Cependant, en France, l’autre pays de la corrida, 80% disent ne pas aimer ça ou sont résolument contre.
Je sais aussi que la plupart de nos contrées occidentales ne pourrait tuer un animal pour le manger si ils ont le choix entre l’acheter déjà tué ou à tuer. Et certains en deviendraient végétariens, ce qui ne serait pas à blâmer!
Ce qui ne les empêche pas de faire cuire vivants des êtres très sensibles, c'est prouvé, comme les crustacés. Mais ceux-ci sont apparemment très différents de nous.
Ce qui prouve que, grosso modo, la majorité des gens arrive à s’insensibiliser à la douleur de ceux avec qui elle ne s’identifie pas, comme le font les petits enfants à la logique simpliste mais fausse: ce qui ne se ressemble pas n'est sur aucun point pareil !!!
Ce qui explique que longtemps les blancs ont cru être les seuls vrais hommes, les noirs n'étant que des primates évolués, alors que l'espèce humaine entière est primate!
Donc le truc pour pouvoir supporter ce qu’on fait aux autres animaux est simple : il faut et il suffit que l’homme apparaisse comme une espèce à part. Pas du règne animal, donc un peu du règne…inexistant des... dieux...?
Le déni de l’animalité des primates humains est donc sans aucun doute au service de la cruauté qui est la règle lorsque l’on considère le traitement des animaux par les hommes.
Cependant, par imprudence, il arrive que cette belle construction s’effondre, lorsque l’on s’approche d’un peu trop près d’eux. Alors, quelque soit l’animal, on peut s’apercevoir que les points que nous avons en commun sont pléthores et surtout…fondamentaux.
C’est ainsi qu’émerveillés et pour certains retardataires, sceptiques, devant diverses expériences, nous découvrons la grande intelligence des poulpes, des perroquets, des corneilles, etc. Parce que nous vivons avec d'autres, nous apprenons d'eux qu'ils sont sensibles comme nous, capables de raisonner, de mentir, de vouloir séduire etc.
Nous voyons grâce à la télé que certains ont montré qu’ils sont capables de se servir d'outils, d’un ordi grâce auquel on communique avec des singes ou d’une paire de ciseaux sans qu’on leur montre comment on fait(vu à la télé une guenon couper les poils de son fils ainsi). Avant, on croyait ne pouvoir leur apprendre que par un bête dressage…à présent, on parle d’éducation.
Peu à peu, le gouffre que nous avons posé entre eux et nous, pour mieux les martyriser sans se sentir coupables, se comble.
Ce qui n’empêche pas les hommes de continuer à les torturer mais de plus en plus en secret.
Il reste encore trop de vestiges de ce temps révolu où hommes et bêtes n’étaient pas perçus comme du même monde, où Descartes pouvait baratiner de manière non cartésienne les volontiers crédules sadiques comme Malebranche en faisant croire qu’un cri de chienne battue par leur soins n’étaient qu’un réflexe équivalent à un grincement de chaîne…et pas plus douloureux pour la chaîne que pour la chienne( en général gravide, ce qui l' amusait beaucoup. J'explique la raison de cela dans un article sur le secret de la famille Descartes).
La compassion avec les (autres) animaux: Il s’agit donc d’une identification qui part d’un savoir, celui que l’autre animal est un autre soi-même et donc on en déduit très logiquement et à juste titre que comme soi, il souffre, tant physiquement que psychologiquement, ressent des affects comme la peur, l’angoisse, l’amour, la haine etc. et veut vivre, veut être libre, sans angoisse ni aucune entrave.
On veut nous faire croire que c'est pathologique, suspect de ressentir la souffrance des animaux. On appelle ça avec mépris de la sensiblerie.
Nous vivons, il faut le rappeler , dans un monde de débiles volontaires. Comment leur dire, eux qui sont soumis à une hypnose idéologique digne de l'intégrisme religieux le plus sévère?
Ils sont absolument sourds, et vous récitent leur catéchisme imbécile, tous avec les mêmes clichés, quelque soit leur origine sociale, ou leur pays.
Il y a une psychologie internationale de la religion humaniste. Les clichés?je vous en parlerai un autre jour. C'est facile, je vais demander à quelqu'un qui souffre de cette hypnose au plus haut point de me l'écrire, ça me facilitera les choses.
La compassion, qui signifie la souffrance avec (l’autre), ne peut donc se ressentir en dehors de l’identification qu’on appelle hystérique, la seule qui permet des se mettre à vivre en même temps que l’autre bien-sûr une souffrance, mais aussi tout autre affect.
Cette identification , mâtinée de pitié , de désir de sauver cet autre soi qui est victime, nous mettra en position de vouloir venir en aide, de vouloir empêcher de s’abattre le bras de ce bourreau qui, soit se cache comme dans les labos, les élevages, les séances de dressage pour les cirques etc. ou encore les transports d’animaux vivants, soit étale avec fierté son sadisme à des complices qui le paie pour cela. Ce genre de spectacles, hélas, est autorisé aux enfants alors même que la pornographie, autrement moins invasive, leur est à juste titre dissimulée. Je trouve cette incohérence criminelle surtout lorsqu’on sait avec quelle obstination le milieu taurin veut absolument manipuler les jeunes esprits en leur offrant des participations à des corridas gratuitement, des courses de vachette, des rodéos ou encore en les formant à taper sur des effigies de taureaux et bien d’autres choses choquantes.
On a vu pourquoi certains, attachés à leur privilèges de tyran, s’évertuent à ne pas s’identifier, pourquoi, à l’inverse, des gens qui ne peuvent s’anesthésier, seront, eux, beaucoup plus aptes à ce digne sentiment de compassion. On a vu que c’était une question d’identification possible ou pas selon l’individu et son aptitude donc à se civiliser et à mettre pour ce faire ses pulsions destructrices au service du bien, en les détournant de leur but meurtrier de départ.
Mais pourquoi ce sentiment de compassion devient si fort ?
Pourquoi cette sensibilité qui paraît à certains excessive lorsque, comparée au même fait atteignant un humain, sera source de moindre souffrance chez le sujet témoin ?
Certains diront des choses blessantes du genre : « c’est de la sensiblerie. »
D’autres, les mêmes le plus souvent, intégristes humanistes leur font des procès en inquisition: « ces gens sont en fait des traîtres, des monstres, des renégats de leur espèce et sont indifférents à la souffrance des …enfants.( toujours des enfants, pourquoi ?)
En dehors de toute psychologie de comptoir, je me garderai bien de faire une interprétation sauvage du genre que les gens aiment à faire, afin de donner de l’homme qui peut ressentir de nobles sentiments une image de fou, ou de grand névrosé déplaçant un sentiment qui devrait rester en circuit fermé « humano-humain » pour l’appliquer à ces êtres insignifiants que sont les « que des bêtes », je voudrais avancer cette hypothèse : en s’identifiant à un être aussi vulnérable entre les mains du géant humain qui a la force avec lui et aussi la loi des hommes, le sujet qui est aussi un humain se sent tiraillé entre 2 identifications . Ceci crée en lui un conflit douloureux qui pose la question du « qui suis-je, moi qui me sent plus animal qu’homme, moi qui ne v peut pas m’identifier au bourreau humain ? »
De plus, s’identifier à l’impuissant, alors qu’on est réduit à l’impuissance en vrai pour parvenir à secourir l’animal victime des mains de ses semblables est difficile à vivre.
Mais il y a d’autres choses, comme ce que nous donne à voir un animal qui le rend encore plus pathétique: une incapacité de comprendre ce qu’on lui veut, ni comment, avec logique , il faut réagir.
Cette souffrance psychique, encore pire que l’autre, nous atteint profondément, sans garde-fous.
Notre âme d’enfant se souvient sans doute de la souffrance de ne pas comprendre l’autre.
De même,dans un corrida, on ne peut que hurler son désespoir, alors que les autres, les sadiques aficionados , eux crient leur joie sauvage et cette différence éthique fondamentale nous rend comme étrangers à d'autres de notre espèce auxquels on n epeut envisager de s'identifier quand on à l'âme sauveteuse, et pas bourreau!
Comment trouver ses repères ainsi, surtout quand ces aficionados, par ailleurs, ont l’air aussi civilisés que l’étaient les SS retrouvant leur chez soi après une journée de jouissance barbare aux camps?
Il y a chez un animal domestique une telle infantilisation, une telle fragilité que tout homme "humain", ceux qu'on appelle justes, parce qu'il y en a si peu qu'on peut trouver ça un peu "juste" si vous me permettez le joke, ne peut rester insensible au mal qu’on lui fait.
Mais devant l’homme, tout animal est un enfant impuissant. Et nous ne pouvons que constater notre plus grande compassion envers les enfants, âge certes de perversion, mais aussi d’innocence, celle de celui qui ne sait pas encore que nuire est mal.
Il me semble à présent clair que l'on ne peut que compatir plus devant la souffrance du prisonnier persécuté que devant celle de son bourreau.
Réflexions autour de ce thème:
Avec les animaux, les hommes ne sont pas comme avec les autres hommes en temps normal. (cf. le début de la loi qui protège les hommes des hommes, dans le livre de Freud, Totem et Tabou)
Donc, nous mettons des limites entre nous…Limites que parfois nous avons besoin de souligner d’une mise à distance dont le vouvoiement est un des nombreux instruments.
Par contre, il n’y a pas d’obligation sociale avec les animaux. ( que les hommes tutoient sans pb). Et ce, dans la mesure où la loi demande aux hommes de sacrifier leur jouissance au bien commun, et que cela ne se fait que par l'interêt de tout un chacun à ne pas être victime de cette jouissance des autres.
La loi est donc ce qui demande à chacun de respecter l'autre pour être respecté lui-même et ne va pas jusqu'à garantir l'oblativité qui demanderait aux hommes de sacrifier leur jouissance pour l'exclusif bien de l'autre.
C'est une difficulté que la Loi d'interdiction de l'oedipe, elle, contourne car elle montre que l'abuseur se livre pied et poings liés à son surmoi pousse au jouir, celui qui, d'être le bras armé de la pulsion de mort, sous couvert de promesse de douceurs et bonheur, tue le sujet du désir. Il en est ainsi du toxicomane.
Il en est ainsi de tout symptôme névrotique.
Il en est ainsi du pervers qui se met au service de l'Autre qui, croit-il, exige sa subjectivité réifiée pour se compléter.
La loi de l'oedipe exige du sujet de ne pas faire tout ce qui le fait jouir, afin de vivre libre donc assumant la difficulté de l'être désirant.
On est là sur un autre plan qui montre que, même si on n'a rien à craindre de l'autre, même si l'autre est un enfant, ou encore un animal, ne pas abuser de lui en le faisant objet de jouissance est dans l'interêt du sujet.
Ceci montre assez que le fait qu'un animal ne peut obéir à des devoirs ne le fait sortir automatiquement du cadre protecteur des lois.Nous leur devons assistance et respect, et, en retour, nous ne sommes pas menacés par notre pulsion de mort.
Le kamikaze en est le l'exemple le plus simple. Mais aussi le torero qui, impitoyable destructeur d'animaux met sa vie en danger, dans un jeu jouissif avec la mort...Jeu où, hélas diront certains, il est sûr de gagner, les accidents mortels étant bien rares pour eux.
Mais on observe que la jouissance n'est jamais assez et qu'on a tendance à en vouloir plus. C'est pour cela que loin de soulager le violent, la corrida l'excite, d'où les viols dans les férias,, d'où les crimes contre des femmes plus nombreux en Espagne, par exemple.
La violence entraîne la violence, c'est connu et expliqué par la psychanalyse des pulsions et de leur satisfaction d'essence incomplète.