellement donné à la race humaine et qui donnent encore, littéralement, leur
corps à la science.»
On estime qu'il y aurait toujours environ 1500 chimpanzés vivants dans des
laboratoires de recherches aux États-Unis. Or, lorsque les chimpanzés
atteignent un certain âge, ils sont considérés comme des animaux inutiles et
finissent leurs jours dans de petites cages où ils sont confinés toute la
journée. Cette réclusion peut s'étendre sur de longues années puisque les
chimpanzés ont une espérance de vie allant de 40 à 60 ans.
En attendant qu'on interdise l'utilisation des chimpanzés à des fins
scientifiques, l'urgence, pour ceux qui militent en faveur des droits des
chimpanzés, est de leur offrir une retraite convenable. C'est ainsi qu'en
1997, une dizaine de retraités du Laboratoire de médecine et de chirurgie
expérimentale de l'Université de New York (LEMSIP) se sont retrouvés à
Carignan sur l'immense terre de Gloria Gow et de son mari. Pour accueillir
ses nouveaux pensionnaires, le couple a investi 200 000 dans la construction
d'une installation garantissant à la fois le confort des animaux et la
sécurité du public qui pourrait craindre la proximité de tels voisins. Comme
les chimpanzés partagent 98% de leur ADN avec l'homme, ce sont les seuls
animaux à qui les chercheurs ont pu inoculer avec succès le virus du sida et
celui de l'hépatite. Parmi les pensionnaires de la fondation Fauna, sept
sont séropositifs et plusieurs porteurs de l'hépatite C.
Julie Gauthier se souvient très bien du choc ressenti lors de sa première
rencontre avec les chimpanzés de Carignan. «On ne peut pas s'imaginer à quel
point ces singes sont troublés. Ils se mettent en colère à propos de rien,
changent d'humeur sans préavis, ni raison apparente. En fait, ils ont
terriblement peur des gens qu'ils ne connaissent pas. Ce qui se comprend
aisément, ces chimpanzés ont passé une bonne partie de leur vie à subir des
tests et des traitements médicaux effectués par des chercheurs avec qui ils
n'avaient aucun contact en dehors de ces expériences. Lorsqu'ils voient un
nouveau visage arriver dans leur environnement, ils se méfient. Il a donc
fallu que je vienne ici plusieurs fois pour les apprivoiser avant de pouvoir
utiliser mon appareil et en tirer un matériel intéressant.»
Pour la photographe, l'endroit où vivent les chimpanzés représente un défi
technique de taille. La salle d'observation où ils s'amusent est équipée
d'une immense vitre pare-balles de façon à éviter tout contact entre les
visiteurs et ces animaux imprévisibles. Julie Gauthier doit donc coller sa
lentille sur la vitre pour obtenir des images claires. «J'arrive avec un
objet qu'ils ne connaissent pas, qui les regarde. La plupart sont assez
fascinés par cet oeil mécanique et s'approchent de la vitre pour regarder à
leur tour et fixer l'appareil. Mais ils comprennent l'idée générale et
prennent des poses comme les humains. C'est assez fascinant de constater à
quel point le courant passe entre nos deux espèces, la communication est
facile!»
En voyant Julie arriver, Sue Ellen s'approche la première de la vitre. Elle
aime bien se faire photographier. Une vieille habitude héritée de sa brève
carrière dans le monde du cirque où elle travaillait avant d'être vendue par
ses propriétaires à un laboratoire. Comme les autres pensionnaires, son
dossier médical a de quoi faire frémir. En quelques années seulement, Sue
Ellen a subit 29 biopsies du foie, 11 biopsies hépatiques, trois biopsies
rectales et quatre biopsies des ganglions lymphatiques, en plus d'être
utilisée pour des études sur le VIH.
Pour l'heure, Sue Ellen joue tranquillement avec la photographe, nettoie la
vitre qui les sépare et lui fait toutes sortes de finesses. Julie profite de
ce moment de détente pour prendre des photos et essayer de capter toute
l'intensité contenue dans le regard du grand singe. «Il y a beaucoup de gens
qui ont une réaction viscérale en voyant mes photos. Ils sont étonnés de
constater à quel point ces regards sont humains et chargés d'émotions.»
Il est vrai que le résultat est saisissant. Au-delà des données génétiques,
les portraits réalisés par la photographe réussissent à nous faire ressentir
la proximité entre les chimpanzés et la race humaine. Une image vaut mille
mots, dit-on. Celles de Julie Gauthier, plus que n'importe quel discours
militant sur les animaux maltraités, dérangent, et elle en est fort aise:
«Si j'ai réussi à faire ressentir la souffrance endurée par ces chimpanzés
dans mes photos, c'est que j'aurai fait mon boulot.»
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Pour en savoir plus:
Le site de Julie Gauthier: webhome.idirect.com/~ravage/