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Psychanalyse et animaux.

Qu'est-ce que le réel de la corrida, Pr Wolff? L'image ou la torture?

28 Mars 2009, 08:22am

Publié par Jo Benchetrit

Ça commence par un dial sur le net. Mais ensuite ça a suscité en moi une éventualité de question à poser au professeur Wolff. Celui-ci, n'en doutons pas, n'entend pas son steack pleurer.
   

Moi: il faut en effet, et ceci sans cesse, Valérie, démontrer qu'un crime fait sur un non-homme est un crime au sens éthique du terme, même si la loi des hommes n'en est pas encore là.
J.Paul RIchier:
Vi vi. C'est pourquoi je me cache depuis qu'il y a 5 ou 6 ans, de retour du Burkina, j'ai sauvagement génocidé une colonie d'Entamoeba histolytica à coups de Flagyl®, au prétexte qu'elle perturbait quelque peu ma vie quotidienne, ayant élu domicile dans mon intestin.
Depuis, la Cour Pénale Internationale pour les Protozoaires Hématophages veut me traduire en justice pour spécisme.
 
Même Big Bad Wolff, qui n'a que peu de répondant en situation "live", serait à la fête avec toi, chère Jo.
 
--
Jean-Paul

Ma réponse à ce chef d'oeuvre Jean Paulesque :

C'est vrai que Jean-Paul est plus qu'excellent. Il devrait nous écrire un bouquin car un tel talent, que dis-je? génie, devrait offrir à la cause toute la fertilité de son humour.
Nul doute qu'un Wolff prof  de philosophie à Normale Sup, ne soit en effet ravi de sortir une telle carte, ce qu'il ferait avec moins de talent, n'en doutons point.
D'ailleurs, il a tort de croire Wolffy capable de penser à ses amibes si on lui parle d'antispécisme. ça  ne m'étonnerait pas qu'à l'instar de certains pseudo végé il imagine  les poissons hors du règne animal, et que les fruits de mer  soient des végétaux.
Mais je remercie JPaul d'abord de m'avoir répondu car sur ce type de liste on parle svt dans le désert puis de m'avoir posé une question qui se pose...
En plus, je me suis bien marrée en le lisant avec admiration.
 

Pour le pratiquer avec moins de genie, je résiste mal au plaisir d'un bon mot, y compris en risquant de me fâcher avec ma "victime".
J.Paul sait qu"il peut le faire avec moi avec peu de risque car j'ai le sens de l'humour et donc du rire de soi.
Espérons qu'il ne l'a pas fait pour me clouer le bec mais au  contraire pour mieux m'armer si un jour, je me retrouvais  en face à face télévisuel ou radiophonique avec le professeur Wolff de l'Ecole normale supérieure de Paris, yèèès.
 
Rêvons ce qui suit lol !

Voici ce que je lui dirais sans doute:
Qu'est-ce que le réel de la corrida, Pr Wolff? L'image joyeuse que vous en avez ou la torture et la souffrance d'un être qui, aussi sûrement qu'un supplicié attaché à un pilori, est coincé dans une arène sans autre issue pour lui que la mort ? Il n'est pas en soi quelqu'un,  car à vos yeux que j'estime grands fermés, il est une marionette de plaisir qui ne bouge qu'autant que le guignol armé et secondé par moultes complices ne lui en impose le trajet.


Peut-être, alors, le prof Wolff pourrait par le rire tenter une digression.
Vous ne vous défendriez  pas quelque peu de ce réel insupportable de la subjectivité martyrisée de l'être sensible mis à mal devant vous, et ce, pour vous? Que je ne manquerais pas de lui assener .
C'est bon de rire, parfois. je le laisserais donc faire. Mais ne manquerais  pas de marquer ma deprime devant une telle obstination à la non-reflexion.
Mon impression c'est qu' il y a 2 sortes de rire: le rire qui libère et le rire qui aliène. Je crains que le rire du bourreau ne soit de la 2° catégorie.

 

Car il y a un mais. Le rire est aussi une défense contre la peur. Ici, il s'agit de la peur que suscite un discours qui demande un changement. L'homme a une sainte terreur lorsqu'il est obligé à un chambardement de ses habitudes. Pourquoi?
Combinons le discours de la psychanalyse et celui de l'existentialisme qui se retrouve dans la phrase de Lacan: "Le symptôme, c'est la structure".
L'homme n'a pas d'essence, au départ. Il devient ce qu'il fait. Si on lui demande de ne plus faire ce qui l'a fait, il sait qu'il va perdre ce qu'il est actuellement. L'existence crée l'essence, donc EST l'essence et le symptôme ne se dissocie pas de la structure. D'où la résistance au changement et donc aussi  à la guérison. L'homme réactionnaire (qui s'oppose à la révolution) se croit menacé de morcellement, de mort, et ce, d'autant plus que le present est pathologique ce qui signifie qu'il est source de jouissance archaïque et donc perverse.
C'est assez marrant, les mots,  car c'est lui le "résistant"...au changement, face aux révolutionnaires qu'on appelle resistants car ils résistent aussi mais eux, à la tentation de continuer dans un ordre injuste et donc pervers. Il se vit comme un serpent qui, perdant sa peau, se retrouverait néant avant de sécréter une nouvelle peau. Il ne sait pas qu'en faisant autrement, il devient illico autre et qu'il n'y a pas de temps mort entre les 2. Car un être de desir n'est pas figé mais il est en devenir.

Petit rappel amusant aussi: La terre ne tourne pas, c'est le soleil qui lui tourne autour pensait Torquemada, refletant ainsi la vision du monde de l'époque. D'où la condamnation de l'admirable Giorgiano Bruno. D'où la mise au pilori de ce pauvre Galilée obligé de dénier l'évidence devant son juge.
On s'étonne aujourd'hui qu'on puisse ruiner la vie d'un homme ou aller jusqu'à le brûler pour avoir énoncé une simple verité scientifique.
Cette révolution nouvelle, celle de la Terre autour du soleil remettait en cause l'être- même des humanoïdes lambda bornés de l'époque.
Pour eux, l'homme créature préférée
de Dieu, et de surcroît son image,  ne se pouvait s'abaisser à se mouvoir autour d'un astre, alors que, préfigurant le roi-soleil, tout dans l'nivers devait faire sa cour à cet être suprême.
Malgré ce changement d'image cosmique, notre (involontaire) comique continue à se vouloir être "l'être" par excellence. Le reste n'est que pour lui, n'a pas d'existence en-soi mais pour lui, l'Homo evidemment Sapiens, au passage 2 fois Sapiens, on n'est jamais trop prudent de s'assurer de sa sagesse quand on est rien moins que ...fou fou.

Que cette infatuation le rende suprêmement bête , au point de lui faire imaginer être bien plus important pour la nature que les autres bêtes, ne saurait étonner celui qui sait que le problème central des hommes, c'est leur narcissisme.

L'humaniste religieux (son Dieu, c'est l'homme) craint l'idée de ne plus être si "l'animal" était aussi important que lui, omettant qu'il sera simplement autre chose  en quittant sa vieille depouille. C'est de cette peur que naît le cramponnement à ses traditions.
Nous sommes des serpents terrorisés par nos mues.







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